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Les génériques en question
Nouvelles normes de production des médicaments et des vaccins
Publié dans Le Temps le 16 - 06 - 2008

La problématique du médicament générique polarise l'intérêt à plusieurs titres en Tunisie aussi bien chez les particuliers que dans l'administration. D'abord, la raison la plus plausible, c'est qu'il est plus intéressant pour l'économie de santé d'utiliser des médicaments génériques moins chers que leurs princeps.
D'ailleurs, cette logique est approuvée dans tous les pays du monde. Les Etats-Unis ne sont-ils pas avec plus de 70 % de génériques (sur la quantité de médicaments consommée) le premier pays au monde à les utiliser ? Ensuite, la Tunisie est déjà un pays producteur de médicaments génériques et a des prétentions pour en exporter davantage. Donc, il est capital que ses process de production soient performants et répondent aux normes internationales de qualité. Enfin, les divers éclaircissements portés sur cette question permettraient de mettre en confiance les citoyens consommateurs qui n'auraient plus les mêmes réserves quant à l'utilisation du générique.

Le débat autour de cette problématique s'étend objectivement à la question des perspectives de la recherche scientifique dans le domaine de la santé en Tunisie dans un monde où il n'y a plus de frontières. Cette recherche bénéficie, certes, d'un soutien consistant de l'Etat (qui réserve 1,25 % du PNB au secteur de la recherche en général). Elle tire également profit des financements internationaux provenant de différents bailleurs de fonds. Cette coopération internationale vise un taux de 15 %, supplémentaires, par rapport aux financements nationaux. Les chercheurs sont sollicités, pour drainer ces fonds supplémentaires, à travers la réussite dans des appels d'offres. Ces financements sont obtenus à l'issue d'une compétition internationale, forcément sélective.

Mais, cet effort dans la recherche scientifique et dans l'amélioration des mécanismes de production des médicaments et vaccins est-il parvenu à ses fins.
Pour mieux contourner cette problématique, Le Temps, s'est adressé au Professeur Hechmi Louzir, Directeur Général de l'Institut Pasteur de Tunis. Interview :

Le Professeur Hechmi Louzir, Directeur Général de l'Institut Pasteur de Tunis : « Une structure de bioéquivalence en Tunisie est nécessaire pour accompagner le développement de l'industrie pharmaceutique ».

Le Temps : Qu'en est-il des médicaments génériques et des problèmes pouvant accompagner leur process de production ?

Pr Hechmi Louzir : Je ne suis pas expert dans ce domaine, je connais plus le bio générique. D'abord, il y a lieu de nuancer entre le médicament générique et le bio générique qui est le générique des produits biologiques. Il s'agit de produits, souvent complexes, bioactifs comme les vaccins ou des anticorps ou tout autre molécule. Ils sont en général fabriqués dans des systèmes vivants (par exemple : culture cellulaire). On est en train d'évoluer dans le monde entier, et de plus en plus, vers l'utilisation des génériques et des bio génériques. Leur production est libre, une fois les brevets d'invention tombés. Par rapport aux brevets, il y a une injustice vis-à-vis du secteur public. La recherche innovante est généralement une recherche publique, notamment aux Etats-Unis d'Amérique. Les industries (privées) qui développent un produit, elles vont aller chercher son brevet initial dans les structures publiques de recherche. En général, l'industrie privée va acheter le brevet puis le développer pour une application industrielle. Alors, ils le protègent pendant 10, 15 ou 20 ans. La société fixe les prix et fait des promotions avec des budgets énormes, les produits princeps sont chers.

On a pris l'habitude de croire que le princeps est plus efficace que le générique. C'est complètement faux. Il peut y avoir des risques au niveau de la qualité, et il y en a eu au moment où on ne faisait pas suffisamment de contrôle aussi bien avec le générique qu'avec le princeps. En fait, les produits génériques, c'est parfait en matière de santé, de politique de santé, d'économie de santé, de responsabilité de santé. D'ailleurs, plus les pays sont développés, en matière médicale et pharmaceutique, plus le pourcentage de médicaments génériques est important (70 % aux Etats-Unis, 50 - 60 % en Europe). Dans les autres pays, les produits princeps dominent dans les marchés et on le paie cher.

. Quelle est la meilleure façon de renforcer la confiance des consommateurs dans les produits génériques ?
- La meilleure façon de renforcer, vulgariser et généraliser les produits génériques, passe par un contrôle rigoureux de tous les paramètres d'excipient, de principe actif et, si nécessaire, par la pratique de tests de bio équivalence. Cela permet d'éliminer les produits non conformes. D'autre part, ce contrôle permet aussi de rassurer la population et, surtout, les médecins prescripteurs. Ces derniers doivent être informés des différentes analyses réalisées. Les laboratoires de contrôle doivent pouvoir faire le maximum de tests et sous-traiter le reste avec des experts nationaux ou internationaux. Si on rassure nos médecins par de la communication et des explications, on pourra faire la promotion du générique qui est une très bonne chose en termes d'économie de santé.

