L'Académie tunisienne des sciences, des lettres et des arts (Beit el-Hikma) a organisé les 10 et 11 décembre courant un colloque intitulé « La littérature francophone en Tunisie : Evolution, renouvellement et devenir ». D'éminents professeurs de langue française, des spécialistes en francophonie, des représentants de faculté et d'instituts supérieurs de lettres françaises ainsi que des écrivains (poètes et romanciers) d'expression française ont assisté à ce colloque qui s'est étendu sur deux journées, comportant un programme dense et bien fourni. A l'ouverture, une allocution d'accueil fut prononcée par Pr Abdelmajid Charfi, président de l'Académie, qui s'est questionné sur le statut et le devenir de la littérature francophone : quelle est l'universalité des œuvres littéraires tunisiennes publiées en langue française ? Cette expérience littéraire traite-t-elle des questions privées ou s'intéresse-t-elle aux problèmes publics ? Quel avenir pour la langue française si certains séminaires scientifiques organisés en France elle-même se déroulent en anglais ?. Cette allocution fut suivie de celle de Pr Raja Yasmine Bahri, directrice du Département des lettres de Beit el-Hikma, qui a affirmé que cette manifestation faisait partie des activités du Département des lettres de Beit el-Hikma en tant que multidisciplinaire, car elle s'intéresse à la littérature arabe, française, anglaise, allemande et espagnole, et que les travaux du colloque mettent en évidence la place du français dans le projet culturel tunisien, depuis l'indépendance, sachant que le français est la deuxième langue officielle et qu'il est particulièrement important pour l'élite en raison de la nature des liens entre la France et la Tunisie... » Après quoi, la parole a été cédée aux conférenciers. La première communication fut présentée par Alya Baccar Bornaz, membre de l'Académie, autour de « la naissance et du devenir de la francophonie en Tunisie ». Elle est suivie par Pr Issam Maachaoui, de l'Institut Supérieur des Sciences Humaines de Tunis, qui a présenté sa communication intitulée « la littérature tunisienne de langue française en retard d'une guerre ? » Ainsi s'acheva la première séance de la matinée. La deuxième séance a vu se succéder au micro les professeurs suivants : Mokhtar Sahnoun de la Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités qui s'est interrogé comment peut-on écrire dans la langue de l'autre ; Emna Belhaj Yahya, membre de l'Académie qui a présenté sa communication intitulée « Tu ne parleras pas ma langue » ; Salah El Gharbi de l'Institut des Langues de Tunis, qui présenta son « Histoire particulière » et Wafa Bsaiess Ourari de l'Institut des Langues de Tunis qui a parlé du « Bilinguisme, langue de bois ou parole d'honneur ». Un débat a clôturé la matinée. La séance de l'après-midi a été consacrée aux écrivains tunisiens de langue française pour parler de leurs expériences respectives. La deuxième journée a démarré à 9H30. Cette séance a porté essentiellement sur la poésie francophone en Tunisie. La première intervention fut celle d'Alfonso Compisi de l'Université de la Manouba qui présenta son exposé intitulé « Ecrire pour ne pas mourir ». Il fut suivi par Afifa Marzouki de l'Université de la Manouba qui parla de « Zajals d'Abdellaziz Kacem ». Ensuite, ce fut le tour de Kamel Gaha, membre de l'Académie, qui parla de l'expérience esthétique dans les romans d'Anouar Attia. La dernière séance de ce colloque avait comme titre « Une littérature multiculturelle » où se sont intervenus les professeurs Danièle Laguillon Hentati pour parler de « l'italianité à l'identité multiculturelle » ; Raja Yassine Bahri qui présenta son exposé intitulé « Quand la traduction contribue au renouvellement » ; Abbès Ben Mahjouba a parlé de l'écriture chez Collette Fellous et enfin Samir Marzouki fit une communication sur Albert Memmi « Bilan d'une relation tourmentée ». H.K