• Une cigarette est un cocktail empoisonné, comptant 4.000 substances toxiques. • Selon les estimations de l'OMS, le taux de mortalité dû au tabagisme atteindra, à l'horizon 2020, les 16 millions de décès. Le tabac fut découvert à la fin du quinzième siècle, plus précisément en 1492, date de la découverte du Nouveau Continent par Christophe Colomb. Ce sont les Indiens qui ont été les premiers à goûter à la cigarette dans sa forme primitive. Aujourd'hui, le tabac constitue l'un des domaines les plus rentables pour les pays développés et l'un des produits de consommation les plus nuisibles et les plus destructeurs notamment dans les pays en voie de développement. Devenu au fil des ans une réelle pandémie à combattre, le tabagisme —consommation assidue du tabac justifiée par une dépendance comportementale, psychique ou physique à la cigarette— tue annuellement quelque huit millions de personnes à travers le monde. En Tunisie, l'on enregistre chaque jour vingt décès, dont la principale cause n'est autre que la consommation du tabac. Pour instaurer une culture de lutte contre ce fléau, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a consacré une journée spéciale de lutte contre le tabagisme; une journée que nous venons tout juste de célébrer, comme chaque année, le 31 mai. A cette occasion, le bureau local des retraités d'El Menzah 6 a organisé récemment, à la maison des jeunes de l'Ariana, une journée de sensibilisation sur la question. Ouvrant les travaux de cette rencontre, Mme Radhia Chelli, première déléguée, a salué ce genre d'initiative dont l'impact est important. Elle a rappelé que le tabagisme prolifère de plus en plus pour toucher les enfants inscrits au primaire. D'où l'impératif de faire face à ce fléau mais aussi à la consommation des autres formes de stupéfiants. Il suffit de dresser la liste interminable des méfaits du tabagisme et véhiculer les résultats des études internationales en la matière pour prendre connaissance de l'ampleur du fléau. Les docteurs Khaled Adela et Soumaya Jemili ont saisi cette occasion pour informer le public —certes peu nombreux— sur les effets destructeurs de la cigarette. Prenant d'abord la parole, le Dr Adela rappelle que le tabac est le seul produit de consommation qui tue la moitié de ses fidèles consommateurs. «Le tabac représente la première cause de mortalité évitable dans le monde. Sa consommation prend de plus en plus d'ampleur dans les pays en développement et diminue remarquablement dans les pays développés; une diminution qui couronne de pertinentes campagnes de lutte contre cette pandémie. Si les fumeurs sont aux alentours de un milliard de personnes dans le monde, 800 millions d'entre eux sont issus des pays en voie de développement», indique l'orateur. Selon les chiffres de l'OMS, la cigarette tue quelque huit millions de personnes par an. Un nombre qui sera doublé à l'horizon 2020. Des études montrent qu'une cigarette fumée équivaut à 11 minutes de vie de moins. Aussi, l'on enregistre, à l'échelle internationale, un cas de décès lié à la consommation du tabac toutes les six minutes. En Tunisie, la première cigarette est prise à l'âge de 13 ans En Tunisie, les chiffres ne sont point moins frappants. Selon les données relatives à 2009, l'on constate que 30% des Tunisiens âgés de plus de 25 ans sont des fumeurs. Pis encore : 55% des ados âgés entre 12 et 20 ans sont dépendants au tabac. La moyenne d'âge de la première cigarette est de 13 ans. Par ailleurs, la mortalité due au tabagisme se traduit par un indicateur alarmant : 7.000 Tunisiens décèdent annuellement à cause de la consommation du tabac, soit 20 décès par jour. Cependant, le décès dû à la consommation du tabac vient comme une conclusion à un parcours de souffrance. En effet, le Dr Jemili a attiré l'attention de l'assistance sur les maladies souvent graves, favorisées par le tabagisme. L'impact du tabagisme sur la santé touche, en effet, la totalité du métabolisme. L'on cite, à titre indicatif, le rétrécissement des vaisseaux sanguins, l'infarctus cardiaque, l'altération de la circulation sanguine au niveau des membres inférieurs, la paralysie, l'emphysème, la réduction des aptitudes sensitives, l'amoindrissement des capacités mentales, l'inflammation olfactive, le trouble de fonctionnement de la cornée. Le tabac constitue, également, l'un des facteurs à risques de la stérilité et de l'impuissance sexuelle chez l'homme. Son impact sur l'épiderme accélère le vieillissement de la peau et la chute des cheveux. Il y a également lieu de rappeler que les cigarettes endommagent le capital dentaire. Elles sont souvent la cause de fausses couches et d'accouchements prématurés chez la femme enceinte. D'autant plus qu'elles favorisent la plupart des maladies cancéreuses. Ces effets redoutables reviennent essentiellement à la composition «diabolique» d'une cigarette. Le Dr Adela indique qu'une cigarette contient pas moins de 4.000 substances toxiques. «Ce n'est pas le tabac en lui-même qui nuit à la santé. C'est plutôt les additifs, ces sortes de substances-pièges qui favorisent la dépendance au tabac», précise le Dr Jemili. La nicotine est le principal additif de dépendance. Consommée à petites doses, elle a un effet calmant. Mais à fortes doses, son effet s'avère énergétique. Le CO engendre une hypoxie sanguine et musculaire. Autres substances toxiques: le cadmium est une substance d'accumulation; la nitrosamine est un irritant et cancérogène; le goudron est un cancérogène et l'acréline constitue un irritant. «Savez-vous que le tabac brûle à une température de l'ordre de 600°C? La température de la fumée qu'aspirent les fumeurs s'élève à 300°C ; une température qui brûle, perpétuellement, la bouche, la langue, la gorge et les poumons. Cette brûlure affecte les parois des muqueuses et constitue un terrain favorable à plusieurs maladies», note le Dr Jemili. Les orateurs n'ont pas manqué de rappeler que le tabagisme peut aussi être passif sans pour autant diminuer de gravité. Les chiffres montrent que 70% des familles tunisiennes sont fumeuses puisqu'elles comptent au moins un membre fumeur. La lutte contre le tabagisme nécessite la multiplication des actions de sensibilisation et d'information sur la question mais aussi sur les techniques possibles de sevrage tabagique. L'augmentation du prix du tabac a été jugée comme une solution de pression efficace. «En 1992, la Tunisie a procédé à la première augmentation du prix du tabac. Depuis, et au fur et à mesure des hausses, la courbe de la consommation suit une trajectoire décroissante, ce qui est très intéressant», fait remarquer le Dr Jemili.