L'évacuation des étrangers a commencé Le Temps - Agences - Les combats ont repris hier après une nuit d'accalmie entre l'armée et les rebelles tchadiens au coeur de N'Djamena, où le président Idriss Deby Itno résistait toujours, retranché dans son palais, dans un rapport de forces à l'issue très incertaine. La rébellion a aussi attaqué hier la préfecture d'Adré, à la frontière du Soudan (est) avec, selon le préfet tchadien de région, le soutien de l'aviation soudanaise. "Les rebelles sont soutenus par des hélicoptères soudanais et des Antonov de l'armée soudanaise", a déclaré le général Abadi Saïr. "Ils sont nombreux mais on résiste." A N'Djamena, outre de vifs échanges aux abords de la présidence, des hélicoptères de l'armée ont attaqué des pick-up de l'alliance rebelle depuis l'aéroport, où sont également établis les 1.450 militaires français du dispositif Epervier. Les forces gouvernementales ont demandé aux habitants d'évacuer le quartier de la présidence, a-t-on appris de source proche du pouvoir. Dans l'ouest de la ville selon un témoin, un char de l'armée défendait l'accès de la radio nationale en tirant systématiquement sur toute présence humaine. Depuis samedi soir, plus de 500 étrangers dont 217 Français ont été évacués vers Libreville par des vols militaires français. Deux avions devraient quitter la capitale gabonaise pour Paris dimanche, respectivement vers 14H00 (14H00 HT) et 22H00 (22H00 HT), a indiqué l'armée française. Samedi, l'aviation française s'était bornée à sécuriser l'aéroport pour les évacuations. Hier, des chasseurs Mirage F1 ont effectué des passages au-dessus de N'Djamena, selon des sources militaires. Les appareils ont ensuite été "mis à l'abri" dans des pays voisins. "Les Français ne sont pas intervenus" samedi, a reconnu le porte-parole des rebelles, Abderaman Koulamallah. "Nous ne sommes pas allés prendre l'aéroport pour ne pas gêner l'évacuation des ressortissants étrangers, et maintenant l'armée française laisse décoller les hélicoptères (tchadiens) qui viennent nous attaquer", a-t-il toutefois regretté. Les combats d'hier, au deuxième jour d'une bataille acharnée, semblaient avoir sonné le glas d'un cessez-le-feu à l'initiative du dirigeant libyen Mouammar Khadafi, médiateur désigné par l'Union africaine (UA). Tripoli avait affirmé que Mahamat Nouri, l'un des trois chefs de l'alliance rebelle, acceptait cette trêve. Le général Nouri "a dit d'accord, mais à condition que les deux autres chefs de l'alliance (Timan Erdimi et Abdelwahid Aboud Makaye) acceptent aussi", a nuancé ensuite Abderaman Koulamallah. Ces affrontements, les premiers à N'Djamena depuis l'offensive rebelle de 2006, semblent avoir fait de nombreuses victimes, même si aucun bilan n'a été diffusé. Des cadavres calcinés ou déchiquetés ont été vus par des témoins tchadiens et européens. Le ministre français de la Défense Hervé Morin a par ailleurs confirmé que le chef d'état-major tchadien, Daoud Soumaïn, avait été tué dans des combats vendredi lors d'affrontements à Massaguet, à 50 km à vol d'oiseau de N'Djamena. Les rebelles, malgré des intérêts divergents, se sont alliés mi-décembre sous la pression du Soudan, selon des experts. Khartoum souhaite notamment, estiment ces même experts, perturber le lancement de la force européenne de 3.700 hommes au Tchad et en Centrafrique (Eufor) destinée à protéger les réfugiés du Darfour (ouest du Soudan). Hervé Morin a indiqué hier que le déploiement de l'Eufor était "suspendu jusqu'à mercredi", ajoutant que "personne" n'avait l'intention d'y renoncer. Dans une interview à l'hebdomadaire français Le Journal du Dimanche, le chef des rebelles du Rassemblement pour le changement (RFC), Timane Erdimi, a expliqué que son mouvement ne voyait "plus aucun inconvénient" à la présence de l'Eufor, si cette mission "a une mission noble qui consiste à sécuriser" les déplacés et les réfugiés. D'abord jugé au plus mal samedi à la mi-journée, le président Idriss Deby Itno avait ensuite desserré l'étau autour de son palais. Ce chef militaire arrivé au pouvoir par les armes en 1990, lui aussi à partir du Soudan, a réussi à plusieurs reprises ces dernières années à renverser la situation, y compris lorsque les observateurs prédisaient sa chute imminente. La France lui a proposé dès vendredi de le faire sortir du Tchad s'il le souhaitait, mais il a refusé.
L'évacuation des étrangers a commencé Le Temps - Agences - Environ 400 Français et ressortissants étrangers ont été transférés du Tchad vers le Gabon et les premiers rapatriements vers Paris pourront avoir lieu "dans la journée", a précisé hier le ministre de la Défense Hervé Morin. "L'armée française a évacué autour de 400 personnes, toutes volontaires, vers Libreville et nous pourrons rapatrier celles et ceux qui le souhaitent sur Paris dans la journée", a déclaré M. Morin sur Europe-1. Il a ensuite précisé sur France-Info que ces évacués "sont arrivés ou sont sur le point d'arriver à Libreville", la capitale du Gabon, et qu'"environ 250 à 300 personnes" souhaitent encore quitter N'Djamena. Le ministre de la Défense a ajouté "qu'il y a une part croissante de nos compatriotes ou de ressortissants étrangers qui souhaitent quitter le territoire tchadien". Les opérations de transfert "ne sont pas suspendues en tant que telles" en raison des combats dans la capitale tchadienne. "Elles ont été arrêtées pendant quelques instants pour (...) sécuriser l'ensemble des vols, mais nous continuons à faire le transfert entre N'Djamena et Libreville", a-t-il souligné. Selon M. Morin, le chef d'état-major tchadien avait été tué dans les combats, mais "le président Déby a repris les choses en main sur une partie de N'Djamena, repoussant les forces rebelles sur la périphérie de la capitale". A la question de savoir si la France avait proposé à Idriss Déby de l'évacuer, le ministre a répondu que "la France, en effet, se préoccupe d'un chef d'Etat étranger qui a des liens particuliers avec la France (...) qui refuse de partir dans ces conditions-là". Quant au déploiement des premières unités de la force de maintien de la paix au Tchad (EUFOR), le ministre de la Défense a assuré qu'il était "seulement suspendu quelques jours, le temps que la situation se calme et s'améliore à N'Djamena". Il a estimé que l'EUFOR conserve toute sa "pertinence compte-tenu de la situation au Tchad aujourd'hui". "L'Eufor a une mission de stabilisation et de sécurisation, notamment des camps de réfugiés ou de déplacés, qui représentent près de 450.000 personnes", a-t-il ajouté.