Une journée d'information, sur le thème : « OGM, Agriculture et bio- sécurité » a été organisée hier, à l'Institut National Agronomique de Tunisie (INAT), avec le concours du ministère de l'Agriculture, de la Pêche et des Ressources hydrauliques et celui de l'Environnement et du Développement durable. Ouverte par une allocution de M. Abderrazak Dâaloul, Secrétaire d'Etat Auprès du ministre de l'Agriculture et des Ressources Hydrauliques chargé de la Pêche, la journée aura permis, notamment, à travers les différentes interventions d'experts, de chercheurs et agronomes, tunisiens et européens, de faire le point s'il en est, sur la question des OGM, et leur exploitation en agriculture. Dans la mesure où le monde entier, se trouve confronté, de plus en plus, aux menaces inhérentes à l'explosion démographique, à la rareté de l'eau, à la désertification, aux changements climatiques, à l'expansion de l'urbanisme et à la flambée des prix des intrants liés à la flambée des prix des ressources énergétiques, il s'avère important de chercher les solutions adéquates, à même de résoudre la crise, en relevant les défis de l'heure ; lesquels consistent, aussi bien à l'extérieur que sous nos latitudes, à assurer l'auto- suffisance dans le domaine alimentaire, en tirant profit de toutes les avancées technologiques et scientifiques, susceptibles d'apporter des réponses efficientes, dans le secteur agricole. Secteur qui constitue le point névralgique de la recherche, sur un sujet aussi controversé que celui des OGM. En ce sens, le but de cette journée n'étant pas de se situer pour ou contre l'utilisation des Organismes Génétiquement Modifiés, mais de profiter de la présence des spécialistes, et des multiples expériences menées de par le monde, et ce, afin d'encourager encore plus la recherche scientifique dans nos murs, sur la question de l'utilisation éventuelle des OGM en agriculture, quand on sait que de par le monde déjà, les plantes génétiquement modifiées occupent plus de 100 millions d'hectares, et font partie intégrante de l'agriculture moderne. Ainsi, et dans le sillage des progrès enregistrés en agriculture au cours du vingtième siècle ; à savoir : la mécanisation, l'utilisation des engrais, des pesticides, et des variétés améliorées, surtout hybrides, les OGM, en tant que solution potentielle, à l'éradication de la faim dans le monde, auront suscité moult débats, et ce n'est pas fini, sur le rôle qu'ils doivent jouer, ou pas, dans le développement d'une agriculture moderne. C'est à cet égard que la Tunisie, avec les 1.25% du PIB accordé au budget de la recherche suite à une décision présidentielle, a pu se doter d'un grand nombre de laboratoires et d'unités de recherche, ainsi que des institutions de formation et de recherche en biotechnologie et d'amélioration des plantes. Ce qui a contribué, suite au plan directeur présidentiel pour la recherche agronomique (1998 et 2008), d'obtenir de nouvelles variétés de céréales, légumières et fourragères; comme d'instaurer une base de recherche pour la tolérance aux changements climatiques. Cela, en tenant compte également, de la création de la Banque Nationale des Gènes, pour la conservation des ressources Génétiques végétales et animales, devant les risques d'érosion génétique. Tout cela évidemment, dans la perspective, avant toute chose, d'assurer la sécurité alimentaire dans le contexte d'un développement durable, tendant surtout à relever les défis de l'autosuffisance alimentaire en produits de base (céréales, laits et viandes). Mais, comme il n'est pas superflu de le rappeler, la controverse sur l'utilisation des OGM, dont certains puissants lobby industriels détiennent, de par le monde, les tenants et les aboutissants, rejetant en vrac, tous les principes de précaution, brandis par certains pays, contre l'importation de produits, génétiquement modifiés, ou leur exploitation sur leurs terres, et dans la mesure où jusqu'ici, il n'y a point de preuves scientifiques qui établissent sans conteste, le danger que peuvent entraîner ces OGM sur la santé des individus, la Tunisie tend à renforcer la formation et la recherche dans ce domaine, pour mieux comprendre les dossiers à étudier et les mécanismes, en évaluant le risque, en mettant en place, en outre, un système national de détection des OGM (laboratoire), aux côtés de la programmation d'un centre de veille scientifique, afin de mieux expliquer les risques et conseiller les commerçants et les consommateurs. Cela, en instaurant une législation de bio sécurité, relative aux précautions à prendre en matière d'importation de semences et plants en matière de denrées alimentaires, aux évaluations des risques et au confinement de la recherche sur les Organismes Génétiquement modifiés. Ainsi, traçabilité et étiquetage sont à l'ordre du jour de la recherche, afin de tirer profit, du mieux qu'il soit, pour l'intérêt de l'agriculture tunisienne. Tout cela, pour conforter les efforts que n'a de cesse de déployer le Ministère de l'Agriculture, pour atteindre l'autosuffisance, en exploitant au mieux, les potentialités agricoles, avec également, le recours à des moyens de fertilisation, et de lutte phytosanitaire intégrée. Cela étant, cette journée aura permis en outre, de dresser l'état des lieux de la recherche en biotechnologie et de la biodiversité, intra-muros.