Admirables. De vrais battants. Des guerriers. Les Egyptiens remportent leur deuxième trophée d'affilée et le sixième dans leur l'histoire. Un match intense, de la part de ces "Pharaons" qui allaient au charbon (c'est de l'anti-symbolisme) et qui mettaient une vertu essentielle dan ce duel: l'humilité. L'Egypte, vainqueur de cette CAN splendide (pas pour nous) n'aura rien pris à personne. C'est le triomphe de l'esprit de corps. Le triomphe de la simplicité. Et, pour tout dire, la consécration d'orientations précises, claires. A la différence de l'équipe tunisienne, l'Egypte, notre rival "chronique" dans tous les sports, s'est appuyée sur des constantes et non sur des constances.
L'assaut! Hassen Chehata doit avoir patiemment visionné la cassette de la rencontre Tunisie-Cameroun. Il doit s'être inspiré de ce duel pour repositionner ses joueurs. Il y a, en effet, des caractéristiques communes aux équipes égyptienne et tunisienne. Et sa priorité absolue était de ne pas faire comme nous: c'est-à-dire attendre le Cameroun, le laisser venir et laisser ses fortes individualités manœuvrer à leur guise. De fait, les Egyptiens prirent dès le début, d'assaut les Camerounais, alignant un 4-4-2 en losange dispositif susceptible d'étouffer la manœuvre adverse et de soumettre sa ligne médiane à un pressing continu. Et, d'ailleurs, cela permit au Pharaons d'enclencher des contres meurtriers, grâce à une grande rapidité d'action (celle là même qui nous aura fait défaut) et n'eut été un excès de précipitation face au gardien camerounais, Abou Trika et, surtout Metaâb, auraient "résolu" le match dès la première mi-temps. Cela dit, les Camerounais réagissaient presque du coup par coup sans pour autant avoir la force de percussion de leurs adversaires. Pfister s'est trop appuyé sur Eto'o et les poussées de ce dernier à partir du couloir gauche, pour foncer telle une tornade vers l'axe de la défense égyptienne. Sauf que, sur l'autre versant, Chehata imposait aux siens d'en faire autant sachant que l'axe défensif camerounais flottait. La première mi-temps fut donc dominée de bout en bout par l'Egypte. Dommage que Zaki (à deux fois), et qu'Abou Trika (à deux fois) lui aussi aient péché par précipitation. Le plus important c'est qu'ils fussent bien en jambes et physiquement frais. Logiquement, les Camerounais finiraient par céder en seconde mi-temps. Mais sait-on jamais…
Zaky, Zidan et Abou Trika A la reprise, M. Codja, irréprochable en première mi-temps, se présenta avec – peut être – quelques petites idées… Car on ne comprend pas qu'il se mît à tolérer le jeu dur et, surtout, à priver Metaab d'un coup franc indiscutable à deux mètres de la surface de réparation Car on connaît la précision des Pharaons sur les balles arrêtées. Il n'empêche, le Cameroun subit. Fébrile. Timoré. Remballant à la sauve qui peut. Zaky, sans doute le meilleur joueur de cette CAN, est incontrôlable, absolument déchaîné. Les tirs dans la cage de Kameny fusent de partout. Comme sur le bolide de Metaab. Pfister injecte Idrissou, dans l'équipe pour appuyer Eto'o. Mais l'étau égyptien se fait asphyxiant: onze bonhommes admirables, mus par un esprit de corps à toute épreuve. C'est cela une équipe nationale. Et sa force est dans son homogénéité. Seuls trois éléments évoluent ailleurs qu'en championnat égyptien: Zidan, Ahmed Hassan et Waël Gomaâ. C'est une garantie d'homogénéité . Homogénéité qu'essaient de faire valoir les Egyptiens, entreprenants mais malchanceux comme à la 61' lorsque Hosny Abed Rabbo percuta le montant gauche camerounais. Sauf que les minutes s'égrenaient et que les Egyptiens ne marquaient pas. Quelque part, c'est dangereux. Et d'ailleurs à vingt minutes de la fin du temps réglementaire, les protégés de Chehata se mirent à doser l'effort, craignant les prolongations. Le ton baissait. Le rythme aussi. Mais tout juste ce qu'il fallait pour reprendre leurs esprits. Car ces magnifiques battants étaient sur toutes les balles. Ils luttaient en hommes, en vrais. Et à la 77', Zidan flaira que Song allait "balbutier" sur une balle en retrait: les deux hommes luttent; Zidan lui subtilise la balle, se relève et de la pointe du pied sert Abou Trika, seul face au gardien et qui place une balle historique, de surcroît, dans un angle fermé. L'Egypte remportait son 6e trophée, le deuxième d'affilée… Bien sûr il faut aussi un peu de chance: Codja (qui nous faisait peur) fit une petite fleur aux Egyptiens. Qu'à cela ne tienne : que ce soit une équipe arabe qui remporte le titre nous comble d'aise. mais l'Egypte est réellement la meilleure équipe d'Afrique. Raouf Khalsi