Rapport APT d'ESET : une guerre silencieuse entre puissances numériques (Avril-Septembre 2025)    Boost pour l'équipe nationale avant le match d'ouverture !    Le Goethe-Institut Tunis présente Filmklub : Was ist neu? / Chfama jdid ?    Direct Club Africain – Stars d'Al Quds : chaîne TV et streaming disponibles    Matchs de la Tunisie lors de la Coupe Arabe Qatar 2025 et les primes en jeu    Red Sea International Film Festival 2025 : Le cinéma nord-africain à l'honneur    Inondations et glissements meurtriers frappent la région : des dizaines de morts    Samsung Vision AI Companion : L'AI conversationnelle au service des ménages du monde entier    Météo en Tunisie : pluies orageuses sur plusieurs régions du nord    Tunisie convoque l'ambassadrice des Pays-Bas pour ingérence    Choc : Trump réexamine les cartes vertes de migrants de 19 pays, dont 4 arabes !    Cancer du poumon : des milliers de Tunisiens touchés chaque année, alerte médicale    Après les fortes pluies, amélioration progressive dès demain    Hiver en Tunisie : risque d'intoxication massif, le ministère met en garde    Kaïs Saïed répond fermement au Parlement européen : La souveraineté tunisienne n'est pas négociable    nouvelair lance sa promo Black Friday: 30% de réduction sur tout son réseau    Sonia Dahmani libre ! Le SNJT renouvèle sa demande de libération des journalistes Chadha Haj Mbarek, Mourad Zghidi et Bourhen Bssaies    Tunisie Telecom, acteur clé d'une IA responsable et compétitive    Chine: L'Orient du développement, modèle d'avenir pour le Sud ?    Affaire des visas : la France assure qu'aucun joueur tunisien n'a été privé de match    Météo en Tunisie : pluies éparses attendues jeudi et vendredi    Prix Abou El Kacem Chebbi 2025 : La Tunisie au cœur de la création littéraire arabe    L'artiste tunisienne Bochra Mohamed est décédée    Foxit investit en Tunisie : le géant chinois du numérique parie sur nos talents tech    Ghalia : la chanson qui secoue la Tunisie contre les violences faites aux femmes    Epson L11050: l'imprimante A3 multifonction pensée pour les environnements professionnels exigeants    La Présidente de Malte remet à Mounir Ben Miled le Prix Mare Nostrum Lifetime Achievement 2025    Halima Ben Ali face à la justice française : un dossier qui fait trembler les frontières    Hommage à René Passet, pionnier de l'approche transdisciplinaire en économie et le développement durable    L'Ecole Supérieure d'Economie Numérique organise ESENet Talent Fair 2025 : l'ESEN met l'IA au cœur de l'entreprise    Elyes Ghariani: L'Union européenne à l'épreuve des nouvelles dynamiques sécuritaires    Ce vendredi à la librairie Al Kitab Mutuelleville: Jilani Benmbarek présente son nouveau livre «Lumière sur une aventure»    Météo en Tunisie : pluies orageuses attendues à l'extrême nord    Triomphe tunisien au Caire : Afef Ben Mahmoud sacrée meilleure actrice pour « Round 13 »    Les nouveaux ambassadeurs du Burkina Faso, du Liban et des Etats-Unis d'Amérique présentent leurs lettres de créances au Président Kais Saied (Vidéo et album photos)    Khadija Taoufik Moalla - Dépasser la notion de "race": vers une humanité réconciliée    Kairouan acclame son illustre fille, Hafida Ben Rejeb Latta (Album photos)    Le jour où: Alya Hamza...    Alerte Technique : Cloudflare frappé par un ''pic de trafic inhabituel''    Le SNJT organise un mouvement national dans toute la Tunisie pour défendre la liberté et la dignité des journalistes    Ridha Bergaoui: Des noix, pour votre plaisir et votre santé    Match Tunisie vs Jordanie : où regarder le match amical préparatif à la CAN 2025 du 14 novembre?    Hafedh Chekir: Accroissement naturel de la population en Tunisie    Jamila Boulakbèche et Isra Ben Taïeb remportent 2 médailles d'or aux Jeux de la Solidarité islamique 2025    Secousse tellurique en Tunisie enregistrée à Goubellat, gouvernorat de Béja    Le CSS ramène un point du Bardo : Un énorme sentiment de gâchis    Ligue 1 – 11e Journée – EST-CAB (2-0) : L'Espérance domine et gagne    New York en alerte : décès de deux personnes suite à de fortes précipitations    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Un corps mécanique et sensuel
Publié dans Le Temps le 18 - 02 - 2021

La nouvelle création de Oumaima Bahri sera présentée le 20 février à 17h à El Teatro dans le cadre du festival des premières chorégraphies. Une oeuvre limpide et une chorégraphie résolument moderne.
