A l'occasion de la quatrième édition en Tunisie de la rencontre périodique de la Banque Africaine de Développement avec les ambassadeurs d'Etats membres et les représentants d'organisations internationales , tenue hier à Tunis, les problèmes de développement de l'Afrique et les actions de la BAD ont été à l'ordre du jour. Un débat franc entre le président de la Banque et les ambassadeurs a marqué la rencontre.Quelles sont les perspectives de développement de l'Afrique ? Quel est le bilan des activités de la banque ? .Comment s'adapter aux nouvelles mutations internationales ?
Dr. Donald Kaberuka, président de la B.A.D, ne pouvait dissimuler son bonheur en annonçant qu'au cours de l'année 2006, son institution a « consolidé davantage ses réalisations. Les opérations du Groupe de la Banque ont enregistré des niveaux record en termes de prêts, de dons et d'allègement de la dette ». Les prêts ont atteint le niveau de 3,4 milliards de dollars, soit une augmentation de 32% par rapport à 2005. Deux milliards de dollars ont été dégagés par le guichet concessionnel aux pays à faible revenu. Quant au guichet du secteur privé, il a plus que doublé le montant de ses prêts atteignant l'enveloppe de 401 millions de dinars. Les résultats financiers de la Banque ont, à leur tour, connu une amélioration en 2006. Un revenu d'exploitation d'environ 255 millions de dollars est attendu. D'ailleurs, les ratios de la banque la placent parmi « les meilleurs au sein des banques multilatérales de développement », déclare son président. Les principales agences d'évaluation, la Moody's, l'agence japonaise d'évaluation de crédit et Fitch et Standar and Poor's ont encore « accordé à la Banque les meilleures cotes de crédits possibles ». La confiance dont jouit l'institution dans les marchés des capitaux lui a permis de réussir le lancement de sa cinquième émission obligatoire multi - marchés de 500 millions de dollars. A moyen terme, la situation de la Banque reste solide comme sa capacité à supporter les risques.
Introduire une dose de sélectivité Quel est l'objectif de la banque ?. Il n'est autre que « l'accélération de la croissance économique et la poursuite de la réalisation des objectifs du millénaire pour le développement ». C'est pourquoi, la banque accorde - t - elle une attention particulière à tous les secteurs de l'économie, tout en étant consciente qu'il est temps d'introduire une certaine dose de sélectivité et « de résister à la tentation de vouloir tout faire ». « Aujourd'hui, il apparaît clairement dans toute l'Afrique que la pénurie d'énergie et le mauvais état des routes compromettent de plus en plus la croissance économique et menacent de battre en brèche les réalisations des dernières années », déclare le patron de la BAD en ajoutant que « cette année, nous avons tenté timidement d'être sélectifs et de mettre davantage l'accent sur l'eau, l'infrastructure, l'énergie, les transports qui représentent, désormais, plus de 40% des opérations du FAD ». Une banque du savoir Dans cette catégorie de pays, l'intervention de la BAD vient en appui aux programmes de réforme, renforçant le secteur privé, modernisant les infrastructures, créant des emplois et renforçant la compétitivité générale des économies. La troisième catégorie des pays concerne ceux qui ont connu de graves conflits. Depuis 2003, la Banque a mis en place un instrument dénommé « Mécanisme en faveur des pays sortant d'un confit » permettant les arriérés. Un travail de restructuration au sein de la banque a été engagé en 2006 dans l'objectif « d'améliorer la qualité de ses opérations, de renforcer leur impact sur le développement et mieux répondre à l'évolution des besoins des pays membres régionaux ». De nouveaux cadres dirigeant ont renforcé le personnel de la Banque. Une initiative a été prise par la Banque, mérite d'être mise en exergue. Il s'agit de la création d'un Bureau de l'économiste en chef pour jeter les bases d'une « banque du savoir ». Par la recherche et la constitution de réseaux, ce bureau permettra de consolider les capacités statistiques et le travail analytique de la banque. « Ce réseau d'économistes et de praticiens du développement s'inspirera des meilleures réflexions produites en Afrique et ailleurs pour permettre à la Banque et à ses partenaires de développer progressivement une voix plus forte sur les enjeux du développement en Afrique », déclare le patron de la BAD. Tirer profit des conditions favorables Comment se sont comportées les économies africaines ? « Pour la sixième année consécutive, les économies du continent ont progressé ». Le rythme de croissance du PIB réel est passé de 5,2% en 2005 à 5,4%. Environ la moitié des pays du continent ont réalisé des taux de croissance d'au moins 5%. Selon les estimations de la BAD, « la croissance sera forte dans une dizaine de pays ». Nos économies doivent savoir tirer profit des conditions favorables de l'économie mondiale. La tenue des prochaines Assemblées annuelles à Shanghai en Chine, inspirera - t - elle nos décideurs en matière de réduction de la pauvreté ? Elle sera une occasion pour tirer des enseignements des performances spectaculaires de l'Asie. L'Afrique saura - t - elle reprendre définitivement le chemin d'une croissance durable et équilibré ?. A la BAD, une détermination à maintenir l'élan est perceptible.