. Et qu'en est-il des réserves des médecins par rapport aux médicaments génériques ?
- Il y a déjà une unanimité sur le fait que les génériques ne sont pas moins efficaces que les princeps. Personne ne discute plus ce problème. Quand les structures de contrôle font leur travail et, en retour, il y a communication des résultats à tous les acteurs (importateurs, fabricants, prescripteurs, etc.), le problème ne va plus se poser. Les gens vont se retrouver à l'aise aussi bien avec le médicament générique qu'avec le princeps. D'ailleurs, le princeps et ses génériques ont les mêmes spécifications. Il n'y a pas de raison médicale pour ne pas prescrire l'un à la place de l'autre. Seule la communication va permettre de convaincre les plus réticents. En prescrivant le générique, le médecin fait confiance au système de contrôle. Il y a encore un effort à faire au niveau de tous les intervenants. C'est une question de maturité. Plus il y a de la transparence, moins il y a de problèmes.

. Qu'est-ce qui manquait aux structures de contrôle ?
- Le contrôle se limitait à peu de tests, on se fiait aux dossiers des produits (qu'ils soient princeps ou génériques), on faisait confiance aux fabricants et, surtout, au fait que le produit soit mis en circulation dans le pays d'origine. Globalement, on est actuellement en train d'évoluer vers un contrôle à tous les niveaux. Mais, ce que je recommande, c'est de donner plus d'importance aux moyens mis à la disposition des laboratoires, en leur permettant notamment de faire appel, si cela est nécessaire, à d'autres laboratoires experts (nationaux ou étranger). C'est en faisant un bon contrôle qu'on peut convaincre les médecins d'aller vers les génériques la conscience tranquille. Quant aux limites des contrôles, on ne les connaît pas très bien. Les normes évoluent. Il y a de nouveaux tests. Mais, une chose est certaine, si un contrôle est exigé, il faut le faire ou le sous-traiter. En plus, il faut que la communication passe, notamment, par des revues spécialisées, si nécessaire.

. Apparemment, tout va bien !
- Non, pas tout à fait ! En Tunisie, on n'est pas en mesure de faire des tests de bioéquivalence. Il y a peut-être des aspects réglementaires à revoir, notamment ceux relatifs aux essais cliniques, particulièrement ceux pratiqués chez des individus sains. Pour faire des tests de bio équivalence, Il faut des structures de type « cliniques » pour volontaires d'études, des médecins expérimentés dans les bioéquivalences, des gestionnaires de projets, un contrôle de qualité rigoureux ainsi qu'un responsable assurance qualité pour assurer l'intégrité des données. Ceci, sans oublier la sécurité des sujets volontaires, cela nécessite une structure médicale spécialisée. Par ailleurs, il faut des laboratoires spécialisés bio analytiques travaillant selon les normes internationales de bonnes pratiques de laboratoire. Nous n'avons pas encore de telles structures en Tunisie. Pourtant, les tests de bio équivalence sont exigés dans certaines conditions et on est obligé de sous-traiter à l'étranger. Il faut nous adapter aux nouvelles exigences du développement des produits pharmaceutiques et de l'industrie pharmaceutique en général.

La mission de l'Institut Pasteur de Tunis

L'aventure a commencé en 1893, quand Louis Pasteur chargea son neveu Adrien Loir, de l'installation d'un centre de vaccination à Tunis. C'est ainsi qu'après celui de Paris et de Saïgon fut créé par un décret Beylical, l'Institut Pasteur de Tunis. En 1902, Adrien Loir fut remplacé pas Charles Nicolle dont la première tâche fut la construction de l'Institut dans son emplacement actuel. Charles Nicolle dirigea l'IPT jusqu'à sa mort (en 1936); il y fit des découvertes majeures dans les domaines de la santé humaine et animale qui lui valurent le Prix Nobel de Médecine de 1928 et à l'Institut Pasteur de Tunis un renom international incontesté. Actuellement, il y a un réseau de 30 instituts Pasteur, à travers le monde, dans lequel l'IPT joue un rôle important.

L'Institut Pasteur de Tunis a concentré ses activités autour de trois missions :

* le diagnostic et la santé publique (avec notamment l'hébergement de plusieurs centres de référence à l'échelle nationale et régionale),
* la recherche-développement formation,
* la production de certains vaccins et sérums thérapeutiques.

