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Secteur paradoxalement figé par les foires de promotion
A la loupe : L'artisanat tunisien entre le « retro » et le « in »
Publié dans Le Temps le 02 - 01 - 2008

Aujourd'hui, en Tunisie, Artisanat rime avec touriste. Alors qu'il s'agit de toute une industrie traditionnelle, héritée de père en fils, l'artisanat a été délaissé mais proposée aux penchants exotiques des touristes. En effet, les artisans adaptent leur processus de fabrication en fonction des goûts et des préférences des touristes.
Les techniques sont révolues. La clientèle reste fidèle, mais à la faveur des instables du tourisme, elle devient économiquement variante.
Comment remédier à des saisons mortes où le commerce de l'artisanat se frigorifie, en l'absence de l'essentiel de sa clientèle, les touristes?
Le citoyen tunisien charmé et captivé par la mode occidentale, ne porte guère son intérêt pour le produit traditionnel artisanal.
Malgré les campagnes de promotion de l'habit traditionnel, des articles de l'artisanat et autres dérivés, le consommateur tunisien ne se laisse pas tenter pour autant. Les chiffres indicatifs demeurent maigres et dérisoires. Le nombre estimé des artisans est de l'ordre de 300.000 (11% de la population active) en 2004, la participation au P.I.B est de 3,81% environ, et le nombre des entreprises artisanales immatriculées n'a atteint que les 835.

Stagnation
L'année 2007 tire sa révérence et s'en va, et pourtant les principaux indicateurs affichés officiellement sont identiques à ceux d'il y a trois ans. Voici ce que donnent les dernières statistiques :
Le secteur de l'artisanat participe d'environ 4% du PIB et emploie 300.000 personnes, soit 11% du nombre total de la population active. De même, il exporte pour une valeur de 250 MD, ce qui représente environ 0,48% du volume global national.
Le secteur est étiqueté d'une stagnation influente et nuisible. Néanmoins, les apparences démontrent un recentrage de l'attention du consommateur vers la tendance traditionnelle. Les manifestations afférentes à ce secteur attirent grand nombre de visiteurs.
Fausses apparences ou fausses statistiques ? Les réalisations et les perspectives du secteur de l'artisanat sauront-elles nous en apprendre plus ?
Les métiers de l'artisanat existent depuis des centaines d'années en Tunisie. Tout au long de cette période, bien des civilisations se sont succédé, laissant derrière elles, des trésors traditionnels, dont les traces survivent jusqu'à nos jours. Des générations entières se sont transmise le savoir-faire, les procédés de fabrication et les différents mécanismes. Tout un patrimoine et une richesse nationale. Le potentiel est dévalorisé, spolié de tout emploi optimal. Tout cela a conduit à un dépérissement du patrimoine de l'artisanat. On ne retrouve plus quelques un de ces métiers. ET les mentalités s'orientent vers de nouvelles perspectives et des domaines plus modernes.
A l'heure où le pays adhère au concept de la mondialisation, la structure économique classique ne répond pas aux exigences de cette adhésion.
Il fallait donc modeler cette structure à travers une activité économique diversifiée ; le gouvernement s'est alors engagé dans une stratégie de promotion de certaines activités égarées mais fructueuse. Ainsi, l'approche d'un développement intégral qui allie les ressources existantes et potentielles motive de très prés l'autorité de tutelle. Un raccordement entre l'accroissement du secteur touristique et le patrimoine est escompté à ce niveau. Promouvoir l'artisanat au profit du consommateur tunisien s'inscrit dans le registre de cette approche. En ce sens l'Etat se charge d'octroyer des avantages, des encouragements de toutes sortes aux artisans qu'ils soient débutants ou anciens. Le secteur n'est plus restreint et réservé à des personnes d'un âge élevé (profil reflété par des clichés), les jeunes s'introduisent sur le marché de l'artisanat. Ainsi le secteur a-t-il pris de l'envergure, et aura marqué des réalisations importantes : l'émergence de nouveaux créneaux a fait en sorte d'accroître l'employabilité, d'insertion de certaines branches artisanales dans le commerce extérieur et de valoriser les ressources.
La contrainte de commodité d'usage de la plupart des articles traditionnels dans la vie de tous les jours est réduite progressivement. Ces produits qui faisaient autrefois office d'objets décoratifs, sont devenus plus fonctionnels. A chaque région tunisienne sa spécialité, à Nabeul la poterie, à Kairouan la tapisserie, ...etc
C'est impressionnant tout ce qu'un travail artisanal requiert de profondeur, de créativité, de finesse de qualité et de patience dans les détails. De même que le produit artisanal révèle l'histoire de lieux et la civilisation. La mission stratégique pour le développement de l'artisanat à l'horizon 2016 est ainsi confirmée dans cette optique additionnée de la démarche de développement intégral.
A partir de là, des solutions optimales et surtout rapides sont engagées par la consultation nationale relative au développement de la production artisanale. Le but étant de satisfaire de réels besoins du secteur afin qu'il devienne stratégique et à haute valeur ajoutée.
Comme cela a été mentionné au début, les statistiques indiquent une évolution très lente voire inexistante du secteur. En fait, le domaine de l'artisanat n'accrochait pas beaucoup d'attention de la part des investisseurs. On estime à 11 MD, le montant de la totalité des investissements dans le secteur. Ce qui amène à se poser des questions et à se demander quelles mesures entreprendre pour hisser l'activité artisanale ?.Quelle politique poursuivre pour l'obtention de plus d'efficience et d'efficacité mais par-dessus le marché une meilleure utilisation des ressources du pays ?

