Que pouvons-nous retenir aujourd'hui, de la bataille du 17 Ramadan, à l'an II de l'hégire ? Au-delà de la victoire du Prophète Mohamed et ses hommes, malgré leur petit nombre, face à leurs adversaires, il est utile de souligner qu'il s'agit d'une revanche contre ces derniers qui les avaient tant provoqués et humiliés. Cependant il faudrait dissocier dans cet évènement le côté religieux du côté politique, car en fait c'est une bataille, au cours de laquelle les Qorachites, avec leur esprit tribal, dominaient la Mecque et toute la presqu'île arabique. Ils cherchaient ainsi par tous par tous les moyens à décimer le prophète Muhammad et ses hommes afin de continuer à avoir la main mise sur tout le territoire. Il y avait en effet la tribu dirigée par Umaya, qui était avec sa femme les pires ennemis de Muhammad. Il y avait parmi la famille du Prophète, ceux qui étaient devenus ses ennemis farouches, dont notamment son oncle Abou Lahab, cité par le Coran comme un mécréant dont le sort est l'enfer ainsi que sa femme. Evidemment, il s'agit d'une revanche de la part de Muhammad et ses hommes, avec toute la logique de guerre de cette époque, puisque c'était une réponse à une provocation qui a trop duré. Mais il ne faut pas l'entendre comme un jihad, tel qu'il est perçu dans l'imaginaire des extrémistes de nos jours. Car il est mentionné dans plus d'un verset du Coran qu'il faut répondre de la même manière à ceux qui commencent par livrer bataille. Il ne s'agit nullement d'imposer à qui que ce soit de se convertir, ou d'abandonner sa religion. La liberté de culte a existé, dès l'aube de l'Islam, du temps du Prophète et il est énoncé dans la sourate Al Baqarah, qu'il n'y a « point de contrainte en matière de religion ». En outre dans la sourate 22-V.39 il est énoncé : « Autorisation est donnée de se défendre, à ceux qui sont combattus de façon inique ». Malheureusement, il y a une fausse interprétation du Coran de la part des extrémistes religieux, et un amalgame de la part de ceux qui mettent tous les musulmans dans le même sac, tant pour des raisons politiques qu'économiques. Sur le plan religieux La victoire de Badr marqua le triomphe de l'Islam sur les païens et les polythéistes de Quoraïch en général. L'effectif des musulmans était réduit par rapport à celui des ennemis. Cela avait commencé dès le début du mois de Ramadan de l'an 2 de l'Hégire. Le Prophète avait appris qu'une caravane quorachite rentrant de Syrie était en route vers la Mecque. En fait les marchandises rassemblées dans cette caravane n'étaient que le fruit des biens qu'avaient spoliées les païens mecquois aux musulmans qui virent les pires exactions et ont subi des agressions diverses, ce qui les obligea de quitter le pays pour fuir les exactions de leurs ennemis. Le Prophète décida d'envoyer quelques-uns parmi ses hommes afin d'intercepter cette caravane composée de quelque quarante personnes et dirigée par Abou Sofiane qui était à l'époque l'ennemi juré de Muhammad. Un bon nombre d'hommes, comptant plus de deux cents personnes entre les Muhajirines (ceux qui ont émigré de la Mecque avec le Prophète) et les Ansars (ceux parmi les Médinois qui ont soutenu le Prophète) s'étaient dirigés vers le chemin où ils pouvaient intercepter cette caravane en compagnie du Prophète. Bien que malvoyant Ibn Oum Maktoum assura la direction à Médine, à la place et sur les instructions du Prophète mais entretemps Abou Sofiane a été mis au courant de l'expédition décidée par Mohamed. Il envoya quelque- uns de ses hommes pour donner l'alerte à la Mecque. Apprenant les démarches d'Abou Sofiane, Mohamed rassembla ses hommes pour décider de ce qu'il fallait faire. Certains parmi eux redoutèrent cette armée mecquoise dont les hommes étaient beaucoup plus nombreux qu'eux et bien plus équipés, mais finalement, aussi bien les Mouhajiroun que les Ansars, avaient fini par décider de se rallier et de soutenir le Prophète quelles qu'aient été les conditions qui pouvaient se présenter. Au cours de cette bataille, le Prophète s'avéra être un fin stratège qui a su organiser ses hommes de manière à être efficaces malgré leur petit nombre par rapport à l'armée ennemie. Ainsi la bataille se déclencha le 17 Ramadan à Badr entre Médine et la Mecque et à l'emplacement d'un puits du même nom. L'affrontement fut très violent, mais les musulmans furent preuve de courage et de véhémence sans pareille, et le Prophète s'avéra être un chef de guerre sagace et tacticien. Ce fut la débâcle pour l'armée mecquoise qui perdit près de soixante-dix hommes. Outre ceux qui avaient été capturés et comptaient autour de cinquante personnes. Ils seront bien traités par le Prophète, qui ordonna de ne pas les maltraiter ou les torturer. Sur le plan politique Selon le penseur et historien de renom Hichem Djaïet et d'après son ouvrage « la vie de Mohamed », la bataille de Bader est un épisode fondateur du pouvoir politique de Mohamed. Dans son ouvrage sur la grande discorde le même historien s'intéresse aux aspects politiques de la question à travers la construction de l'Etat islamique. Après avoir rappelé que le pouvoir prophétique naît de l'émigration, Hijra, l'Hégire, il montre que cette rupture avec le milieu d'origine a pour corollaire un « tournant dans la conception même de la prophétie convertie désormais à la politique et à la guerre ». L'auteur insiste ainsi sur l'importance de la Bataille de Badr pour la consolidation du pouvoir du Prophète, avant de parler du Khandaq, phase de violence qui rompt avec ce que connaissaient les tribus des Arabes, lesquelles perçoivent désormais le pouvoir prophétique comme tout-puissant. Après la reddition de La Mecque, s'opère une sujétion politique des tribus.