Mars dernier, l'écrasante victoire du Hamas aux législatives palestiniennes faisait dire à des analystes pourtant confirmés, que « cela représentait l'ébauche d'un processus démocratique en Palestine ». Il est vrai que, orphelins de leur père Arafat, dépités par l'affairisme éhonté de quelques caciques du Fatah et, pour tout dire, réduits à la précarité, les Palestiniens, à l'époque, voyaient en Hamas le garant d'un nouvel ordre égalitaire, « le parti » de dirigeants « puritains » et à la « foi inébranlable » qui donneraient du pain et de l'emploi aux déshérités. Sauf que, dans cette illusion de démocratie, le Fatah, le Hamas, les Palestiniens, tous, en somme, oubliaient qu'ils s'entre-déchiraient sur une terre, la leur, sous occupation israélienne. Sans doute, en asphyxiant Arafat, puis en liant les bras à Abbès, Tel Aviv aura-t-il ingénument contribué à l'avènement du Hamas. Un Hamas qui n'aurait, de toutes les manières, jamais reconnu Israël ; et dont on ne sait pas trop s'il faut le ranger du côté de la résistance ou du côté du terrorisme, mais qui est suffisamment bien structuré, bien approvisionné pour recruter « dans » le désarroi de tous ces jeunes déçus, appartenant à la deuxième Intifadha. Et d'ailleurs, les piliers du Hamas sont, soient des dissidents mécontents (donc les enfants d'Arafat) ; soit encore ces jeunes qui opposaient des pierres et exposaient leurs poitrines aux chars et aux balles israéliens. Et ils sont tout autant les enfants d'Arafat... Aujourd'hui, c'est la guerre des milices, autour d'un semblant d'Etat bicéphale, dans une cohabitation formelle, une parodie de régime parlementaire qui n'a jamais été dans les mœurs arabes. Sauf que cette fois, Israël ne pourra pas tirer profit de cet affrontement fratricide : un kamikaze se faisant exploser à Tel Aviv ou dans une station balnéaire est ce qu'il y a de plus facile à programmer. Et, de surcroît, les groupuscules de tout bord revendiquent, aujourd'hui, les mêmes opérations. Ces signes avant-coureurs de guerre civile devraient plus inquiéter les Israéliens que les Palestiniens eux-mêmes... Tel-Aviv a, en effet, de moins en moins de visibilité.