La consultation nationale entre la théorie et la pratique
La consultation nationale aspire à raffermir l'activité du secteur, à rénover l'appareil productif et à définir un plan de modernisation.
De même, il serait insuffisant de ne se soucier de la qualité de la production uniquement, que lorsqu'il est question d'exportation ; plus d'attention et de vigueur doivent s'étendre à la production destinée à la consommation intérieure.
Pour ce faire, le gouvernement met à la disposition de tous les opérateurs du secteur, tout un arsenal leur permettant d'agir dans les meilleures conditions possibles. Améliorer la qualification de la main d'œuvre pour arborer le niveau de la qualité de la production artisanale impose la formation continue.
Cependant, il faut prendre en considération une donnée d'une grande importance, celle d'une démarche de décentralisation de l'artisanat. Chaque région se consacre à sa spécialité pour une mise en valeur de chacune des branches artisanales.
La valeur ajoutée réalisée au niveau de l'activité économique nationale apportée par ce secteur prouve l'intérêt que le gouvernement lui accorde. En effet, chaque artisan devrait produire une valeur ajoutée égale à 11,300 dinars à l'horizon 2016, ce qui génère une augmentation de 7,130 dinars. Aussi, le chiffre d'affaires devrait atteindre les 5,200 MD en 2016, et ainsi l'exportation frôlerait un pourcentage de 1,5 du volume global national, et l'emploi croîtrait de 112.000 dans les huit années à venir.