C'est en soliste, seule en scène et enveloppée de musique, que la danseuse et chorégraphe Oumaima Bahri se produit cette semaine à El Teatro. Intitulée "Fragments", sa nouvelle création se place dans le droit sillage de ses travaux antérieurs, avec une sobriété dans la scénographie et une réflexion en profondeur sur l'essence même de la danse.
Une suite chorégraphique en six mouvements
Car Bahri est de ces artistes qui font avancer leur art et ne se contentent pas de reproduire la convention et ses poncifs. Bien au contraire, cette danseuse ancre sa pratique dans une doxa en perpétuel mouvement, en maturation théorique permanente. N'investissant pas le champ du spectaculaire, Bahri fait plutôt le choix du dépouillement, ce qui lui permet d'aller au bout des possibilités du corps dansant. Soliste, parfois gracieuse et parfois désarticulée, Bahri se définit comme un corps mouvant qui interpelle tout ce qui est statique.
Dans cette optique, "Fragments" est une suite qui en six mouvements, explore les passages, les temps suspendus et l'épiphanie d'un corps en mouvement. Le corps de la danseuse est quasiment désincarné, aberrant mais chevillé à la passion. Les six mouvements du solo sont en eux-mêmes des fragments qui mettent en mouvement un corps lui-même en pièces. Cette mise en abyme est le fondement esthétique de ce spectacle qui oscille entre chute et apothéose. Elle est l'argument qui donne à "Fragments" toute sa puissance et sa dynamique : celle d'un corps dansant qui se dévoile progressivement, instaure sa propre fragmentation puis investit les arcanes d'une intimité révélée.
De la furie gestuelle à l'épiphanie d'un corps
Les deux premiers mouvements de "Fragments" posent une dialectique du corps qui hésite entre le mécanique et le sensuel, autrement dit entre le physique et le sensible. Cet élan pris, Oumaima Bahri instaure une atmosphère de sérénité, une sorte d'accalmie, dans son troisième mouvement. Comme une âme en peine, ce corps est désormais en quête de réconfort, de quiétude voire de méditation profonde. Succède alors la tempête dans un quatrième mouvement où le corps entre en fusion, se transfigure en furie, joue la déstructuration. Cette fugue au cœur de l'hystérie gestuelle aboutit à un paroxysme chorégraphique, un azimut dansé qui laisse le corps pantelant, extatique, dans le périmètre troublant de la transe.
Epuisé, le corps mouvant de la danseuse reprend possession de soi, retrouve en quelque sorte ses esprits ou son ange-gardien. Ce cinquième mouvement agit comme si une voix intérieure et invisible la raisonnait. La danseuse entre alors en résonance avec le spirituel celé en elle. Comme si le corps retrouvait la raison et les voies impénétrables de l'anima, cette immanence qui habite tout être vivant.
Après les fulgurances, le sixième mouvement rétablit la dialectique initiale et le cercle narratif se referme sur un corps hésitant entre la chute et l'élévation, entre le chaos de la fragmentation et l'acceptation de la fragilité. Le solo peut alors s'achever sur des retrouvailles nostalgiques avec une sensualité toujours aux prises avec un corps captif de sa mécanique, un corps mouvant dans un désir/destin qui lui donne son énergie.
Entre tragédie antique et opéras mythiques
Par certains aspects, cette nouvelle création de Oumaima Bahri emprunte au registre de la tragédie antique les oscillations du personnage dansant aux prises avec une fatalité qui le taraude, l'enferme dans un corps qui peut lui échapper. Le lyrisme qui jaillit de cette oeuvre puise aussi dans la psyché des mythes. Car ce corps bouleversé est captif de nombreuses emprises qui l'enlèvent à son for intérieur puis le restituent à la norme des simples mortels. Comme un personnage d'opéra, ce corps mouvant est un Faust en quête de vérité ou une Aïda perdue dans les fastes pharaoniques. Comme une Alice qui serait passée des deux côtés du miroir, Oumaima Bahri raconte l'émerveillement d'un corps fragile et libre, fragmenté et dans la plénitude.
La première de "Fragments" aura lieu samedi 20 février à El Teatro et promet d'être un moment fondateur pour toute l'équipe qui a veillé sur cette création. Créée par Kais Rostom, la musique originale est aussi le fait de Amal Ben Saad qui intervient également. Grâce à Khemais Bahri, le mixage de la musique va au bout des intentions des artistes. Le texte avec la voix off de Lilia Ben Romdhane sont également mis en valeur. Tout comme le travail de Ayoub Sassi pour la photo-vidéo et celui de Sabri Atrous pour la lumière. Nesrine Bahri, Emna Mouelhi, Farah Kerrit et Lina Babba complètent une équipe valeureuse qui porte la danseuse Oumaima Bahri à bout de bras. Produite par Corps mouvant, la création "Fragments" a bénéficié du soutien du ministère des Affaires culturelles.
H.B


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.