La violence dans les établissements scolaires est un phénomène qui prend de l'ampleur d'année en année sous différentes formes allant de la violence verbale à la violence physique. Cette violence est surtout remarquée chez les élèves des collèges, cette tranche d'âge (12 à 15 ans) qu'on qualifie de pré-adolescence. Alors que la violence en milieu scolaire a longtemps été cantonnée aux jeunes de 16 à 19 ans, c'est à dire aux lycéens, elle a peu à peu gagné les collèges. L'accroissement important de l'effectif d'élèves dans les collèges, le droit accordé à l'élève de redoubler quatre fois dans l'enseignement de base de sorte qu'on trouve souvent des élèves de 16 ans dans la même classe avec des gosses de 12 ans et l'exiguïté des espaces dans ces collèges créés de toutes pièces à partir d'anciennes écoles primaires, toutes ces conditions ont clairement joué un rôle dans la recrudescence de la violence chez les collégiens. En effet, la dégradation du matériel de l'école et des locaux, les actes d'intimidation, les injures, les rackets entre élèves (les grands obligent les plus jeunes, sous la menace, à leur donner leurs affaires, leur argent de poche, etc.), les bagarres à la récré ou devant le collège ou même sur le terrain du sport ou dans les vestiaires, tout cela est devenu chose ordinaire dans nos collèges ! On remarque chaque jour des élèves agressés ou sérieusement blessés devant l'administration recevant les premiers soins. Les « agresseurs » utilisent généralement les moyens du bord pour accomplir leurs actes. C'est ainsi que souvent les fournitures scolaires (compas, ciseaux, affuteur, lames, règles...) deviennent des armes redoutables dans les mains de certains élèves agressifs. Plusieurs centaines de plaintes sont déposées chaque année auprès de l'administration par les profs contre des élèves auteurs d'actes de violence.
Multiples facettes de la violence La violence est donc multiple. C'est pour être mieux condamnée qu'elle est réduite à l'unité. Par ailleurs, cette montée de la violence laisse les éducateurs (enseignants, cadres administratifs) relativement démunis face à ce phénomène, faute de moyens efficaces pour, du moins l'endiguer, sinon y mettre fin, du moment que les mesures punitives en vigueur ont témoigné de leur impuissance devant ce phénomène terrible dont les formes deviennent de plus en plus dévastatrices. Les profs, qui généralement se trouvent en première ligne face aux actes de violence, restent souvent incapables d'agir, alors qu'ils sont eux-mêmes parfois la cible d'élèves violents. D'ailleurs, au cours de leur formation, on ne leur a pas appris à affronter de tels actes ni fourni les moyens nécessaires de faire face aux situations difficiles qu'ils pourraient rencontrer au cours de leur carrière professionnelle. On ne cesse de dire et de répéter, partout (au sein des familles, à la radio, à la télé, dans les journaux), que les élèves de nos jours sont devenus plus durs et plus violents. Certes, il ne faut pas généraliser, mais ceux qui sont les plus enclins à la violence sont surtout ceux dont les parents ont quitté l'école prématurément, à l'âge de 14 ou 15 ans, et qui sont issus de familles défavorisées ou d'un niveau de vie très modeste. Les élèves les plus violents sont ceux qui appartiennent aux catégories sociales où la violence est plus ou moins familière (violence conjugale, maltraitance des enfants, altercations permanentes entre voisins ou proches parents). En outre, beaucoup de ces élèves se font une image scolaire négative d'eux-mêmes, du fait qu'ils sont souvent mauvais, nuls et incapables de réussir dans leurs études. C'est ce sentiment de désespoir qui fait naître en eux cette tendance à la violence qui leur permet d'assurer une certaine compensation et de s'imposer dans le groupe en usant de la force. Toutefois, il arrive que des délinquants dangereux puissent être issus d'une couche sociale aisée. Il y a même des intrus qui s'immiscent dans la foule des élèves en trouvant l'occasion d'entrer dans la cour du collège pour perpétrer leurs actes et sortent sans se faire prendre ! Ceux-là sont généralement d'anciens camarades défaillants ou exclus du même collège qui viennent régler un ancien compte ou porter secours à l'un de leurs protégés ! Ils sont parfois payés par d'autres élèves pour accomplir leur mission, tel des « tueurs à gage » ! Quant aux solutions, elles sont nombreuses mais aucune jusqu'à présent n'a fait ses preuves, car la violence a autant de causes que d'apparences ou de formes : cela dépend de la société et du milieu culturel où l'on vit. Les cas de violences enregistrés aux Etats-Unis ou en France ne ressemblent pas à ceux commis en Tunisie ou à Bengladesh ! Le phénomène de la violence est universel, mais pour le traiter il faut des solutions locales, authentiques ! Et comme nous sommes concernés, nous autres Tunisiens, nous devons penser à nos propres solutions. Personnellement, je ne suis pas mieux placé que les psychologues et les sociologues tunisiens qui ont sûrement leur mot à dire sur ce problème qui les concerne en premier lieu. En Tunisie, nous sommes vraiment à court d'études, d'analyses et de statistiques sur ce problème de violence scolaire. Toutefois, ce dont je suis sûr, c'est qu'il y a deux opinions différentes concernant les mesures à prendre pour le traitement de ce problème. Certains demandent un surcroît de contrôle et de discipline dans les établissements en multipliant le nombre de surveillants dans les différents établissements et en renforçant encore les différentes sanctions à l'égard des élèves délinquants. D'autres pensent qu'il n'est pas certain qu'un tel durcissement soit pour autant la meilleure façon de combattre la violence scolaire et préfèrent s'orienter vers d'autres méthodes plus « douces », plus « civilisées », à savoir la sensibilisation permanente à travers le dialogue avec les parents et les élèves.