Dans une démocratie, ce sont les élus qui représentent légitimement le peuple qui les a choisis. C'est ainsi que ce sont le chef de L'Etat et les membres de l'Assemblée représentative du peuple, élus tous au suffrage universel direct, qui sont censés être la voix du peuple en Tunisie. Curieusement, le gouvernement discute et négocie, actuellement, avec des hors-la-loi et les représentants du peuple sont rejetés aussi bien par les manifestants que par les régions et localités qu'ils sont, pourtant, censés représenter... Certes, toutes les revendications sont légitimes et ne doivent pas être réprimées dans une démocratie. Mais dans une démocratie, les manifestants doivent respecter la loi et ne peuvent priver le pays et les populations de travailler, de produire et d'exploiter leurs richesses naturelles et humaines. De même, dans une démocratie, on négocie avec les élus locaux, régionaux, nationaux ou les autorités locales et régionales ou centrales. L'erreur fatale ! Curieusement, au nom d'une soi-disant démocratie, le gouvernement a capitulé face aux hors-la-loi et aux sit-ineurs. Pis encore : l'un des membres de la coordination, qui ont négocié avec le gouvernement, s'est révélé être recherché par la justice ! Arrêté mais très vite relâché sous la pression des manifestants, puis mis sous mandat de dépot. Et c'est l'erreur fatale du gouvernement qui, au lieu d'appliquer la loi, s'est plié aux hors-la-loi ! Et cela représente de l'amateurisme politique ! Plusieurs observateurs s'interrogent à propos du silence, voire le mutisme des représentants légitimes du peuple, c'est-à-dire le chef de l'Etat, le président du parlement et les députés, élus tous au suffrage universel direct! L'arroseur arrosé ! C'est, en effet, au président de la république qui est le chef suprême de l'armée, symbole de l'unité de la nation et de l'autorité de l'Etat, qu'incombe la responsabilité de s'opposer à ceux qui veulent obtenir la satisfaction de leurs revendications en paralysant le pays. Or le chef de l'Etat a laissé faire en croyant que ces mouvements s'inscrivent parfaitement dans son projet chimérique où les pouvoirs locaux remplacent le pouvoir central. Non seulement, c'est un mauvais calcul car ces mouvements sont manipulés, soutenus et financés par des forces occultes et obscurantistes bien organisées et très puissantes. Les manifestations, qui se généralisent et se radicalisent, dans l'ensemble du pays, sont de plus en plus incontrôlables et imperturbables. En jouant avec le feu, Kaïs Saïed a, non seulement, manqué à sa mission suprême de protéger les intérêts supérieurs de la nation et la survie du peuple qui se trouve même privé même de bonbonnes de gaz; mais il risque d'être balayé par ces mouvements commandités par de puissants lobbies et forces opaques dangereuses. Clochardisation du parlement ! Quant aux députés qui sont censés porter la voix de leurs électeurs et de leurs régions, ils semblent assister, les uns complices de ces mouvements, les autres impuissants et incapables de réagir et d'agir. D'abord, le président du parlement n'a cessé de légitimer, de soutenir et même d'encourager ces mouvements. Les députés de Ennahdha, d'El Karama et d'autres partis politiques populistes et extrémistes appuient, également, directement ou indirectement, ces mouvements qui grandissent, s'élargissent et se renforcent quotidiennement. De toutes les façons, depuis qu'elle est présidée par Ghannouchi, l'ARP ne semble plus se soucier des préoccupations et des attentes des Tunisiens. En effet, selon le rapport annuel de l'observatoire du Parlement, «Majles Marsad», de l'organisation Al Bawsala, l'ARP n'a adopté, durant cette année, que quatre petites lois. D'après Youssef Abid, représentant de l'observatoire, pour les 42 projets de lois discutés au parlement, 32 concernent des approbations de prêts et des accords de financement et 36 ne comportent qu'un seul article. Le parlement s'est transformé, hélas, depuis qu'il est présidé par Ghannouchi, en un souk où tout se marchande, tout s'achète, tout se vend à de très sales prix ! Le dernier rapport de la Cour des comptes en est témoin et accuse sérieusement essentiellement les deux plus grands partis politiques, c'est-à-dire Ennahdha et Qalb Tounès, au parlement de financements occultes, d'argent sale et de corruption lors des dernières élections législatives et présidentielle de 2019. L'avenir sérieusement menacé... Résultats : la fin des institutions républicaines représentatives, la mort lente et progressive de l'Etat, le règne du chaos, de l'anarchie et la capitulation du gouvernement qui se trouve coincé entre deux forces contradictoires mais complices : un chef d'Etat qui fait tout pour déstabiliser le chef du gouvernement et un président du parlement qui pousse au pourrissement de la situation en exerçant toutes ses pressions et ses manœuvres pour faire du chef du gouvernement une nouvelle marionnette. Le seul espoir pour recoller les morceaux de la Tunisie dont l'avenir est plus que jamais menacé et incertain, demeure entre les mains de Kaïs Saïed... M. M.