Depuis toujours, le mariage dans notre société tunisienne est considéré comme un événement important dans la vie de l'individu. Cependant, on remarque que nos jeunes se marient un peu plus tard que leurs aînés des générations précédentes et qu'il y a même une tendance chez beaucoup de renoncer complètement au mariage, préférant vivre dans le célibat. La moyenne d'âge du mariage chez les jeunes d'aujourd'hui se situe entre 30 et 40 ans pour les hommes et 25 et 30 ans pour les femmes. La plupart sont ainsi cantonnés, bon gré mal gré, dans une vie célibataire prolongée ou parfois illimitée. Si certains choisissent d'être célibataires pour une raison ou une autre ; d'autres subissent cette situation avec toutes les conséquences qui en découlent. Quelles sont donc les véritables causes qui poussent les jeunes d'aujourd'hui à différer leur mariage ou à s'en abstenir ? Il va sans dire que les profonds changements subis par notre société dans tous les domaines (social, économique, sanitaire, éducatif, culturel) depuis quelques décennies ont eu des répercussions sur le niveau de vie des Tunisiens amenés peu à peu à changer leur vision du monde et contraints à adopter de nouvelles attitudes et démarches vis-à-vis des événements sociaux, en l'occurrence le mariage. Mais il faut dire que, malgré le progrès et l'amélioration de la qualité de vie, les jeunes d'aujourd'hui sont encore confrontés à une mentalité rétrograde (chez certaines familles) qui veut que tout candidat au mariage doit remplir des conditions souvent très dures à réaliser, à savoir un travail stable et bien rémunéré, un logement durable, une belle voiture et, le cas échéant, un compte bancaire bien garni ! Il faut d'abord se procurer ces atouts avant de penser à convoler en justes noces... Or, dans la conjoncture actuelle, rien que l'accès à un premier emploi devient de plus en plus difficile pour un jeune tunisien ; que dire alors des autres conditions exigées ! La fondation d'une famille reste alors le dernier souci de la plupart des jeunes d'aujourd'hui. Une autre raison pour laquelle l'âge du mariage tend à s'attarder chez nos jeunes, c'est surtout la durée des études. En effet, la plupart des jeunes aspirent à un niveau assez élevé pour décrocher un meilleur emploi, seul garant d'un avenir stable et rassurant, d'où la prolongation des études universitaires jusqu'à un âge relativement avancé (cela dépend de la nature des études). Le temps assez long qu'on passe dans la recherche d'un travail et, une fois casé, le temps qu'il faut pour s'adapter à la nouvelle vie professionnelle et tous ses tracas et parfois l'obligation d'aider financièrement des parents devenus vieux ; ce sont là autant de facteurs qui retardent l'âge du mariage chez la plupart des jeunes. Les années passent et juste au moment où on commence à aspirer à un foyer conjugal, on s'aperçoit qu'on a déjà atteint l'âge de quarante ans ou même plus ! Aussi paradoxal que cela puisse paraître, c'est que, dans une société de plus en plus ouverte, comme la nôtre, il y a pas mal de jeunes désespérés qui choisissent de se replier sur eux-mêmes en se réfugiant dans le célibat. Beaucoup d'autres rêvent de trouver un jour le partenaire idéal, mais ils ne disposent pas des moyens nécessaires pour atteindre leur but. C'est alors l'abdication et le recours définitif à la vie du célibat. Comme autre raison qui fait reculer la plupart de nos jeunes hommes et femmes devant l'idée du mariage et la fondation d'une famille, c'est la hantise de l'échec, la peur de se voir un jour devant le tribunal pour une affaire de divorce. C'est là une cause réelle de cette renonciation à tout lien matrimonial de la part de ces jeunes. En effet, les statistiques officielles montrent que le nombre de cas de divorce en Tunisie a atteint en 2006/2007 le chiffre de 12557, dont 60% au Grand Tunis. Un tel chiffre ne peut être que décourageant pour beaucoup de célibataires qui préfèrent persévérer dans le célibat, une situation que la majorité des jeunes ont délibérément choisie et dans laquelle ils se plaisent, comme un poisson dans l'eau ! En fait, ceux qui ont opté pour la vie célibataire ont leurs propres raisons mais ne sont pas toujours exempts de reproches, car être célibataire, que ce soit pour l'homme ou la femme, est encore mal vu dans notre société et constitue une source intarissable à tous les genres des qu'en-dira-t-on dans l'entourage. Toutefois, le célibat est devenu de nos jours un fait incontournable. La liberté, l'indépendance et la fuite des responsabilités conjugales sont là les motifs majeurs du choix de la vie en solo. Le taux du célibat est très important aussi chez les femmes, surtout celles qui ont eu des diplômes universitaires et occupent à présent des postes éminents ; elles craignent de sacrifier leur carrière pour les travaux ménagers et pour les caprices du mari et des enfants. Le manque de confiance dans les rapports avec les hommes et la peur d'échouer dans la vie conjugale sont parmi les arguments des femmes célibataires de chez nous. De plus, ces jeunes femmes instruites et cultivées ne daignent pas s'unir avec des hommes d'un niveau instructif inférieur et elles passent toute leur vie à la recherche du prince charmant qui n'arrive peut-être jamais ! Cependant, un célibat prolongé pourrait entraîner des dérives du fait que le (a) célibataire, à cause de sa vie réduite souvent à de dures privations affectives, pourrait un jour ou l'autre céder à la tentation au risque de tomber dans le vice (mauvaises fréquentations, relations douteuses,...). Pas mal de célibataires vont se réfugier dans le net pour faire exploser leurs pulsions et leurs désirs, un moyen facile et disponible pour apaiser un tant soit peu leurs angoisses et peut-être se faire de nouvelles connaissances capables de fournir tendresse et réconfort, ne serait-ce que ...virtuellement ! Dans l'espoir de voir un jour se créer des clubs et des associations pour la lutte contre le célibat en Tunisie !