L'artiste française Astrid Ivars expose ses "patines sur objets de décoration" à la galerie Imagin de Carthage. Une collection visible du 6 au 20 mars. C'est sa démarche d'artiste designer qu' Astrid Ivars met en avant dans l'exposition que devrait accueillir l'espace d'art Imagin à Carthage Dermech. Ce sont ainsi des objets de décoration qu'elle transforme en oeuvres d'art impromptues grâce à la patine dont elle les revêt. Des répliques d'artefacts antiques Inattendus, ces objets, elle les choisit au hasard des rencontres ou de son inspiration. Il peut s'agir d'une statuette qui est la réplique d'un artefact antique ou encore d'une pièce de bois ouvragé. Ces objets sont alors parés d'une patine qui les sublime tout en apposant la griffe de l'artiste. Ce sont les tonalités ocres et dorées qui illuminent cette collection d'oeuvres qui invitent à la contemplation et aux réminiscences. La touche artistique est évidente, subtile et décisive car elle métamorphose des objets familiers. Ces pièces de décoration sont alors projetées dans une nouvelle dimension esthétique par le biais de ces patines évocatrices de la fuite du temps. Métaphoriquement, l'exposition d'Astrid Ivars est aussi une réflexion sur le temps et la manière dont il peut faire évoluer une oeuvre. Une réplique de statuette antique est en soi un regard sur le passé que la patine amplifie tout en suggérant une nouvelle vie de l'objet. La métamorphose des objets familiers Car si les patines vieillissent un objet, elles l'embellissent également. Etant c'est là que réside le tour de force de l'artiste. Ivars parvient en effet à faire rejaillir la lumière de ce qui était pétrifié, figé. En l'enduisant d'un marqueur temporel aux nuances lumineuses, l'artiste régénère chaque objet et, au fond, le transforme radicalement. De fait, la démarche d'Astrid Ivars relève de la performance et plus précisément de l'Action Painting. Si elle préfère débusquer le beau dans ce qu'elle modifie, il n'en reste pas moins qu'elle invite le regard à appréhender tous les ressorts de sa méthode. En effet, ces patines ne sont pas simplement visuelles et impliquent une virtualité qui n'est autre qu'une philosophie du temps. Une installation artistique qui ne dit pas son nom Il faut savoir regarder ces oeuvres dans leurs différentes dimensions pour saisir que cette collection est une installation artistique qui ne dit pas son nom. Chaque objet est singulier, prolonge le geste de l'artiste et interpelle le regard. Désir de beauté ou design esthétique ? Les oeuvres exposées sont inscrites dans cette double trajectoire et invitent à une méditation qui aille au delà des apparences. Une collection à découvrir du 6 au 20 mars à la galerie Imagin qui est ouverte tous les jours de 15h à 19h. Myriam Ben Rachid Mestiri y accueille Astrid Ivars et confirme sa vocation de dénicheur de talents ainsi que son travail d'animation de la scène artistique à Carthage. H.B