Maîtrise des coûts des médicaments par le droit (prochainement) accordé aux pharmaciens de décider de l'opportunité de la substitution. En un mot : les médicaments génériques * L'expérience française Les médicaments génériques, la formation continue des pharmaciens, l'emploi des jeunes pharmaciens et autres thèmes plutôt scientifiques, sont au centre des débats engagés depuis hier et durant deux jours, par le Conseil National de l'Ordre des Pharmaciens et la Société des Sciences Pharmaceutiques de Tunisie, à l'occasion des IVèmes Journées de l'Ordre des pharmaciens et des XIIIèmes Journées pharmaceutiques tunisiennes. Différentes générations de pharmaciens, cadres du ministère de la santé, le PDG de la CNAM, le doyen de la Faculté de pharmacie de Monastir, des représentants des structures pharmaceutiques en Algérie et au Maroc, des conférenciers français étaient au rendez-vous. Comme l'a rappelé M. Ali Naas, président du Conseil National de l'Ordre, « cette rencontre s'organise à un moment où les défis et les évolutions démographiques appellent à des réformes adaptées ». Il ajoute : « la collaboration entre l'Ordre et le ministère de la Santé publique se fait dans une atmosphère de concorde. Elle est fructueuse en ces temps où les pharmaciens sont inquiets pour leur avenir. L'objectif du pharmacien n'est pas de vendre plus, mais de jouer son rôle de conseil. Il doit adhérer aux nouvelles technologies d'information et de communication. Ce qui nécessite des investissements alors que la viabilité de beaucoup d'officines est en danger ». Les pharmaciens comptent beaucoup sur la C.N.A.M. Les médicaments génériques n'ont pas encore connu l'essor attendu. La loi 1973 n'autorise pas le pharmacien de procéder à la substitution. Il serait donc judicieux de les associer dans la mise en place des procédures de substitution.
Pénétration des marchés étrangers Radhi Dargouth, président de la Société des Sciences Pharmaceutiques de Tunisie devait rappeler que la Société a pour mission la formation continue du pharmacien. Depuis 1981 elle n'a pas arrêté d'éditer sa revue « Essaïdali ». Et depuis 1984, ses journées scientifiques sont organisées régulièrement. A l'ouverture des travaux M. Mondher Zenaïdi, ministre de la Santé publique devait rappeler qu'en Tunisie, l'espérance de vie à la naissance a dépassé les 74 ans. Le pays est passé d'un médecin pour 2160 habitants en 1987 à un médecin pour environ 940 habitants actuellement. L'industrie pharmaceutique tunisienne a pénétré les marchés étrangers après avoir couvert 47% des besoins locaux en termes de valeur et 60% en terme de quantité. La majorité de nos hôpitaux disposent de cadres pharmaciens qui veillent à la bonne gestion du stock des médicaments et à la rationalisation de sa consommation. Les besoins de biologistes pour les analyses médicales sont satisfaits. L'amélioration de la répartition géographique des pharmacies d'officine a aidé à rapprocher le médicament du citoyen dans toutes les régions. Dernièrement le ministère a créé le poste de pharmacien assistant et a institué la création d'un poste de pharmacien dans chaque clinique disposant de plus de 60 lits. Le numérus clausus a été révisé aussi bien pour les pharmacies de nuit que pour les pharmacies de jour. Désormais il est possible d'ouvrir une pharmacie dans les zones non - communales dont le nombre d'habitants dépasse les 4000.
Garantir au pharmacien le droit de substitution Parallèlement à ces acquis, le ministre a insisté sur les défis que le secteur doit relever comme l'accélération de la mise à niveau du secteur de la santé publique, l'amélioration de la qualité des services de santé, la promotion de la formation, un meilleur profit à tirer des technologies de l'information et de la communication, l'investissement dans les services de santé, la consolidation du positionnement de la Tunisie comme pôle d'exportation des services de santé et de médicaments. Pour relever ces défis, le ministère compte sur l'adhésion de toutes les parties prenantes, dont les pharmaciens vu leurs capacités de communication avec les citoyens. Les pharmaciens ont un grand rôle à jouer dans la diffusion de la conscience sanitaire. Concernant les médicaments génériques, le ministre a affirmé que « la maîtrise des prix des médicaments est l'une des priorités nationales ». L'inscription des médicaments tient compte de l'efficacité et du coût. Ils sont classés, médicaments vitaux et essentiels et autres non essentiels. Les efforts sont concentrés sur la maîtrise des prix des médicaments vitaux et essentiels. L'incitation à la consommation des médicaments génériques est le meilleur moyen de maîtriser les prix et de baisser le coût de l'ordonnance médicale. La proportion de consommation des médicaments génériques ne dépasse pas les 30% actuellement. Pour la réussite du nouveau système d'assurance maladie, il faudra promouvoir davantage les médicaments génériques. La législation est en cours de préparation. L'Etat compte garantir au pharmacien le droit de substitution. Hassine BOUAZRA
L'expérience française En France, Un accord entre les pharmaciens et le gouvernement a été conclu en juin 1999 (décret du 12 juin 1999) : - les pharmaciens possèdent un droit de substitution qui leur permet de proposer des médicaments génériques à leurs clients en remplacement de certains médicaments de référence (princeps) prescrits. Ils doivent indiquer sur l'ordonnance le nom du médicament délivré et la posologie proposée. - le médecin prescripteur peut refuser la substitution. Le médicament générique est vendu entre 30 et 50 % moins cher que le prix d'origine. Pour inciter les pharmaciens à utiliser leur droit de substitution, et pour combler la diminution de leur marge bénéficiaire, la loi prévoit une rémunération adaptée sur leurs ventes, composée d'un forfait à la boîte associé à un barème proportionnel au prix du médicament.