La cadence des huis clos frappe de plein fouet le football tunisien, principalement, dans sa vocation ludique. A quoi sert, en effet, de jouer au football, si le spectacle n'y est pas ? Et peut-on parler de spectacle face à des gradins vides ? Jamais football tunisien n'a connu pareille hémorragie. Et le plus grave c'est que l'on croit régler le problème en décrétant le huis clos, ce qui veut dire qu'on « soigne » les conséquences de ces dérives et que l'on n'ose pas remonter jusqu'à leurs causes. La banalisation du huis clos nous fait penser à des structures - celles de la Ligue comme celles de la Fédération - ; des structures, comment dire, bananières. A l'anachronisme des textes s'ajoutent l'indolence, l'incohérence, et une franche désinvolture dans la gestion du football. La Ligue gère le championnat. Mais une structure indépendante, arrimée au Bureau fédéral (si ce n'est l'inverse), désigne les arbitres. On sait qu'en matière d'arbitrage, on ne saurait, à la fois, contenter le bon Dieu et son diable. Aucun arbitre ne fait l'unanimité et c'est logique. Dirigeants et public crient, tels des névrosés, à la supercherie, même quand il n'y a rien à reprocher à l'arbitre. Mais si des incidents surviennent au cours d'un match de bon voisinage et qu'un jeune égaré jette une bouteille et ne sache pas dire réellement pourquoi il l'a fait ou qui l'y ait poussé, nous effleurons sérieusement la catastrophe. Un match sans enjeux et qui dégénère : cela veut dire que s'il n'y a pas d'enjeux, il y a du moins des tensions. Et pourquoi ces tensions ? Oui, tensions... Et la source de ces tensions ce sont les décideurs, ceux qui ont désigné M. Jédidi en dernière minute. Pourquoi fallait-il lui épargner ce match ? Simplement parce que l'imagination populaire n'a pas de limites... Et elle n'a pas toujours tort. M. Jédidi affiche son amour pour son équipe, le Club Africain (Cf.photo ci-joint). Il est toujours dans la galerie clubiste quand il n'officie pas. Or, un arbitre ne doit pas afficher ses sympathies et surtout pas son attachement à un club (ce qui est, d'ailleurs, son droit). Il n'en faut pas davantage pour le « ficher », pour le déterminer et lorsqu'on le désigne pour officier un match de l'Espérance, supporters, dirigeants et joueurs espérantistes établissent – à tort ou à raison – certains liens de cause à effet... Surtout, quatre jours après l'élimination clubiste en Coupe... Comme l'a dit Youssef Zouaoui, à « Assabah ».