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La poudre... d'escampette
Enigmes judiciaires
Publié dans Le Temps le 23 - 06 - 2008

Cette rubrique traite des faits réels dans des affaires anciennes et classées. Par respect pour les personnes , il n'est guère mention de non , ni de dates précises des faits , et encore moins de lieus précis.
Il avait passé des nuits entières à réviser les matières de base qu'il devait passer à l'examen du bac, clé de l'avenir depuis Napoléon Bonaparte. Il avait tant rêvé de cette couronne de laurier et avait décidé coûte que coûte de la remporter malgré toutes les difficultés et tous les obstacles. C'était devenu son objectif principal, et il était prêt à tous les sacrifices pour y arriver.
Les mathématiques étaient son talon d'Achille et étant issu d'une famille modeste, il faisait des "extras" pour mettre de l'argent de côté qui lui servait à payer des cours particuliers. Mais à chaque session il ratait son examen. Il revenait cependant à la charge, sans désarmer ni baisser les bras.
A 24 ans il finit, en tombant sur un sujet qu'il avait tant rabâché, de décrocher ce diplôme si convoité avec juste une mention passable. La mention, il s'en passait et il aurait été content de réussir même avec la malédiction du jury !
Or, quelque temps plus tard, on annonça qu'il y eut une fuite des sujets notamment de mathématiques et de sciences physiques, qui ont été subtilisés par quelques énergumènes, et la session fut annulée.
Retour donc à la case départ pour ce jeune homme qui était convaincu d'être né sous une mauvaise étoile.
Il sombra dans le désespoir et garda la maison pour quelques jours, évitant les contacts avec qui que ce soit parmi les membres de sa famille, ou ses amis.
Tel était le début d'un long parcours de ce jeune homme qui pourtant ne manquait ni d'intelligence, ni de volonté.
Peu à peu, il se ressaisit et accepta son sort, en se persuadant qu'il pourrait peut être forger son avenir autrement. Après tout le bac n'était pas une fin en soi.
Il avait un ami qui avait quitté tôt le lycée, en choisissant le business. Il faisait le guide touristique ce qui lui permettait d'avoir pas mal de contacts. Il vint le voir un jour pour lui proposer une collaboration.
Le jeune n'y opposa pas de refus surtout qu'il cherchait à sortir du carcan dans lequel il se trouvait, étant voué au chômage, sans ressources ni emploi fixe
Les petits boulots qu'il faisait par ci et par là ne pouvait pas lui permettre d'avoir un revenu stable par lequel il subviendrait à ses besoins comme il se devait.
"Viens me voir ce dimanche à l'hôtel des Roses" lui dit son ami ; je te présenterai au chef de groupe".
-"Tu penses que je pourrais faire l'affaire ?" lui dit le jeune homme sur un ton inquisiteur, les yeux de plus en plus écarquillés.
-"Pourquoi pas ? Tu présentes bien et puis tu parles bien l'anglais et le français. C'est parfait ! c'est ce qui est demandé pour un guide.
Le lendemain, il quitta tôt le domicile de ses parents qui dormaient encore. Même sa mère qui d'habitude se réveillait tôt, s'attardait au lit le dimanche. Quant à son père, il prit l'habitude, depuis sa retraite, d'aller tôt le matin à la mosquée pour la prière du Fajr. Après quoi il rentrait à la maison pour dormir jusqu'à onze heures ou plus.

