En pleine crise parlementaire et gouvernementale qui risque de paralyser le pays, et devant une crise économique déjà ancienne et qui s'est encore aggravé avec le Coronavirus, des voix s'élève, en dehors du Bardo et de la Kasbah, pour proposer un énième «dialogue national»! Dans un communiqué diffusé mardi dernier, 4 partis, le Mouvement Démocratique de Néjib Chebbi, le parti Amal de Salma Elloumi, le parti Baní Watani de Saïd Aïdi et le Mouvement Machrou Tounes de Mohsen Marzouk, appellent à la tenue d'un «congrès de dialogue national» afin de «sauvegarder la stabilité du pays et de renforcer la société avec plus de solidarité et de cohésion». Les signataires du communiqué insistent sur la nécessité de la participation des «forces politiques nationales, de la société civile et particulièrement les grandes organisations sociales à savoir l'UGTT et l'UTIC ». Parmi les buts annoncés de ce congrès le communiqué parle de « surmonter les obstacles devant l'instauration de la Cours constitutionnelle, d'examiner les amendements constitutionnels relatifs au régime politique et à l'amendement de la loi électorale, en plus de la mise en place d'un programme de sauvetage économique et d'une vision de développement après -Corona ainsi que le renouvellement du pacte social et la mise en place d'une stratégie diplomatique de la Tunisie en face des nouveaux défis auxquels fait face le pays». La gestation de cette initiative était suivie depuis quelque temps et plusieurs autres partis et personnalités politiques y ont été associés sans la signer encore. Dans le communiqué les signataires dressent d'ailleurs un tableau sans complaisance sur le situation politique tendue entre les trois présidences, au sein de la coalisation gouvernementale distendue et sur les dossiers de discorde du moment comme évidement le dossier libyen. Le diagnostic et les perspectives sont objectivement recevables par tout le monde. Cependant, les signataires du moment sont plutôt dans la catégorie du poids plume politique. Un seul parti, Machrou Tounes est faiblement représenté au parlement et les autres n'ont eu aucun résultat probant lors des dernières élections. En plus cette initiative tombe au mauvais moment de la discorde que connait le parlement à propos des relations difficiles avec le parti islamiste et son président, Rached Ghannouchi. D'ailleurs le communiqué n'aborde pas cette question de relations avec les islamistes que beaucoup d'observateurs jugent aujourd'hui comme la pierre d'achoppement de toute normalisation de la vie politique du pays. Il est évident que toutes les initiatives pour rassembler et réfléchir en commun sont bonnes à prendre par les « mauvais » temps qui courent. Cependant, la classe politique nationale nous a accoutumé, malheureusement, plus aux diatribes verbales et aux joutes byzantines plus qu'à l'action et au dépassement des calculs de l'arrière-boutique. Espérons que la nouvelle initiative ne connaitra pas le sort de beaucoup d'autres avant elle.