p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 13px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";"Le Temps - Raouf KHALSI p class="p2" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 11px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";"Le temps s'accélère, les urgences se font impérieuses, les conflits institutionnels et politiques sont à leur paroxysme et cela fait que l'on ne voit pas le bout. Ceux qui seraient tentés de relativiser la crise multiforme que traverse le pays, refusent de voir la vérité en face et ne sont guère sensibles aux périls guettant la Nation toute entière. Dans une démocratie dépecée, où les outrances des extrémismes de tous bords refusent tout dialogue, tout compromis pour une authentique opération de sauvetage du pays -ou ce qu'il en reste- le bon sens et, disons-le crûment, le sens du patriotisme n'est plus qu'un slogan creux et personne, ou presque, ne croit vraiment plus à un sursaut salvateur. A quelques jours de la commémoration du 17 décembre 2010, ce jour annonciateur d'un basculement irréversible, on attend un message fort qui ne vient de nulle part. On ne sait pas ce que prépare le Président dont la responsabilité dans ce gâchis institutionnel est résolument engagée. Rached Ghannouchi se pavane après l'adoption de la pire loi de finances depuis la révolution. Hichem Méchichi, lui, bénit la providence de ce que cette loi fût adoptée, feignent d'oublier ce qui l'attend. Pour sa part, l'architecture partisane, invivable, ingérable a tout bonnement tourné à une dangereuse bipolarisation. L'exaspération à son comble ! Traditionnellement, les mois de décembre et janvier, consacrent les mouvements sociaux qui ont pourtant commencé trop tôt cette année. Et, au vu de cette loi de finances sur laquelle planent des zones d'ombres et qui n'a pas eu l'assentiment de tous les partis, on s'attend à ce que les couches défavorisées ne s'y reconnaissent pas. Il n'est d'ailleurs pas difficile d'en établir le coût, de préfigurer de la facture sociale qui en découlera. Parce qu'il n'y a pas qu'El Kamour qui continuera d'alimenter des controverses d'ordre méthodologique. On ne sait vraiment pas si Hichem Méchichi pourra indéfiniment jouer aux sapeurs-pompiers ou qu'il en ait par ailleurs les moyens. Au milieu de toute cette mouvance, dans cette inédite confusion des prérogatives entre institutions de l'Etat, Kaïs Saïed pointe du doigt, comme à son habitude, « les ennemis de l'Etat », menace représailles, mais il donne de plus en plus l'air de ne trop savoir comment s'y prendre. Le pathos, cette façon bien à lui de noyer les thématiques dans des logorrhées lyriques, révèlent une facette : l'indécision drapée d'une fausse détermination à agir. Ce que déclare Sami Tahri en est symptomatique. La Centrale syndicale qui a toujours été de tous les combats, de toutes les dynamiques pour la libération du pays et pour la construction de l'Etat moderne, a bien proposé au Président Saïed une sortie de crise, un plan pragmatique pour le sauvetage du pays. Elle l'a fait, parce que l'UGTT représente le thermomètre social le plus fiable. C'est elle, et pas les politiques et encore moins les partis, qui abat un impressionnant travail de terrain. Elle est donc dans son rôle lorsqu'elle s'implique dans un plan pour le pays. Du côté de la Place Mohamed Ali, l'exaspération est toutefois à son comble. Ce sont les attitudes ostensibles du Président, ses ambivalences, son « oui, mais... » (qu'il ne prononce d'ailleurs pas franchement) qui irritent l'UGTT. Cet attentisme aussi qui fait que le pays vit dans l'expectative, cependant que des voix s'élèvent pour que Kaïs Saïed opte pour le radicalisme et, surtout, pour des mécanismes constitutionnels dont il ne dispose pas. Sans parler, au risque de se répéter, des appels graves de Mohamed Abbou à ce qui s'apparente plutôt à un putsch. Au cas où il n'était pas branché sur la chose politique lors des années 2012-2013 de très hautes turbulences et de grands dangers terroristes, Kaïs Saïed devrait néanmoins « travailler » sur un devoir de mémoire. Les organisations nationales et des organes de la société civile ont rendu possible le miracle de la résurrection grâce au Quartet. Il conviendrait aussi de lui rappeler que ce Quartet a obtenu le Nobel de la Paix, auquel a contribué aussi le défunt Président Béji Caïd Essebsi. « L'art de la guerre » ... Mais, par ailleurs, puisqu'il ne rate aucune sortie pour dénoncer les complots contre l'Etat, le Président de la république, garant de la pérennité de cet Etat, garant du respect de la constitution -malgré tous ses avatars- ne saurait faire matériellement cavalier seul. Il se trouve même qu'il a bien poussé pour que la loi de finances fût adoptée, sachant pertinemment que ce vote était essentiellement induit par le trio constituant la ceinture parlementaire autour de Hichem Méchichi. Cela veut dire qu'il craignait de devoir s'impliquer directement dans la gestion de l'Etat, au sens de l'article 66, si d'aventure la loi de finances ne venait pas à être adoptée. Il n'empêche : l'indolence du Chef de l'Etat, ses indécisions et, pour tout dire, ce manque de discernement auront non seulement irrité l'UGTT. Elles auront aussi prédit à ce manœuvrier qu'est Rached Ghannouchi un triomphalisme tout fait de duplicité et, même, de paroles provocatrices. Voilà donc, que l'homme qui a consacré la force tentaculaire de l'islam politique au pays, s'improvise démocrate devant l'Eternel, déclarant que le vote de la loi de finances est l'expression de la démocratie prévalant au sein du Parlement. On ne pourrait faire mieux dans l'effronterie, dès lors que Rached Ghannouchi a créé de graves clivages au Bardo. Il nargue aussi le Président lui-même, déclarant que celui-ci n'a aucun moyen de dissoudre l'ARP sur la simple base de l'article 80 inhérent au « péril imminent ». Les atermoiements de Kaïs Saïed donnent curieusement des ailes à son ennemi pas franchement déclaré. Par ailleurs, l'absence de position claire quant à la proposition de l'UGTT, la seule réellement concrète et viable, rassure le Cheikh suprême. Parce que, justement, Ghannouchi craint comme la peste Noureddine Taboubi. Il s'est même mis à lui faire des pieds de nez, à dessein de se présenter comme alternative. A la fin des fins, Kaïs Saïed pourrait rater une occasion unique pour une sortie de crise, pour une action concertée dans l'impérieuse urgence de sauvetage du pays. Tactiquement aussi, un deal UGTT/ Présidence affaiblirait irrémédiablement Rached Ghannouchi, dès lors que la motion de retrait de confiance et de sa destitution pure et simple redevient d'actualité. Il faut donc y aller avec finesse. Peut-être aussi que le Président gagnerait à s'abreuver dans ce monumental ouvrage : « l'art de la guerre » que tous les politiques du monde consultent et que nous devons à un certain stratège, Sun Tzu. Par, transposition, la guerre suppose aussi une grande capacité manœuvrière. Et, dans notre problème actuel, on ne peut pas rééquilibrer les institutions sans moraliser l'ARP. La sagesse de la guerre dans cet ouvrage, nous enseigne qu'il faut laisser une voie de sortie à l'ennemi, mais qu'il faut surtout l'y pousser... p class="p2" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 11px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";"