En compétition officielle long métrage de myfrenchfilmfestival d'UniFrance, «Felicità» de Bruno Merle appelle la félicité... En visionnant «Felicità» de Bruno Merle, on a l'impression que le réalisateur a construit son long métrage sur la chanson italienne éponyme du duo Al Bano et Romina Power, «Felicità» (1982). Déjà, en tant que scénariste, il a choisi un couple jeune, Tim et Chloé, assez babas cools dans leur style de vie et leurs idées, vivant au jour le jour, sans avoir vraiment d'attache à part un bateau sur lequel ils vivent et Tommy leur fille qui doit entrer au collège. Ce style de vie s'accorde avec la chanson italienne où l'on peut entendre «Felicità è tenersi per mano andare lontano. La felicità è il tuo squardo innocente in mezzo alla gente. La felicità è restare vicini come bambini. La felicità, felicità» («Le bonheur c'est de marcher longtemps en se tenant par la main. Le bonheur c'est ton regard innocent au milieu des gens. Le bonheur c'est de rester proches comme des enfants. Le bonheur, le bonheur») ou encore «Felicità è una spiaggia di notte l'onda che batte. La felicità è una mano sul cuore piena d'amore. La felicità è aspettare l'aurora per fario ancora. La felicità, felicità» («Le bonheur c'est une plage, la nuit, le ressac qui bat. Le bonheur c'est une main sur le cœur pleine d'amour. Le bonheur c'est d'attendre l'aurore pour le faire encore. Le bonheur, le bonheur». Une petite fille adulte Les paroles de la chanson «Felicità» se retrouve aisément à travers le film «Felicità». C'est la fin de l'été, et quand le trio (le couple et leur fille) repart quittant la maison qu'il avait occupé illégalement (Chloé y faisait le ménage pendant que les propriétaires, un couple jeune avec une fille -parallélisme voulu- étaient en vacances), le couple met cette chanson dans la voiture. Les parents sont dans le cosmos, mais leur fille est plutôt terre-à-terre. Plutôt terre-à-terre, car plus réaliste. D'ailleurs, pour échapper aux enfantillages de ses parents, elle met, souvent, sur ses oreilles un casque anti-bruit. C'est elle qui est l'adulte dans cette histoire, même si le compagnon imaginaire de la pré-adolescente est un cosmonaute, qui lui permet de s'évader, d'être le catalyseur de ses pensées, ou d'être sa «petite voix». Elle ne veut pas arriver le premier jour du collège en retard, et le rappelle souvent à son père. Mais, voilà, Chloé partit faire le ménage dans la maison qu'ils avaient occupée ne rentre pas. Tom décide d'aller voir ce qui se passe car il se fait tard. Leur véhicule ayant été pris par sa compagne, et n'ayant pu en emprunter un, il décide de voler une voiture qui se trouve être une voiture de luxe, embarque Tommy avec lui, qui ne voulait pas rester toute seule. Ils récupèrent Chloé. Tommy ne voulant absolument pas manquer son grand jour, et après quelques bouderies, la voiture avale les kilomètres pour permettre à la collégienne d'être à l'heure. Mais, devant la porte du collège, son père se fait arrêter. Réalisme et irréalisme Dans «Felicità», Bruno Merle a joué entre réalisme et irréalisme pour offrir aux spectateurs un moment de félicité, même s'il met en exergue une certaine irresponsabilité parentale. Faire vivre à un enfant une sorte de vie de bohème, lui apprendre à être normal mais pas dans la normalité, cela peut passer quand il est dans l'enfance. Cela devient une anormalité dès l'entrée de l'enfant dans la préadolescence, et l'arrivée d'un second gamin -Chloé annonce à Tommy qu'elle est enceinte. Les enfants ont besoin de stabilité dès qu'ils arrivent à un certain âge. Ils ne peuvent pas être trimballer d'un endroit à un autre comme de vulgaires objets inanimés. Pourtant Tim et Chloé aiment leur fille. D'ailleurs, ce qui a retardé le retour de la mère, c'est qu'elle voulait récupérer le singe en peluche, que la gamine des proprios avait jeté à l'eau, pour Tommy, alors que Chloé a une certaine phobie des surfaces aquatiques. Cependant, le couple semble vivre dans une réalité parallèle dans laquelle la «felicità» c'est celle qu'ils s'inventent... La félicité du long métrage est, également, donnée par les paysages et les grands espaces qui offrent une liberté d'être et de penser... Z.H