1- Activités de diagnostic et de santé publique
Avec18 laboratoires touchant la quasi-totalité des spécialités de biologie clinique, l'IPT est reconnu pour son expertise dans la biologie médicale spécialisée. L'Institut héberge aussi des centres de référence nationaux (pour certaines pathologies : rage, poliomyélite, rougeole, autres) ou internationaux (Laboratoire de Référence Régional de la poliomyélite et de la rougeole pour la Région de la Méditerranée Orientale de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), Centre collaborateur OMS de recherche et de formation sur les leishmanioses et sur l'immunologie). L'IPT est aussi centre international de vaccination (pour les voyageurs). Il est aussi centre de vaccination et de traitement antirabique (activité gratuite). Les équipes et les experts de l'IPT jouent un rôle important dans les programmes nationaux de santé publique touchant le domaine des maladies transmissibles, de la vaccination et de la production de sérums et vaccins.

2- Activités de recherche développement et formation
L'IPT constitue l'une des structures de recherche les plus performantes dans le domaine de la santé et du développement biotechnologique en Tunisie. C'est notre principale activité (en terme de budget, ressources et besoins). Elle se fait dans le cadre des laboratoires de recherches et bénéficie de financements spécifiques de deux types :
* La subvention accordée chaque année aux 7 laboratoires et 4 unités de recherche de l'IPT qui ont été labellisées par le Ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de la Technologie. Le tiers des laboratoires en Tunisie dans le domaine de la santé sont hébergés à l'IPT

* Les financements internationaux (sous forme de dons) drainés par les équipes de recherche de l'IPT dont les projets ont été sélectionnés sur appel d'offres international (Programmes de recherches européens; Programmes de l'OMS; Les Instituts Nationaux de Santé Américains (NIH) ; L'Institut Walter Reed (USA); l'Agence Nationale de recherche (ANR, française), notamment).

Les financements étrangers représentent environ 60 % de l'ensemble des financements destinés à la recherche à l'IPT; dépassant largement les objectifs fixés par la Tunisie (15% par rapport au financement national). Il est à signaler que les financements internationaux sont obtenus à l'issue d'une compétition sélective. Ils assurent une véritable visibilité internationale de la recherche de notre Institut. Les domaines de recherche sont en rapport avec l'épidémiologie et l'immunologie des maladies infectieuses ; l'étude des maladies génétiques, la biochimie/immunologie des venins et toxines et les développements biotechnologiques.

Cette activité a abouti à une reconnaissance internationale attestée par (i) le nombre de publications scientifiques internationales (plus de 350 en 10 ans), (ii) les thèses de doctorats et autres mastères réalisés à l'IPT (environs 200 depuis 10 ans, en plus de la formation des résidents et l'organisation régulière de cours nationaux et internationaux théoriques et pratiques) et (ii) les brevets d'inventions internationaux (15 depuis 1996) dont certains ont été pris en option exclusive par d'importantes firmes pharmaceutiques internationales.

L'IPT a des contrats avec de grosses firmes pharmaceutiques internationales, nous sommes au stade de prise d'option. Il faut rappeler que le processus de prise d'options est long, les compagnies se décident ensuite si elles vont ou pas dans le sens de l'achat des brevets. Les prises de brevets sont coûteuses et nous veillons à être exigeants et veillons à ce que les chances d'application industrielle soient importantes. Nous espérons, très prochainement, voir des applications industrielles à nos brevets. Ceci pourrait avoir des retombées économiques intéressantes pour l'institution et le pays.

3- La production de certains vaccins et sérums thérapeutiques

Un seul vaccin, le BCG est actuellement produit à l'IPT. Nous préparons aussi 3 sérums thérapeutiques (immunoglobulines) qu'on produit chez le cheval après immunisation, les anticorps sont ensuite purifiés et conditionnés pour en faire une solution injectable. Ces sérums sont utilisés dans 3 situations : les risques de rage (sérum anti-rabiques), les envenimations par les vipères ou par les scorpions (les anti-venins et anti-scorpion). Dans le passé, notre activité de production était plus diversifiée. Nous l'avons recentrée sur les produits sus mentionnés depuis 2000. Ce changement de cap dans la politique de production a été motivé par une obligation de mise à niveau en vue de se conformer aux standards internationaux de qualité (Les Bonnes Pratiques de Fabrication). L'ancien mode de fabrication était acceptable pour les normes de l'époque. Ces normes ont évolué et il a fallu se conformer aux nouvelles exigences.

L'IPT, courroie de transmission entre la recherche médicale et la production des médicaments et des vaccins

. Le potentiel de recherche dépasse apparemment de loin les possibilités de production de l'IPT. Y a-t-il un programme pour optimiser les résultats ?

