Perversion narcissique, sadisme, sont certes deux états maladifs sinueux mais dont la gravité n'atteint pas celle du syndrome de Clérambault ou ce qu'il conviendrait de nommer, «l'érotomanie». Définissons d'abord le terme qui semble en apparence compliqué : ce phénomène, cet état psychique n'est autre qu'une hallucination, une impression d'être aimé, admiré follement par une personne et d'en être parfaitement convaincu. Or, la réalité est autre et la personne, qu'elle soit homme ou femme, n'est même pas au courant de cette relation illusoire, fictive et non réciproque, surtout. Ce délire effréné présuppose trois étapes primordiales, étapes imaginées par le malade, préconçues et estimées réalisables. Citons d'abord, l'espoir : ce dernier croit vivement être apprécié mais adoré par l'autre individu sauf que, selon lui, la déclaration demeure en suspens jusqu'à la confession de l'autre. La situation empire pour se rendre enfin compte que la personne désirée ne se soucie guère de lui et ne lui prête aucune attention. Cette prise de conscience mélancolique pourrait ruiner la vie de cet être et, aussi, endommager celle de l'autre, également. Il pensera au mal : mourir, se suicider, commettre des crimes et ce, en vue de laisser s'évaporer une fausse prétention, ceci dit que « la proie » tant guettée, se trouve face à un péril menaçant : viol, braquages, arnaques… En effet, la personne qui se fait construire des châteaux en Espagne est capable d'endommager les vies des autres sans penser aux conséquences néfastes, elle s'apprête à tuer, ruiner des maisons, détruire des relations… Comment réagir face à ce dilemme, en apparence futile, mais dont la gravité est grandiose ? «Alya», invitée sur le plateau de l'émission «Les quatre vérités», présentée par Hamza Balloumi, est une jeune fille logeant seule avec sa mère qui relate avec amertume son expérience en tant que victime de l'érotomanie : « Ce malade a ravagé ma vie et celle de ma famille, il est omniprésent : partout où que j'aille, je le trouve en train de m'épier, de m'attendre impatiemment. Ses coups de fils incessants dépassent les limites et me provoquent troubles psychiques et insomnie. Cela devient insupportable, je ne pense qu'à ses apparitions surprenantes, ses folies abusées, des coups de tête. Je suis devenue incapable de planifier mon avenir, de mener un rythme de vie normal, de faire mes courses aisément sans panique ni frustration. Je consomme des somnifères sans modération, prends régulièrement des calmants afin de tranquilliser mon anxiété ». Il s'avère donc vrai que cette «pathologie» est irrémédiable et entraine des résultats abominables. Pascal a donc bien fait de se baser sur une logique irréfutable dans son aphorisme philosophique en disant que : « Le cœur a ses raisons que la raison ne connait point » !