De nombreuses affaires de tentatives de vol, qui se terminent par un cuisant échec, sont généralement doublées de violences graves, engendrant parfois des infirmités permanentes ou même la mort. Etant toujours armés de couteaux de quelque calibre que ce soit, les malfrats n'hésitent pas à s'en servir dès qu'ils sont contrariés pour le moindre motif futile ou bien quand ils sont confrontés à une vive résistance de leurs victimes. Cela a été le cas lors de cette affaire pour un vieux " cheval " de retour, fort rompu au maniement de l'arme blanche, ayant été déjà condamné à des peines privatives de liberté à plusieurs reprises. Comme d'habitude, son passe-temps favori est la dive bouteille avec laquelle il a rendez-vous quotidiennement avec des camarades de son acabit. Jusque-là, pas de problème avec autrui. Mais du moment que les vapeurs éthyliques le transportent dans un autre univers, le voilà qui transgresse toutes les règles sociales, devenant malgré lui un délinquant notoire, d'après ses propres dires. Selon l'acte d'accusation, il s'est attablé avec un acolyte dans un bar des plus huppés de la capitale que fréquentent notamment des individus assez aisés. Ayant trinqué jusqu'à perdre sa lucidité, ingurgitant moult cannettes de bière, il a remarqué qu'un client a exhibé une liasse de billets de banque lorsque le garçon lui a présenté la facture de sa consommation. C'était pour lui une victime potentielle à ne pas rater. Il a attendu qu'elle quitte l'établissement pour lui emboîter le pas et la suivre de près. Dans un endroit sombre et désert, il a fondu sur elle, la menaçant de son coutelas, si elle ne s'exécute pas rapidement pour lui remettre le portefeuille fourni. L'agresseur ne s'attendait pas au refus d'obtempérer qu'allait lui opposer ce paisible citoyen qui continua sa route. Pas impunément, puisque le truand lui transperça le corps de plusieurs coups de couteau, le laissant pratiquement pour mort. Des âmes charitables secoururent le blessé en le transportant aux urgences les plus proches tandis que la machine judiciaire s'ébranla. Etant fiché par la police, l'énergumène a été facilement arrêté et avoua les faits aux enquêteurs, reconnaissant que l'alcool, une fois de plus, lui a fait perdre la tête. L'excuse éternelle des ivrognes qui n'a plus sa raison d'être. Traduit devant la chambre criminelle du tribunal de première instance de Tunis, l'accusé a récolté, cette fois-ci, dix ans de prison ferme. Une peine bien méritée pour ce multirécidiviste irréductible.