- Vous savez, nous avons développé d'autres produits tels que le vaccin anti-rabique à usage humain, le vaccin anti-rougeoleux, une forme recombinante de l'interferon alpha2b humain. Certains produits sont protégés par des brevets d'invention internationaux. Nous avons également investi dans le développement de vaccins vétérinaires (antirabique, charbon mixte, etc.). Toutefois, actuellement au sein de l'IPT, il n'existe pas un environnement adéquat (locaux, utilités, personnel, etc.) permettant de produire ces vaccins à large échelle selon les normes de bonnes pratiques de fabrication. On a réfléchi à la possibilité de partenariat avec d'autres opérateurs du secteur public ou privé pour la production de certains produits biologiques qui ont été développés ici et qu'il serait possible de produire, à large échelle, pour satisfaire le besoin national et, pourquoi pas, l'exportation !

Actuellement, avec l'opportunité de la Technopole Sidi Thabet, dédiée aux biotechnologies appliquées à la santé, des projets de ce type pourront se réaliser. Récemment, l'IPT a été identifié comme structure porteuse de projets dans le cadre de la Technopole Sidi Thabet. Notre engagement, avec une participation à hauteur de 35%, dans le capital de la technopole est un garant de la synergie entre la recherche structurante et innovante et les applications industrielles. Cela constitue un énorme challenge. C'est une option d'ouverture pour accéder à des marchés plus importants. La technopole Sidi Thabet ne s'intéressera pas uniquement aux projets de l'IPT mais à tout le secteur de la recherche et développement dans le domaine de la santé, les produits biologiques et pharmaceutiques. Elle est articulée autour de 3 axes complémentaires :
1- La recherche développement : C'est une recherche orientée vers le développement et les applications industrielles
2- La formation
3- La production industrielle proprement dite

La technopole constitue une opportunité unique pour permettre à une recherche de qualité de pouvoir aboutir à des applications industrielles dans le domaine de la santé. Il va y avoir des sociétés industrielles qui vont s'installer sur le site, elles pourront bénéficier des structures de formation existantes et d'autres en projets. Ces sociétés pourront aussi bénéficier d'autres services communs.

Ce choix est très judicieux pour notre pays. Nous sommes réputés pour avoir de bonnes ressources humaines et dispensons une formation de qualité (médecins, pharmaciens, scientifiques, ingénieurs en biotechnologies, etc.). Nous sommes un pays ouvert et avons des attraits et des mécanismes qui peuvent faciliter l'implantation sur place de groupes d'intérêts dans le domaine des biotechnologies. Nous sommes aussi ouvert sur notre région, la Méditerranée, l'Europe, le Moyen-Orient, l'Afrique. Miser sur le savoir-faire, l'intelligence et la qualité des acteurs tunisiens constitue un challenge et un choix courageux et stratégique pour le développement du pays. Maintenant, il faut installer les mécanismes pour faciliter les connexions entre les différentes structures impliquées pour donner de la valeur ajoutée aux potentialités existantes.

. L'Institut Pasteur occupe désormais une nouvelle fonction. Comment les insérez-vous dans les missions pasteuriennes classiques ?

- Les différentes missions des Instituts Pasteur, en général, évoluent dans le temps. Vous allez le comprendre à travers l'exemple de Pasteur Paris. Il est inutile de rappeler que l'Institut Pasteur à Paris est pionnier dans la recherche et le développement de vaccins et autres produits biologiques.

Avec la spécialisation dans les différents domaines, certaines activités sont sorties des missions de Pasteur Paris. Il a cédé ses droits sur la production de vaccins à l'industrie (très souvent privée), de même pour les activités de diagnostic médical spécialisé. Cela s'est fait dans le cadre d'un partenariat. L'Institut Pasteur continue à servir d'expert, le savoir-faire des scientifiques s'est transféré dans le cadre de ce partenariat (moyennant conventions et finances). A Tunis, on est en train de vivre cette évolution. Notre activité de production dépassait largement les produits que je viens de citer. Avec l'évolution des normes de bonne pratique de fabrication et les exigences du marché, indéniablement l'activité de production se fera désormais dans des structures industrielles adaptées. Cette activité pourra bénéficier des opportunités de partenariat et pourra se faire en dehors de l'Institut. L'IPT se concentrera sur les missions classiques pasteuriennes à savoir les activités de recherche/développement, d'enseignement, et les actions de santé publique. Nous gardons aussi toutes les activités relatives à la recherche/développement (de nouveaux vaccins et autres molécules bio actives d'intérêt diagnostic ou thérapeutique), nous procèderons à toutes les études nécessaires pour la validation et autres preuves du concept (recherche « translationnelle », recherche clinique). L'interaction de l'Institut Pasteur de Tunis avec le monde industriel se fera à travers une société (ou structure) de valorisation. Un projet est en cours. Cette structure servira d'interface de promotion et de gestion des compétences des laboratoires de l'IPT, elle assurera la diffusion et la valorisation des produits, procédés, savoir-faire et résultats de recherche de l'IPT. Elle permettra le développement des liens entre le secteur public (IPT) et privé tout en garantissant le patrimoine de l'Institut Pasteur.


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