Dans un pays en proie à la perte de son identité et de son goût pour l'art, parler de chanson tunisienne serait taxé de trop de ringardise. Parler de chanson tunisienne d'aujourd'hui c'est aussi être dans l'esprit de ces émissions de variétés de la télévision nationale que personne ne regarde. Et pour être dans l'air du temps, il faut répondre aux normes de ces émissions animées par les farceurs idiots des télévisions privées non réglementées et dont la réussite est mesurée en termes de parts d'audience en access prime time... Des artistes sans mérite sont propulsés en haut de l'affiche. Ils s'en accommodent mais le public décroche. Et c'est au grand dam de la chanson tunisienne d'aujourd'hui. Le comité d'organisation du Festival de la chanson tunisienne entend relancer cette festivité le mois de mars prochain. Depuis presqu'une décennie cette manifestation qui devrait marquer notre identité de Tunisiens n'a pas vu le jour et ce sont les querelles intestines qui ont en eu raison ... Il faut dire que ce festival n'avait aucun intérêt d'exister si c'était juste pour programmer un art ‘'insipide, sans saveur, ni odeur''. Le ‘'trois petits tours et puis s'en vont ‘'est devenu au fil des temps le propre d'une manifestation qu'on programme parce qu'elle doit figurer sur le calendrier officiel du ministère de tutelle. Parce qu'il fallait réinventer ce festival et non pas le reprogrammer en faisant appel à des responsables qui ne dérogeront pour rien au monde à la règle des copains d'abord. C'est dire aussi précipiter à l'échec une manifestation qu'on croit à tort prête à l'emploi sans se poser de questions sur les raisons de son déclin. La crise de la chanson tunisienne est passée par là. La chanson tunisienne n'a pas besoin d'être déridée, parce que notre musique nationale dans ses formes traditionnelle est une valeur sûre, une gloire vibrante qui avait pour fil conducteur un amour des mots et le sens du texte qui a donné lieu à d'heureuses compositions qui ont traversé les espaces et les temps. Une époque révolue. Pour l'heure on donnera sa chance à la chanson tunisienne, et sa chance à un comité d'organisation qui s'est dit faire fi du favoritisme et ouvert aux expériences venues de toute la Tunisie. M.B.G.