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La politique balaie les limites protocolaires et institutionnelles
Publié dans Le Temps le 10 - 07 - 2020

La scène politique tunisienne bouge, mais imperceptiblement. A une vitesse et une qualité qui semblent encore simplement ignorés par certains médias, ou bien pas assez suivis et analysés par d'autres. La semaine dernière, par exemple, a connu un rassemblement inédit à l'Avenue Habib Bourguiba, revendiqué et organisé par le parti destourien libre PDL. Par-delà l'intensité (le nombre) et la qualité de la présence ou de la participation, nous nous sommes inquiétés plutôt de l'absence de réaction des médias tunisiens, publics et privés.
Pourtant, le rassemblement était imposant, bruyant, et riche en nouveautés si telle est la raison qui peut susciter un tant soit peu d'intérêt pour l'événement. Dans la soirée, à part la télévision nationale qui a mis la nouvelle en fin de journal en « brève », aucun autre média, radiophonique, télévisuel ou électronique n'a daigné « informer » sur l'événement, ne serait-ce qu'en quelques mots ou secondes, question de se faire bonne conscience professionnelle, sans plus. Pourtant, on a vu des reporters joncher l'Avenue, avant, pendant et après le rassemblement. Qu'en est-il au juste ? Un ratage de mauvaise fortune ? Un boycott bienpensant ? Nul ne le sait. Voici donc quelques points qui font du rassemblement un événement à ne pas rater par un journaliste qui se respecte.
Un ratage malintentionné
Le rassemblement devant le Théâtre municipal n'a pas les dimensions que nos médias ont en voulu donner en l'ignorant. Ce n'est pas non plus un événement qui a éclaté soudain de nulle part. C'est une forme de début d'éclatement des institutions dites de la République d'après 2011. Tout ce qui a été dit, notamment par Abir Moussi n'était en fait que la reprise, presque mot-à-mot du même lexique que la présidente du PDL tenait une journée auparavant à l'Assemblée des Représentants du Peuple (ARP), non seulement en plénière, mais aussi lors des points de presse qui commencent à consacrer de nouvelles habitudes parlementaires, loin de l'Hémicycle, mais dans les salles et les couloirs de l'ARP, lesquels semblent être désormais le théâtre d'une réalité nouvelle, laquelle n'est pas pour flatter la Constitution, ni la loi électorale, ni le mode de travail que les murs de la bâtisse du Bardo ne peuvent plus contenir.
Un phénomène nouveau à méditer et à suivre parcimonieusement, parce que définissant les contours de notre avenir proche. Un phénomène qui se généralise presque spontanément et sans calcul préalable. En guise d'exemple, les politiciens et les corporations environnantes, la presse et les médias en premier rang, s'accordent à l'unanimité presque sur l'avarice du Président de la République en déclarations. Les communiqués émanant de Carthage sont d'une platitude thématique à ne rien donner sur la température de la Présidence, laquelle s'en trouve dans une sorte de congélateur qui, en rien, ne reflète la vraie température (ou fièvre) prévalant sur la scène politique.
A contrario, l'on apprend plus sur les positions de notre chef de l'Etat au détour d'un rassemblement, une visite, ou un quelconque déplacement présidentiel dans un patelin reculé (géographiquement), quand le Président livre ses (sentiments) en direct aux médias. En un mot, la politique en Tunisie est en train de faire éclater les limites protocolaires et institutionnelles de la République. Aujourd'hui, on reçoit mieux « sur le terrain », dans la rue, plus que dans les murs étanches d'institutions étanches, qui se consument loin des yeux, parce que non constitutionnelles, ou tout simplement structurées en lobbies et mafias qui ne tolèrent plus rien sous « leurs » toits. C'est un phénomène qu'il faut se garder de sous-estimer, car le « contact direct » cher à Bourguiba, n'en déplaise aux ennemis de l'histoire proche du pays, qui reconquiert ses lettres de noblesse, avec ses avantages et ses inconvénients.
La foule à nouveau courtisée
A quoi servent donc des institutions dites démocratiques quand elles éclatent à la moindre volonté de débat, pour déballer les points forts d'une prise de position partisane dans la Rue, et d'une manière qui laisse peu de place au détail ?
Le deuxième point est que si, par ce comportement, le chef de l'Etat reconnait et réagit à la désuétude de cette ARP, devenue telle un marché d'esclaves où les voix se vendent et s'achètent au grand jour, il n'en reste pas moins que toutes les composantes d'une mauvaise bureaucratie parlementaire existent, à ce que le bureau de l'ARP prétend, c'est que les « textes » concoctés dans la précipitation et l'allégresse d'une révolution qui tourne mal, sont à l'origine de cette cacophonie interminable qui bloque tout.
Est-il venu le temps de changer ces textes ? Car dix ans ça compte dans l'histoire de la « révolution ». Si le rassemblement du PDL devant le Théâtre municipal se présente comme étant un signe d'éclatement de la prétendue démocratie par laquelle on a bercé les gens pendant dix ans, il traduit aussi l'égarement d'une large frange de politiciens et d'hommes « de la base » qui regardent sans rien y piger, la formation progressive d'une fausse polarisation binaire qui sera destructrice pour le pluralisme que chantent les députés à l'ARP, afin de se cacher derrière, avec leur corruption, leur indigence intellectuelle et leur vrai statut « d'objets » à la guise des blocs qui se font et se défont sans raison politique évidente.
Sans oublier une partie de la classe politique, bourgeoise et libérale, comme Ettakattol, prêt à nous fournir en personnages « temporairement » utiles, le seul jeu que Mustapha Ben Jaafar savait faire depuis « l'ancien régime », depuis « la révolution », et jusqu'à nos jours.
Ignorer le terrain, par les médias ou les politiciens ne fera en rien reculer le processus déjà en marche. La politique, on ne peut plus la faire dans un bureau ou une institution feutrée. C'est sur le terrain que tout se joue désormais. C'est la nouvelle réalité... à prendre ou à laisser. A ce titre, les avantages de cet éclatement annoncé des institutions qui n'arrivent plus à contenir nos débats, sont équivalents aux risques auxquels on expose le pays et sa démocratie naissante. Une nouvelle forme de compétence est en train de supplanter les artifices d'un mode d'action politique foncièrement idéologisé, au point de s'être fait éclater en débris...dans la rue.
La réforme, après tout, n'a jamais été un vain mot.
J.E.H.


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