La ville évolue rapidement et les habitants ressentent le besoin d'être informés des différentes évolutions de leur cadre de vie et souhaitent être impliqués dans les projets qui les touchent de près. Les urbanistes travaillent de plus en plus ensemble et font évoluer leurs pratiques pour mieux prendre en compte les aspirations d'aujourd'hui, mieux rendre compte et donner à voir et à comprendre des projets métropolitains, l'aménagement de quartiers, d'espaces publics, de lignes de transports....
Ils ont besoin de nouveaux outils de travail pour faire progresser notamment les nouvelles technologies d'information et de communication qui connaissent une évolution remarquable en Tunisie et qui ont surtout un impact élevé sur le développement urbanistique du pays. Le Net est de plus en plus utilisé par nos urbanistes dans leurs travaux et ils n'ont pas vraiment le choix s'ils veulent gagner en productivité et c'est dans ce cadre que s'inscrit l'université de printemps organisée à Hammamet les 6 et 7 mars par l'Association tunisienne des urbanistes. Le Net est devenu depuis quelques années un puissant outil d'information, de recherche et de transaction.. En Tunisie, le net gagne nos urbanistes qui montent leur propre site pour bien vendre leur produit. L'outil est indispensable pour cette activité car on ne peut pas imaginer l'urbanisation et l'urbanisme en dehors de cette évolution technologique comme nous le précise M.Morched Chabbi président de l'Association tunisienne des urbanistes. Interview.
M. Morched Chabbi, président de l'ATU : « Je pense qu'en trois ans, on pourra rajeunir toute la profession » Le Temps : Tout d'abord, pourquoi vous avez choisi le thème des TICS pour l'animation de votre université de printemps ?
Morched Chabbi : Il est de notre intérêt de prendre part aux innovations des technologies de l'information compte tenu de la complexité des processus d'urbanisation et des évolutions attendues dans notre pays. Il est impératif que notre profession poursuive son développement en s'appropriant les principaux outils qui permettent d'analyser les territoires et de les planifier. Cette révolution des technologies de l'information nous impose en tant que professionnels et chercheurs de nous mettre à niveau et de maîtriser l'usage des outils informatiques variés. C'est cette exigence qui nous a incités à organiser notre troisième université de printemps autour du thème qui je vous le rappelle est une tradition instituée depuis trois ans et dont le but est de mettre en contact le milieu professionnel de l'urbanisme avec le milieu de formation universitaire. Ce rapprochement vise à faire connaître le milieu professionnel à nos étudiants et à consolider les relations entre les deux parties car on doit penser à la relève. Les futurs urbanistes vont connaître les opportunités d'emploi et surtout arriver à leur donner une identité. Nous avons commencé à faire l'urbanisme depuis 1968 en Tunisie. L'Association de la sauvegarde de la Médina de Tunis a donné lieu à un grand atelier qui a permis de cartographier la Médina. L 'aménagement du territoire et la création du District de Tunis ont permis de former plusieurs urbanistes et d'aller enseigner dans les instituts d'architecture. L'institut supérieur de technologie d'environnement et de l'urbanisme et du bâtiment a formé des promotions en bac + 5. Ce sont eux qui sont au centre de notre université de printemps car qu'on le veuille ou non, on risque de voir la profession disparaître sans jamais assurer la relève et tout notre intérêt réside dans la formation de ces futurs urbanistes. C'est pourquoi nous nous sommes mobilisés pour bien entourer ces jeunes. Moi-même, j'ai mis à leur disposition ma bibliothèque qui comporte 2800 études et 1600 ouvrages en urbanisme. C'est une manière de les aider sur le plan professionnel. Nous avons voulu créer un institut d'urbanisme en l'an 2000. Le ministère de l'enseignement supérieur nous a encouragés. Mais ce projet grandiose n'a pas abouti car les architectes n'étaient pas chauds pour lancer cet institut. Finalement, nous avons été sollicités par l'institut supérieur de technologie,d'environnement et de l'urbanisme pour créer une filière d'urbanisme
Comment évolue le métier de l'urbaniste ?
Nous sommes 150 à 160 urbanistes dont 60 âgés de moins de 35 ans. 30 vont passer à la retraite et 70 vont rester opérationnels. Je pense que durant trois ans, on pourra rajeunir toute la profession.
Ne pensez-vous pas que les architectes occupent votre terrain ?
Les architectes avaient un DEA d'urbanisme en école d'architecture et un DESS d'urbanisme et là il faut connaître les raisons pourquoi ils ont été supprimés. Le DESS d'urbanisme a été supprimé par le Président de l'université de TunisCarthage 7 novembre qui n'a pas été convaincu du déroulement des études d'urbanisme dans cette institution. Le DEA a été aussi supprimé et aujourd'hui il n'y a plus d'urbanisme à l'école d'architecture. En tant qu'urbanistes, nous sommes les seuls à travailler sur le terrain et nous sommes mobilisés pour relever les défis. Les chefs des grands projets doivent être obligatoirement des urbanistes. Nous sommes en train de faire un acte civique pour que notre pays ne soit pas démuni d'urbanistes. Et là nous sommes en train de déployer de grands efforts pour revaloriser ce métier.