En ce jour de congé les moyens de transport étaient beaucoup moins fréquents. Ce qui résolut le jeune homme à prendre un taxi quitte à y mettre une bonne partie de ses économies de la semaine.
Arrivé à l'hôtel des Roses, il se présenta à la réception pour se faire annoncer à son ami qui était déjà occupé avec un groupe de touristes italiens, dans un coin de la grande salle du restaurant. C'était l'heure du petit déjeuner et son ami averti de sa présence vint vers lui, en l'accueillant chaleureusement.
-"Viens prendre un bon petit-déjeuner et puis on verra le reste", lui dit-il en le tenant par le bras pour l'entraîner dans la salle de restaurant.
-"Assieds-toi et sers toi. Il y a du café, du thé, du lait, des cakes, des jus et même des toast au jambon. Ne t'en fais pas ce n'est pas du porc, c'est de la dinde ! C'est mieux que du jambon de Parme" !
Il était en train de siroter son jus de pamplemousse, lorsqu'arriva un homme de grande taille, aux cheveux poivre et sel.
Il salua son ami, puis se présenta au jeune homme en lui tendant la main.
"Maurizio chargé des guides touristiques. Excusez mon accent français ; mais l'essentiel c'est de se faire comprendre".
Le jeune homme un peu dérouté accusa un hochement de tête en signe d'approbation. Maurizio enchaîna en s'adressant à l'ami du jeune homme.
-"Je suis agréablement surpris par ton ami. Il est présentable et à l'air très intelligent. Alors qu'en penses-tu ? On l'adopte ?
-"Si tu est d'accord"
-"On va passer à mon bureau pour lui donner des imprimés à remplir et la convention à signer. On le prend pour une période d'essai de six mois".
Ainsi commença la carrière de guide touristique pour le jeune homme pendant plusieurs années durant lesquelles il se montra bien à la hauteur et put mettre un bon pécule de côté.
L'année où il décida de se marier, son ami fut promu à la tête d'une pension à Rome.
Aussi lui avait-il proposé une place dans le même hôtel en tant que chef du personnel.
Il convola en justes noces avec une italienne qu'il connut à l'hôtel où il avait travaillé en tant que guide, et après avoir "coulé" un voyage de noces à Paris, il rejoignit son ami à Rome pour son nouveau poste.
Il avait un logement de fonction qu'il n'avait pas utilisé, sa femme lui ayant proposé d'habiter dans l'appartement qu'elle hérita de ses parents, situé dans la proche banlieue romaine.
Il menait enfin la belle vie et continuait à travailler avec le même sérieux et le même entrain.
Pendant les vacances d'été, il rentrait au pays avec sa femme qui aimait profiter des belles plages et des merveilleux sites à travers toute la Tunisie.
Il apportait plein de cadeaux à sa famille et surtout à sa mère vieillissante, mais très heureuse de voir son fils au comble du bonheur.
L'année où il décida d'amener une voiture pour un proche, pour la lui vendre à moindre taxe douanière, il estima qu'il était préférable de prendre en même temps le bateau, au lieu de rentrer par avion comme il avait l'habitude de le faire.
Aussi son beau-frère le chargea-t-il d'une mission consistant à remettre des pièces de rechange pour machines électroniques à un ami italien, résident en Tunisie. Le jour du départ, il lui confia une valise dans laquelle il y avait ces pièces en question.
Le jeune homme se contenta de la mettre dans le coffre de la voiture qu'il ramenait. Il était accompagné de sa douce moitié, durant ce voyage par bateau qu'il fit pour la première fois depuis qu'il était en Italie. C'était très différent du voyage par avion.
Son épouse n'était pas en forme ce jour-là, elle qui était d'habitude toujours enthousiaste de venir chaque été passer les vacances en Tunisie. Tout le long de ce voyage en bateau elle était mélancolique avec un mal de mer qui ne la quitta pas durant presque toute la traversée.
Etait-ce les signes d'un début de grossesse, ou plutôt de troubles, que le jeune homme n'arrivait pas a expliquer ?
Il restait une heure pour lancer les amarres au port de la Goulette.
Les passagers commençaient à se préparer, et le jeune homme avait déjà rangé tous les bagages et il était fin prêt ainsi que son épouse qui fit un effort pour se remettre sur pied après avoir ingurgité presque une plaquette d'aspirine. Son époux le lui déconseilla, craignant un mauvais effet sur son état de santé, surtout si elle s'avérait être enceinte.
La sirène du bateau ne s'arrêtait pas de hululer annonçant l'entrée imminente au port.
L'épouse, toujours mal à l'aise avec une nausée qui ne la quittait pas, enfonçait ses deux index dans ses oreilles, au bruit de cette sirène qui apparemment la dérangeait.
Le bateau s'arrima enfin et l'hôtesse annonça avec une voix suave et musicale que les voyageurs étaient priés de quitter le bateau, pour se soumettre au contrôle de la police des frontières et des douanes.
-"Vas y tout seul avec la voiture. Moi je préfère sortir à pied. On se retrouvera dehors sur les docks.
-"Dac' !" lui fit son mari sur un ton facétieux et assez fier d'avoir improvisé ce jeu de mot. Mais sa femme, sembla ne pas apprécier son humour, d'autant plus que son humeur ne s'y prêtait pas à cet instant où elle n'était pas du tout à son aise.
Quant au jeune homme, il se mit au volant de sa voiture qu'il récupéra dans la cale du bateau et suivit la file des automobilistes qui devaient se présenter à la douane et aux formalités de police à la sortie du bateau. Il avançait au fur et à mesure avec son véhicule et attendait tranquillement son tour. Le voilà arrivé devant le box de la police après une heure d'attente. Il était quelque peu éreinté, mais prenait son mal en patience.
En même temps qu'il présentait son passeport à la police des frontières deux douaniers vinrent dans sa direction.
-"Rien à déclarer monsieur ?"
-"Rien de spécial, quelques petits cadeaux, et des affaires personnelles.
-"Ouvrez le coffre de la voiture s'il vous plait".
Il avait placé dans le coffre quelques peluches, des bouées pour enfants et la valise que lui confia son beau-frère.
Les douaniers avaient marqué une petite hésitation avant de lui dire de refermer le coffre. Puis, l'un d'eux comme intrigué mit la main sur la valise en s'adressant au jeune homme.
-"Qu'y a-t-il dans cette valise ?
-"Des pièces de rechange pour machines électroniques.
Ça m'a été confié par mon beau-frère, pour les remettre à son ami ; un Italien résidant en Tunisie".
-"Voulez-vous l'ouvrir s'il vous plait ?
-"Volontiers".
Le douanier constata qu'il y avait bien des pièces de rechange dans la valise. Mais il continua à y regarder de plus près.
Il constata qu'il y avait un double fond.
Il vida le contenu de la valise et avec un canif il déchira le couvercle en plastique qui recouvrait le fond.
Et ce fut le coup de théâtre qui atterra le jeune homme : de petits paquets étaient planqués bien rangés sous ce couvercle qui s'avéraient contenir une matière ressemblant à de la poudre blanche.
-"Vous nous avez pas parlé de ces paquets ! Vous n'allez pas nous dire que vous n'en étiez pas au courant.
Suivez-nous s'il vous plaît". La poudre en question ressemblait à de la farine, mais vous devinez bien que ça ne l'était point !
Le jeune homme n'en revenait pas. Il était d'autant plus estomaqué que son épouse avait quant à elle, pris la poudre d'escampette. Elle était introuvable et il s'avéra qu'elle était repartie le jour même pour l'Italie par le premier vol.
Elle put ainsi échapper au maille du filet des agents des stupéfiants lancés à sa recherche après l'interpellation de son mari.
Celui-ci clamera son innocence en déclarant qu'il n'a jamais été au courant de ces paquets de "farine".
Disait-il toute la vérité ? Par ailleurs, y avait-il connivence entre son épouse et son beau-frère ?
Autant de questions qui resteront à jamais sans réponses.
Toujours est-il que le jeune homme soupçonné n'était pas sorti de l'auberge.


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