Ils étaient par centaines, par milliers les Tunisiens et Tunisiennes qui se sont pressés du côté de l'Avenue Bourguiba en face du ministère de l'intérieur. L'occasion ? C'est un 11 janvier, très semblable à un 14 janvier de l'année précédente où le peuple a battu le bitume au nom de la dignité et des Libertés. La ténacité du souvenir semble marquer ces hommes et femmes toutes catégories sociales confondues. Cette fois, le peuple scande des slogans pour en finir avec les débris d'une ancienne dictature, écarter une bonne fois pour toute le spectre d'un despote qui rôde et dont les subalternes influents sont toujours là, installés dans le confort de leurs certitudes. 10 H 00. En face de la bâtisse lugubre et imposante de l'avenue Bourguiba deux foules compactes se sont installées en si peu de temps. D'un côté le « peuple qui veut », de l'autre et derrière les treillages en fer qui s'élèvent barricadant la route, des agents de l'ordre, des militaires et des civils ne dépassant pas la centaine. A première vue, tout laisse à croire qu'il est question ici d'une manif et d'une contre-manif où l'une est venue exprimer son soutien à la décision de Aly Lâarayedh à écarter le colonel Moncef Laajimi, et l'autre celle des forces de sécurité qui manifeste son mécontentement quant à cette décision jugée intempestive. Rien de cela, en fait. Car les agents de l'ordre n'ont pas tardé à brandir une banderole où l'on peut lire « les forces de sécurité au service du peuple. » Pour s'en informer il fallait franchir les barrières et aller de l'autre côté du fossé, vaincre les réticences de quelques agents de l'ordre toujours persuadés que le ministère de l'Intérieur est une affaire intérieure et que tout intrus n'y est jamais le bienvenu. De l'autre côté du trottoir » «Rassemblement ? Contestation ? Mais de quoi vous parlez ? Nous sommes là pour soutenir le peuple dans ses choix. Nous encadrons le rassemblement des manifestants et nous ne pouvons en aucun cas faire l'impasse sur les directives de nos chefs hiérarchiques. On est dans la fonction publique, n'est-ce pas ? Et la règle dit qu'il faut suivre les ordres de la hiérarchie. » avance le commandant Sabri Aoussaji qui laisse pantois plus d'un journaliste. Mais qu'est-ce que vous êtes venu faire ici, dans ce cas, alors que le syndicat des agents des brigades d'intervention a annoncé hier la tenue d'une grève suite au limogeage du colonel Laajimi ?, demandons-nous. La réponse nous a été donnée par le colonel Khaled Gallaoui qui nous explique qu'il méconnait la teneur du communiqué et qu'il est question d'un simple malentendu. Notre interlocuteur n'a pas tardé à s'éclipser lorsqu'un agent est venu lui chuchoter un message à l'oreille. Les autres agents suivent. « L'ordre a été donné pour que chacun regagne son bureau et se consacre à son travail. » Les agents exécutent et la foule commence à se disperser. Et c'est là qu'un agent nous confie en aparté « Mais nous sommes là pour ne pas laisser la place à ceux qui viendront soutenir le colonel Laâjimi ». On aurait tout compris, en effet, si les trois syndicats logés sous l'enseigne de la sécurité nationale n'avaient pas dit la chose et son contraire en l'espace de 24 heures. On passe. «A bas la presse de la honte » De l'autre côté du trottoir le peuple longtemps mis entre parenthèse et obligé de se taire et à de ranger, est décidé à crier haut et fort sa volonté à assainir l'administration des symboles de l'ancienne dictature qui a mis sous sa coupe tout pays. Pour eux la presse y est pour beaucoup. Les médias étaient l'objet de plusieurs slogans criant leurs avilissements. « A bas la presse de la honte » scande la foule où s'entassent des hommes et femmes voilées et non voilées. Sans oublier les quelques barbus photogéniques qui désormais ne jurent que par les manifestations pro-gouvernement. Il y avait, en fait, le peuple et il y avait aussi les Nahdhaouis qui exprimaient leur soutien total aux décisions de l'un des leurs en brandissant leur slogan de soutien. Dans la foule on peut repérer un touriste français qui s'est donné au plaisir de ce bain de foule matinal. Un créneau prometteur pour notre tourisme qui bat de l'aile : les manifs mariées à la sauce tunisienne. Profitons-en tant que c'est dans l'air du temps. Mona BEN GAMRA
Moncef Laâjimi nommé Directeur Général au cabinet du ministre de l'Intérieur Nous croyons savoir que l'ancien directeur général des brigades d'intervention, le colonel Moncef Laâjimi, a été nommé Directeur Général au cabinet du ministre de l'Intérieur. Le colonel Imed Ghodhbani lui aurait succédé à la tête de la Direction Générale des brigades d'intervention. D'autres nominations sont attendues à la tête de la Direction des frontières, de la Direction de la formation et de la Direction des services communs.
Notre confrère Sofiène Ben Hmida agressé devant le ministère de l'Intérieur Le journaliste de Nessma TV, Sofiene Ben Hmida a été agressé, hier, devant le siège du ministère de l'Intérieur où il se trouvait pour la couverture du sit-in des agents des forces de sécurité intérieure. "J'ai été agressé physiquement par des personnes venues soutenir le ministre de l'Intérieur " précisant qu'il s'agit "de militants du mouvement Ennahdha". "Cette agression me vise personnellement en raison de mes positions et du contenu médiatique que je présente. Il s'agit aussi d'une attaque contre Nessma TV, contre la liberté d'opinion et d'expression et contre la liberté de la presse", a dit M. Ben Hmida joint au téléphone par l'agence TAP. Cette attaque a été dénoncée par le syndicat national des journalistes tunisiens, l'Institut arabe des droits de l'homme et l'UGTT. "Le syndicat stigmatique fermement cette attaque barbare qu'il considère comme une bêtise qui s'ajoute à d'autres idioties ciblant les journalistes et la liberté d'information", a déclaré Zied El-Heni, membre du bureau exécutif du SNJT. Il a indiqué que le syndicat prendra les mesures nécessaires ajoutant "notre volonté de libérer l'information est inébranlable et nous ne reculerons pas quelque soit les défis auxquels font face les journalistes tunisiens".