L'institut des Hautes études vient d'organiser un Webinaire sous le thème : « De la tempête pandémique au sauvetage de l'entreprise : la bouée de sauvegarde monétaire ». Animé conjointement par Taher El ALMI, économiste universitaire et Marouane El Abassi , Gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie (BCT). La Tunisie traverse une crise sans précédent. De quoi sera faite l'année 2021 ? Une équation à plusieurs inconnus. La pandémie a plongé la Tunisie en récession : recul de la consommation, recul de l'investissement et recul de l'emploi. Le sous-emploi explose, l'appareil productif est en panne technique. Au premier trimestre 2020, l'économie nationale a basculé de la dépréciation à la récession. Elle a subi la plus violente contraction depuis la crise financière de 1984. M. El ALMI pense que la Tunisie, devra rebondir pour éviter l'effondrement du système économique et social. « C'est l'entreprise qui est en première ligne. A ce jour, l'entreprise est en panne de production. Elle n'a plus de financement. Que va-t-il se passer à la fin de 2020 et en 2021 ? », s'interroge-t-il. L'universitaire insiste sur l'importance de changer les billets. Toutefois, il faudrait que cette refonte aille de pair, avec une ouverture des comptes en devises et une amnistie fiscale, a-t-il remarqué. 4 milliards de dinars circulent dans l'informel « Il y a presque un milliard de plus de liquidité sortis des banques durant ces deux derniers mois, et ce en raison de la pandémie de la Covid-19 qui a provoqué un mouvement de panique chez les citoyens. Avec la crise, les citoyens ont eu peur de ne pas pouvoir retirer de l'argent », a-t-il expliqué. Interrogé par l'universitaire Tahar El Almi sur la possibilité de mettre en place une mesure visant la refonte de la politique financière à travers un changement de billets de banque, Abassi affirme qu'en ce sens il a envoyé une note approuvée à l'adresse du conseil d'administration de la BCT et adressée au gouvernement. D'après lui, le cash circulant dans l'activité informelle (contrebande, blanchiment d'argent) est évalué au jour qu'il est à 4 milliards de dinars. Secteur informel : une amnistie fiscale si …. Concernant une amnistie fiscale pour les personnes exerçant dans le secteur informel, afin de ramener le cash dans le circuit bancaire comme c'est le cas en Algérie, le gouverneur de l'institut d'émission a précisé que c'est le Groupe d'action financière (GAFI) de la région MENA qui doit trancher cette question. Et d'ajouter : « même si la Tunisie est parvenue à sortir de la liste grise du GAFI qui englobe les pays considérés comme étant exposés au blanchiment d'argent et au financement du terrorisme, il n'en demeure pas moins qu'elle reste soumise aux réglementations instituées par cet organisme. Il est donc impératif de discuter d'une telle mesure au préalable avec le GAFI MENA ». La politique monétaire adoptée est beaucoup plus accommandante qu'avant Mentionnant que l'Algérie fut considérée par le GAFI comme « pays exposé au blanchiment d'argent » lorsqu'elle a adopté l'amnistie fiscale. Le gouverneur de la BCT a signalé que la politique monétaire adoptée est beaucoup plus accommandante qu'avant. Il a annoncé qu'il y a eu des discussions de profondeur avec les bailleurs de fonds. La question qui se pose avec acuité : gérer la crise c'est bien, mais comment s'en sortir ? M. ElAbassi a rappelé que la BCT est le conseiller financier du gouvernement. Elle est là pour l'aider à financer les banques, qui à leur tour, vont financer toute l'économie.