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L'art de jongler avec une constitution exiguë
Publié dans Le Temps le 30 - 07 - 2020

p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 13px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";"LE TEMPS - Raouf KHALSI p class="p2" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 11px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";"Ceux qui ont rédigé « la meilleure constitution au monde » (dixit Mustapha Ben Jaafar) et qui l'ont taillée sur mesure pour un régime parlementariste, réalisent à leur corps défendant que leur œuvre comporte des failles béantes pour le glissement vers un régime présidentialiste. Et, de fait, Kaïs Saïed ne s'est pas fait prier pour s'y engouffrer. Cet article 89 lui confère en effet toute latitude de contourner le diktat des partis, d'aller là où ils n'ont pas prévu qu'il aille.
Il faut bien reconnaitre, cependant, que Béji Caïd Essebsi a, à un certain moment, ramené tous les pouvoirs à Carthage. Mais cela n'a été possible que dans le cadre de ce fameux « consensus » avec Ennahdha. Une courte lune de miel au cours de laquelle le parti islamiste s'est fait une virginité. Mais, après ce fut un retour de manivelle et le défunt Président s'en est retrouvé ligoté. Et, surtout, quand il a voulu en finir avec Youssef Chahed.
Là, la situation a changé du tout au tout. En l'espace de quelques semaines, Kaïs Saïed tire le tapis sous les pieds d'Ennahdha. Et il a tout son temps.
Un Président taraudé
par l'impératif sécuritaire
Un premier coup de stratège manœuvrier quand il a demandé à Elyes Fakhfakh de démissionner, la matinée même où les caciques du Parlement lui préparaient une motion de censure. Si la motion avait passé, Ennahdha, première force au Parlement, aurait eu de droit la latitude de désigner la personne chargée de former un nouveau gouvernement. Et, bonjour les dégâts. Là, rebelote !, le Président désigne une personne en dehors des 37 personnalités proposées par les partis. Il balaie le tout d'un revers de la main et désigne Hichem Méchichi qui n'était en rien dans les radars.
En fait, des bruits de couloirs accréditent la thèse que le Président l'avait déjà en tête depuis cette nuit houleuse du 21 au 22 juin, là où il a fait un véritable périple entre la caserne des forces spéciales de l'armée à Menzel Jémil et le ministère de l'intérieur. C'est depuis cette nuit mystérieuse que le Président a pris option de choisir un sécuritaire. Une nuit, dit-on, où un complot a été déjoué. C'est ce qui explique, d'ailleurs, la propension du Président à avancer les thèses du complot, sans nous dire de quoi il s'agissait réellement.
On a même interprété cela sous l'angle d'une certaine paranoïa que développait le Président. On a même parlé d'une certaine lubie. On a aussi été jusqu'à avancer la thèse selon laquelle le Président cherchait un prétexte pour actionner l'article 80 inhérent au « péril imminent ». Article qui institue une situation d'exception et qui fait que tous les pouvoirs reviennent entre les mains du Président qui dirigerait ainsi l'Etat à coups de décrets lois. Il n'a pas eu besoin d'y recourir. L'article 89 suffit en effet. Parce qu'il lui donne tous les droits de désigner la personnalité la plus à même de former un gouvernement, et cela même en dehors du cercle « clientéliste » des partis. Et, voilà, le tour est joué ! Et sans enfreindre la constitution.
Davantage premier ministre
que chef du gouvernement
La vérité est que Kaïs Saïed est taraudé par l'impératif sécuritaire. Les partis jugent, à leur tour, que l'impératif économique prime. D'où la large unanimité autour de Fadhel Abdelkéfi. C'est une thèse qui se défend aussi, puisque les gros problèmes du pays sont d'ordre socioéconomique. On fait même référence à Hédi Nouira qui a redressé le pays après les affres du collectivisme. Oui, mais Hédi Nouira était un juriste. Tout comme l'est Méchichi. Il est vrai que Hédi Nouira a eu un passage à la tête de la Banque centrale. Méchichi, lui, est l'enfant de l'administration. De surcroît, un énarque. Il a été, par ailleurs, chef de cabinet dans plusieurs ministères. Mais il a, surtout, été conseiller de Kaïs Saïed, à Carthage, pour les affaires juridiques. Et, s'il a été désigné ministre de l'intérieur par Elyès Fakhfakh, c'est sur instigation du Président lui-même.
Le Président aura donc choisi un homme de confiance et qui lui est dévoué.
Mais, sur un plan purement institutionnel, il est évident que Hichem Méchichi sera davantage premier ministre que chef du gouvernement. Et, nous revoilà, en plein dans un régime présidentialiste, quoiqu'aient pu prévoir ceux qui avaient rédigé la constitution de la Deuxième République.
Maintenant la question qui se pose tient essentiellement à l'attitude des partis que le choix porté sur Méchichi a copieusement déroutés. Et nous parlons essentiellement d'Ennahdha, de Qalb Tounès et de la Coalition Al Karama. Ces trois partis comptent cent représentants au Parlement. C'est-à-dire, cent voix. Ils peuvent parfaitement refuser de voter la confiance au gouvernement Méchichi et, habiles qu'ils sont, ils peuvent fédérer d'autres voix baladeuses. C'est-à-dire rejouer le coup fait au gouvernement Jemli. Un homme choisi par Ennahdha, ne l'oublions pas, mais qui a été lâché par Ennahdha elle-même.
Si le gouvernement Méchichi n'obtient pas la confiance du Parlement, le Président pourra alors dissoudre l'ARP et convoquer de nouvelles Législatives. Or, c'est justement ce scénario-cauchemar qu'Ennahdha et ses alliés redoutent. Car, cette fois-ci l'électeur réfléchira autrement, et surtout à la faveur de la mascarade au sein de l'ARP et à laquelle il assiste quotidiennement. Ils ne prendront pas le risque que représentent de nouvelles Législatives. Ils voteront donc la confiance pour le gouvernement Méchichi, puis ils s‘amuseront à lui mettre les bâtons dans les roues.
Or, à supposer même que l'ARP ne vote pas la confiance pour Méchichi, le Président peut aussi ne pas dissoudre le Parlement et laisser le gouvernement des affaires courantes (le gouvernement Fakhfakh) gérer encore le pays pour le restant de l'actuelle législature.
Kaïs Saïed joue à son aise dans tous les cas de figures. En fait, il jongle avec une constitution qui n'est pourtant pas faite pour lui.
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