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La révolution : une étude de style
OPINIONS
Publié dans La Presse de Tunisie le 23 - 02 - 2011


Par Amel JEGHAM
• «Le mot doit mûrir sur l'idée, et puis tomber en fruit mûr», Ch. Nodier
Nul doute que tout le monde a été surpris par le soulèvement populaire qu'a connu la Tunisie en janvier 2011. Ce mouvement populaire spontané et libre a conduit à la révolution que nous vivons tous aujourd'hui.
Ce pays si calme habituellement – en apparence du moins — a réussi, en quelques jours, à faire fuir un dictateur sanguinaire mais aussi à faire trembler tous ses proches, à en faire arrêter certains et à en faire détaler d'autres.
Les années de souffrances silencieuses, les événements du bassin minier de Gafsa (2008), l'immolation de Mohamed Bouazizi, la force de la rue, la bravoure de nos compatriotes qui se sont exposés aux balles assassines des criminels Ben Ali, le relais, par tous les réseaux sociaux, de toutes les scènes de ces meurtres abjects commis en plein jour, toutes ces vidéos choquantes qui ont fait pleurer chacun de nous, tous ces événements ont fait la révolution.
Je laisse le soin aux politiciens, aux historiens, aux sociologues,… de faire une analyse plus précise de cette révolution. Pour ma part, je me suis intéressée aux mots qui ont fait ce soulèvement. Je dis bien «fait» parce que cet événement historique est indubitablement marqué par les mots criés et scandés par les foules, par les mots écrits sur les milliers de pancartes et par les mots tapotés sur nos claviers et affichés au monde entier.
Parmi eux, le plus simple et le plus fort a été cet impératif «Dégage‑!»
Mais comment, nous, peuple réputé aimable et chaleureux, accueillant nos amis étrangers avec des Marhaba enthousiastes, avons-nous pu, non pas chuchoter ce mot du bout des lèvres, mais le hurler dans les rues‑?
Nous l'avons prononcé parce que nous en avions tous assez‑! Kifaya ! Et ce n'est pas faute d'avoir essayé d'autres formules plus lisses telle que «Partez Monsieur le président», que nous avons pu lire dans la lettre ouverte de Mme Sihem Ben Sedrine (9 décembre 2009). D'autres ont également tenté le silence. Cette forme de manifestation pacifique qu'ont utilisée certains citoyens comme celui-ci qui s'est couvert la bouche avec du scotch ou celui-là qui s'est carrément cousu la bouche à vif.
Ou encore le rassemblement volontairement silencieux de quelques artistes tunisiens devant le Théâtre municipal de Tunis, violemment réprimé le 11 janvier 2011.
D'autres se sont réunis dans des sit-in, des flash-mob, des smart-mob donnant lieu à des figures humaines produisant un mot et un sens, qui, relayés par Internet et les médias ont également eu un effet dans cette révolution.
Non, il a fallu recourir à ce verbe qui, dans sa forme injonctive, prend une connotation péjorative et avilissante, même s'il reste plus poli que le vulgaire «casse-toi» que l'on connaît tous, et même si Alain Rey n'y voit rien de «méchant» mais plutôt la forme familière, voire moderne de «A bas‑!».
Un dicton arabe ne dit-il pas qu'il faut s'adresser aux gens dans la forme qui leur sied le mieux‑? Eh bien, c'est chose faite, à Ben Ali et à sa bande, à toute cette mafia il a fallu dire «Dégage» et ils ont dégagé.
Ce mot inspirera plus d'un poète qui le feront rimer avec la force d'un message de peuples pris en otages et rendront hommage à leur courage, à leur rêve de partage.
Ils rappelleront les ravages des répressions sauvages, ainsi que les gavages et les sevrages des «familles» de bas étage, et enfin la fuite avec armes mais sans bagages des dictateurs d'un autre âge. Leurs poèmes seront un hymne à un peuple qui saura tourner la page pour aller vers de nouveaux rivages.
En effet, ce peuple qui a trouvé le mot magique pour se débarrasser de cette pègre a aussi été l'auteur du plus beau slogan de la révolution, devise qui signe la maturité d'une jeunesse qui sait ce qu'elle veut.
Liberté-dignité-travail
Cette révolution a décidément du style, elle a son cachet particulier. Rien n'a été prémédité, rien n'a été réfléchi, nous n'avons eu recours a aucune «boîte de com.», tout s'est fait dans la spontanéité.
Mais, car il faut bien un "mais", ne devrions-nous pas être, désormais, plus modérés dans l'utilisation de cet impératif‑? Ce mot dont la jeunesse s'enivre et qu'elle brandit dès qu'une nouvelle tête lui paraît suspecte, ne risquons-nous pas de lui faire perdre sa teneur‑? Ne risquons-nous pas de faire fuir les plus compétents et honnêtes à servir la Tunisie, mais néanmoins trop humbles pour subir un maladroit «dégage»‑? Ne risquons-nous pas aussi de permettre à des minorités de se l'approprier illégalement‑?
Avant tout, faisons preuve de respect et de discernement. Continuons à nous surprendre à surprendre le monde entier par notre civisme et notre civilité.
Ayons du style !


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