La loi révolutionnaire sur l'économie sociale et solidaire « ESS » vient d'entrer en vigueur après sa publication au journal officiel de la république tunisienne le 3 juillet courant. Soit, deux semaines après son adoption par l'ARP. Une loi proposée par l'UGTT et qui vise à répondre aux besoins de la population vulnérable, créer des emplois et améliorer la qualité de vie des citoyens, dans une perspective d'insertion et d'une plus grande cohésion sociale. Il faut dire que cette loi a été approuvée presque à l'unanimité par les députés, laissant pour une fois de côté leurs chicanes et calculs politiques. Encore faut-il en faire bon usage... Il faut dire que la notion de l'ESS a le vent en poupe un peu partout dans le monde, notamment en Europe. En France, rien qu'en 2015 l'ESS a généré 2,37 millions de salariés pour 221 325 structures labellisées ESS. Elle représente 10,5% de l'emploi total, 13,9% des emplois privés et 15% de l'emploi des femmes. Chez nous les autorités souhaitent faire de ce nouveau modèle entrepreneurial, une planche de salut à même de faire face à l'explosion du taux de chômage et de la pauvreté, qui plus est aujourd'hui après la crise sanitaire. Néanmoins, la réussite de ce projet social qui s'inscrit dans le cadre du plan quinquennal 2016-2020 est tributaire d'un certain nombre de préalables, d'ordres, organisationnel, fonctionnel et financier. Selon DhekraelHidri Experte en Entreprenariat Social et en Genre, « les entreprises de l'ESS qui seront nées vont suivre un modèle économique bien spécifique qui se caractérise principalement par une capacité considérable d'autofinancement, une rentabilité limitée et une réinjection majoritaire des excédents dans le capital de l'entreprise sous forme d'un compte de réserve obligatoire, et qui est plafonné à 50% du capital de création. L'objectif de ce modèle économique est de recréer du lien social dans les échanges marchands, en introduisant notamment des rapports de réciprocité entre les individus, et d'agir pour le développement local dans une logique de proximité entre les individus, les organisations privées et les organismes publics ». En effet et par définition : L'Economie Sociale et Solidaire regroupe l'ensemble des structures économiques dont le statut, l'organisation, le fonctionnement et l'activité sont basés sur les principes de la solidarité, de l'équité et de l'utilité sociale. Ces structures ont notamment pour objectif de favoriser la création d'emplois dans une perspective d'insertion et/ou réinsertion, ainsi qu'une plus grande cohésion sociale. Principalement constituées en associations, mutuelles, coopératives ou fondations, les entreprises de l'ESS adoptent des dispositifs de gestion et décision participatifs et démocratiques, avec encadrement strict de l'utilisation des résultats financiers (pas de profit personnel, réinvestissement des bénéfices). La mise en place des bases de l'économie sociale et solidaire est l'un des défis à relever par le gouvernement, qui devra mettre en place un environnement favorable au développement des initiatives de l'ESS et assurer l'accompagnement et le financement requis pour réaliser les objectifs escomptés par ce nouveau modèle économique.