Dans son ouvrage Hichem Djaïet évoque les obstacles que le Prophète et ses hommes avaient rencontrés dès le tournant médinois et le problème de la conversion des habitants de Médine et dont certains s'étaient convertis pour la forme sans vraiment aucune conviction. D'ailleurs il se sont ravisés, surtout après la mort du Prophète, pour réintégrer leur religion d'origine. Ce fut le problème des apostats (Ahl Arridda) qu'avaient eu à combattre ultérieurement, les deux premiers Califes, Aboubaker Seddik et Omar Ibn Al Khattab. L'étape essentielle évoqué par l'auteur et qui permit au Prophète et ses Hommes de s'installer définitivement à la Mecque et poser les premiers jalons du cadre réglementaire d'un Etat musulman, fut le pacte de Hudaybia. C'est un vrai acte protocolaire conclu entre le Prophète et ses hommes (Ansar) d'une part et les Quorachites de l'autre. Une sorte de trêve qui permit une coexistence pacifique à la Mecque entre les parties signataires. Ce pacte a été plusieurs fois discuté entre les signataires avant sa réalisation définitive et sa signature par les deux parties. Le traité conclu entre les musulmans et les Quraichites stipulait que les deux parties observeraient une trêve de dix ans, de façon à ce que les hommes puissent vivre en paix. Aucune des deux parties ne devrait initier les hostilités de quelque façon que ce soit. Une autre condition du traité stipulait que si un membre quelconque de Qouraish venait voir le Prophète sans avoir au préalable obtenu la permission d'une personne détenant une autorité sur lui, il serait retourné à Qouraish. Mais si une personne quelconque parmi celles qui se trouvaient avec le Prophète décidait de joindre les rangs de Qouraish, elle ne serait pas retournée aux musulmans. Enfin, selon une autre clause, quiconque voudrait prendre un engagement envers le Prophète ne pourrait être empêché de le faire et de la même façon, quiconque voudrait prendre un engagement avec Qouraish serait libre de le faire. Ce pacte permit l'installation définitive des musulmanes à la Mecque et à partir de là les premiers jalons d'un Etat musulmans ont été jetés. Hichel Djait a exposé tous ces faits avec toute la rigueur de l'académicien qui n'affirme rien sans documents ni références historiques. Le problème de l'Etat s'est posé avec acuité après la mort du Prophète. A partir de là allaient commencer les tractations pour le Califat qui signifiait simplement succession et qui avait évolué en un pouvoir absolu et tyrannique, surtout après les quatre califes bien guidés (Arrachidoun), quoique ce fut sous leur pouvoir qu'a été alimentée la « grande discorde » (Al fitna Al kobra). « La grande discorde » a fait l'objet d'un ouvrage remarquable du même auteur.