La Mairie de Tunis a annoncé mardi dernier le lancement du projet « A'sima Tunis », initié par les autorités tunisiennes et soutenu particulièrement par Med Cities, l'association des villes méditerranéennes, l'Union Européenne et d'autres partenaires internationaux. Le projet vise à renforcer la planification territoriale de la ville de Tunis, dans sa dimension métropolitaine. C'est vrai qu'en ces temps de crises sanitaires et économiques multiformes que traverse le pays, consacrer du temps, de l'énergie et des ressources pour s'occuper des problématiques urbanistiques parait saugrenue. Cependant, il est aussi saugrenu de penser que les conditions de vie et de production dans la métropole du pays n'ont pas d'impact sur les habitants et sur l'économie du pays, particulièrement quand on met en perspective le poids démographique et économique de la capitale. Un projet pour la durabilité de la ville Le projet « A'sima Tunis », en préparation depuis un moment a donc été lancé sous le titre de stratégie de développement pour la ville de Tunis, « l'avenir de Tunis, Métropole, méditerranéenne et durable ». Le projet bénéficie d'une enveloppe de 2,6 millions d'Euros, s'étend sur 48 mois et con- cernera environ 38 municipalités (arrondissements) de la capitale, selon ce qu'a annoncé Mme Souad Abderrahim, Maire de la ville. Ce grand projet de coopération englobe entre autres la définition d'une nouvelle démarche de gouvernance métropolitaine sur la gestion des déchets dans le Grand Tunis. Il permettra de répondre aux enjeux d'écologisation de la ville, de promotion de modes de consommation durables, de promotion de l'économie circulaire et de la valorisation de déchets dans le territoire métropolitain. Une métropole en détresse En effet les habitants de la capitale et de ses environs savent les problèmes que pose la gestion des déchets et les calamités écologiques que Tunis subit sous les effets de l'augmentation de ses habitants et de la vétusté de ses installations dédiées. Depuis des années, les activistes de la société civile crient leur désespoir devant le laisser aller et la gestion désastreuse de l'espace, des richesses et du patrimoine de la ville qui n'est plus presque plus vivable depuis longtemps. Les problèmes des déchets est évidement central mais il dépasse de loin les déchets domestiques pour englober d'autres problèmes urbanistiques criants. La ville est en dessous de tous les critères d'aujourd'hui dans une métropole de plus de 3 millions d'habitants. La circulation est infernale à toute heure de la journée et le manque fla- grant de parkings et des voies de dégagements asphyxient toutes les artères de la ville. Le riche patrimoine architectural de l'ère coloniale qui fait la particularité de cette ville multiculturelle est en déperdition constante et même la vénérable Médina de Tunis, classée par l'UNESCO au patrimoine de l'humanité, est en dégradation et rien n'est fait vraiment pour sauver ses richesses malgré les efforts louables de la fameuse ASM (Association de Sauvegarde de la Médina de Tunis). Une ville à faire renaitre Tunis est aujourd'hui une ville triste et « moche ». En dehors de l'Avenue Bourguiba, son artère centrale et historique, restaurée au temps de Ben Ali, c'est le désert presque partout. Le quartier de La Fayette, jadis grouillant de vie et de joie est devenue une voie passante, Le Belvédère, jardin et poumon de la ville est à l'abandon, la façade maritime du vieux port de Tunis est un marais oublié bien qu'il recèle un potentiel touristique et économique inouïe ! Ne parlons pas des fameuses banlieues de Tunis, au Nord mais aussi au Sud. En dehors de Sidi Bou Saïd, il ne nous reste plus que les cartes postales de la Goulette, de Saint Germain (Ezzahra), de Radès et de HammamLif ! Les nouvelles banlieues de l'ouest sont plutôt à classer dans la catégorie des villes moribondes. On a construit depuis les années 60 plusieurs nou- veaux quartiers mais on les a pensés en tant que dortoirs pour travailleurs souspayés. Depuis de lustres, aucun théâtre, aucune salle de cinéma, aucun square ou espace vert digne de ce nom n'ont été fait. Pire on a même abandonné l'habitude de planter des arbres sur les artères de la ville. Ainsi on se retrouve dans une ville sans caractère, à l'architecture hasardeuse, sans beauté, sans statues, sans arbres, sans espaces verts, sans infrastructures culturelles et de loisir. Une ville où il ne fait pas bon vivre. La Mairie de Tunis et les autorités des affaires locales, en ayant en per- spective la construction de la ville européenne il y a exactement un siècle, doivent penser autrement l'ambition de la grande et belle métropole qu'on vaudrait pour notre pays dans ce siècle qui commence. A.L.B.M