Les petits artisans face aux taxes
Tous ces chiffres sont très prometteurs, les artisans devraient cibler une optique optimiste et organiser leur activité en fonction. Seulement, à toute situation propice, une face cachée ; celle relative au secteur de l'artisanat incombe bien évidemment aux petits artisans. Ceux-là dont les moyens sont assez limités, ne peuvent aspirer à un résultat performant. Dès que ces artisans se lancent dans leur procédure professionnelle pour l'exercice de leur activité, ils se heurtent à toute une liste de droits et taxes à payer. Sans oublier toutes les instructions administratives à suivre avec toutes leurs entraves au bon fonctionnement du métier.
L'administration semble omettre que le petit artisan en question, n'a pour ressources principales que son talent et quelques matières premières. Si un besoin se fait sentir à ce niveau, c'est bien celui des aides et des encouragements qui inciteront un artisan hésitant. Si une condition doit impérativement être mentionnée, c'est bien celle de ce fameux talent. C'est seulement grâce à ce talent, que le patrimoine de la Tunisie sera préservé à travers de multiples générations.
Il est donc impérieux d'agir sur ces freins administratifs, ces paiements injustifiés qui ne cessent d'être demandés à des petits artisans. Certes, les caisses de l'Etat doivent se remplir constamment pour l'intérêt général, mais pourquoi faut-il toujours que ce soient les mal cossus qui le font ?
Récemment, les manifestations artisanales se sont multipliées. Une foire par là, une exposition par ici, des concours (dont les gagnants sont inopportunément connus d'avance). Et les artisans concourent à présenter des produits adaptés et évolutifs, quoique aucune issue positive ne soit patente. On évoque même des conditions défavorables dans certaines d'entre elles.
Aujourd'hui, une unité de gestion pour l'application de la stratégie 2016 est mise en place. Il s'agit d'assurer un meilleur suivi de cette stratégie dans son application.
Le 14 Mars 2005, la création d'une unité de gestion par objectifs pour la réalisation du plan d'actions de la stratégie de développement de l'artisanat à l'horizon 2016, a été ordonnée. Cette unité est chargée d'entreprendre toutes les actions entrant dans le cadre de la réalisation des 15 projets définis par le plan d'action de la stratégie de développement de l'artisanat à l'horizon 2016. Il est notamment question de :
* Modernisation de l'Office National de l'Artisanat
* Développement de la Fédération Nationale de l'Artisanat
* Modernisation et régulation de l'environnement législatif
* Modernisation des outils de travail et développement d'un Système National d'Information et de Télécommunication
* Financement des artisans et des entreprises.
Cette dernière disposition dénote d'une prise de conscience quant à l'importance des subventions accordées aux artisans. De cette façon, ils vont pouvoir régulariser leurs situations et augmenter leur production.
Toujours dans le cadre de la promotion de l'activité artisanale, le Bureau tunisien des Artisanats Traditionnels - qui est une division du Ministère du Commerce - a lancé un nouveau programme pilote visant à inciter les consommateurs à acheter des produits traditionnels. Ce programme renferme une partie commerciale qui est la vente des biens traditionnels par le biais des organes commerciaux majeurs, ainsi que la création d'ateliers permettant de découvrir le savoir-faire artisanal des villes tunisiennes.
Les artisans ayant participé à cette opération sont venus de régions différentes : de Nabeul, 15 artisans oeuvrant dans la branche de la poterie, les travaux en terre cuite ou la broderie. A Kairouan, le mois de la zarbiya - célèbre tapis tunisien - des rabais sont offerts dans les magasins adhérents au programme. Cette opération bénéficiera d'un prolongement sur toutes les régions tunisiennes si le bilan de cette opération pilote génère des résultats positifs.
L'opération s'est déroulée dans une des plus grandes surfaces commerciales de Tunis où le bureau des Artisanats Traditionnels expose les produits des artisans sous une tente.
L'entrée du design
A l'intérieur de la tente, les produits se distinguent par leur conception créative, leur forme, leur couleur. Des pots d'argile ont été ornés de teintes brillantes, qui contrastent avec celles qui sont créées habituellement dans la région. Un grand nombre de jeunes artisans ont également travaillé sur de nouvelles formes inspirées par l'art "design".
Certains des participants évoquent la transformation remarquable dans la création des produits de l'artisanat. Ces derniers sont modernisés, actualisés, et même rajeunis pour répondre aux exigences d'une clientèle d'un jeune âge. Malgré les prix assez élevés de quelques articles traditionnels (comme le merkoum), les consommateurs en achètent, attirés par l'aspect rétro du produit.
Le Salon des Artisanats Traditionnels représente le forum spécialisé le plus important du secteur. Il draine chaque année un grand nombre de visiteurs - plus de 130 000 selon les chiffres officiels. Les statistiques indiquent que ce secteur d'activité emploie 11% des salariés, c'est-à-dire l'équivalent de 300 000 artisans, qui contribuent à 3.81% du PIB, selon les chiffres de 2005. En même temps, les exportations artisanales ont été évaluées à plus de 300 millions de dinars, soit approximativement 2.6% des exportations totales.
Ce programme qui s'inscrit dans le cadre de la promotion de l'artisanat tunisien, est une preuve tangible de l'effort du gouvernement dans ce secteur. Cela doit représenter un espoir de plus et une motivation pour les artisans qui cherchent à évoluer. Maintenant, une question essentielle s'impose : ce genre de programme débouchera t-il sur des résultats satisfaisants et convaincants ? Y aura-t-il un suivi ou alors le programme s'achèvera avec la fin de la manifestation, ce qui est souvent le cas ?
Bien d'autres questions se posent. Il est évident que bien qu'elles soient nécessaires dans l'immédiat, les réformes ne pourront être concrétisées de suite.
Qu'il s'agisse du secteur de l'artisanat ou autre, les efforts du gouvernement sont bien visibles, mais cela reste théorique. Alors à quand la pratique ?


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