Cette rubrique traite des faits réels dans des affaires anciennes et classées. Par respect pour les personnes , il n'est guère mention de non , ni de dates précises des faits , et encore moins de lieus précis. Il n'avait jamais quitté le patelin où il était né et la ferme où il avait grandi avec son père connu dans la région pour les cultures maraîchères et l'élevage d'ovins et de bovins, dans la ferme qu'il hérita de son aïeul. A l'âge de seize ans, " l'artiste " était déjà initié au travail de la terre et notamment la culture des agrumes. Il devait ce sobriquet à sa sœur, car il jouait à la perfection de la flûte. Il en fabriquait lui même à partir des roseaux qui poussaient en abondance et tenaient lieu de clôture de la ferme. Sa sœur était sa cadette de deux ans et faisait plus que son âge. Grande et élancée, elle avait les yeux en amandes, et un regard vif et intelligent. A vingt ans elle quitta la campagne pour aller continuer ses études à la capitale. Le jour de son départ, sa mère lui avait préparé quelques pains ronds et épicés cuits au feu de bois dans le four en terre, ou "Tabouna ". Elle avait les yeux en larmes et ne pouvait même pas lui dire au revoir, et elle était comme étranglée par les sanglots qui la prenaient à la gorge. Son père se contenta de d'embrasser sa fille sur le front avant de la laisser partir, avec son frère qui l'accompagnait à la gare, pour le train de sept heures. C'était la première fois qu'elle quittait le domicile de ses parents. Son frère qui l'aidait à prendre ses bagages, était triste mais n'osait pas le montrer afin de ne pas la décourager. " l'artiste " fit vite de partir, en essayant de cacher ses larmes à sa sœur, qui prit déjà place dans le wagon en première classe. Un an passa sans problèmes. La sœur téléphonait de temps à autre. Mais la famille fut froissée d'apprendre de la bouche de leur fille qu'elle ne rentrait pas pendant les grandes vacances, parce qu'elle avait trouvé un travail saisonnier dans un cabinet médical. Le père continuant à cultiver tranquillement sa ferme, ne se faisait pas beaucoup de soucis pour ce détail. Puis plus de nouvelles durant six mois. " L'artiste ", s'inquiéta outre mesure pour sa sœur qui avait l'habitude de lui téléphoner une fois par semaine. Il décida d'aller à la capitale, pour s'enquérir de ce qu'il était advenu d'elle. Il le fit discrètement sans en dire mot à sa famille. Il alla directement à la cité où habitait sa sœur, et fut choqué de la voir en compagnie d'un jeune homme. A sa vue elle rougit et fut si perturbée qu'elle baissa les yeux pour ne pas lui regarder en face. Le jeune homme qui l'accompagnait ne s'aperçut de rien. L'artiste s'avança lentement et vint saluer le couple. Sa sœur le présenta à son ami et tout d'un coup et l'atmosphère se détendit. " L'artiste " sut, que ce jeune homme était un camarade d'université à sa sœur. Celui-ci lui fit part de son intention d'épouser Yasmine une fois leurs études terminées. L'artiste n'avait pas émis d'avis particulier et se contenta d'afficher un petit sourire. La sœur dans une discussion en tête-à-tête avec l'artiste lui révéla qu'elle avait l'intention d'annoncer la nouvelle à son père. " C'est encore prématuré " lui dit-il, " attend d'abord de terminer tes études. Quand tu décrocheras ton diplôme, tout s'éclaircira ". La sœur hocha la tête en signe d'approbation ,et l'artiste prit congé du couple et rentra par le train de 17 heures au patelin familial. Il tranquillisa ses parents en leur annonçant que sa sœur était absorbée par les études, mais qu'elle allait très bien. Les vacances d'été étaient déjà là. Yasmine qui réussit son diplôme d'agriculture se décida enfin de rentrer au bled. Elle fut accueillie par des youyous de sa mère auxquels se mêlaient les larmes de joie de tous les membres de la famille. Un seul inconvénient vint cependant gâcher la joie des retrouvailles : Yasmine a été aperçue à la gare en compagnie du jeune homme, par son cousin qui comptait l'épouser lui aussi, et avait même manifesté cette intention à ses parents depuis déjà quelques années. Il suivit le jeune homme qui s'installa dans un petit hôtel près de la gare. Sans crier gare, il l'interpella pour le menacer de but en blanc : -" Tu ne comptes pas épouser ma cousine, j'espère ; j'ai demandé sa main depuis déjà tant d'années " -" Je ne te connais pas et je ne comprends rien de ce que tu me dis " lui rétorqua le jeune homme. -" Tu comprendras lorsque tu te retrouveras les pieds devant " -" Tes menaces ne me font pas peur, et je fais peu de cas de toi ! " Le jeune homme venu pour demander la main de la jeune fille, était dans tout ses états. Il attendit de voir sa dulcinée pour l'informer de l'incident. Puis se décida d'aller la voir. Il la rencontra à quelques centaines de mètre de la ferme, près du grand étang. Alors qu'il discutait avec elle, le cousin fit irruption, et ce fut le drame Trois jours plus tard le cousin fut découvert inerte au fond de l'étang. Arrêté ainsi que sa compagne, ils donneront deux versions différentes des circonstances de la mort du cousin. La jeune fille avança que celui-ci venait dans l'intention d'agresser son compagnon, et qu'à un moment donné voulant l'attaquer il glissa et tomba au fond de l'étang. Elle ajouta qu'il n'ont pas pu le secourir et pris de panique ils quittèrent les lieux. Quant au jeune homme, il déclara que le cousin était venu avant lui sur les lieux, et il était déjà en discussion houleuse avec la jeune fille, avant son arrivée. Il l'avait surpris alors qu'il voulait agresser la jeune fille. Celle-ci voulant se défendre, l'a repoussé et il s'est trouvé au fond de l'étang. Mais la jeune fille soutint mordicus, qu'il voulait bel et bien agresser son compagnon, et à aucun moment il ne s'attaqua à elle. Qui donc était coupable entre la jeune fille et son jeune compagnon ? Etait-elle sincère dans ses déclarations ? Avait-elle intérêt à impliquer celui auquel elle tenait et qui lui avait promis de s'unir avec elle pour le meilleur et pour le pire ?