*Et si le syndrome du sevrage n'était rien d'autre qu'une passe difficile ... Tabac, un fléau qui guette nos jeunes. Impossible de les prévenir tous. Une solution : sensibiliser les fumeurs quant aux méfaits de la cigarette et les prévenir de ce risque mortel. La dépendance à la cigarette est un phénomène qui intervient très peu de temps après la première prise. On commence à fumer pour " faire comme tout le monde ", parce que l'on est influencé par nos pairs, et on continue souvent par habitude et à cause de la dépendance. Arriver à se défaire de cette habitude nécessite non seulement une très grande volonté, mais aussi d'être médicalement soutenu, en raison des symptômes liés au syndrome de sevrage. Dr Mohamed Seghaier Trimèche explique comment se fait le sevrage tabagique et la prise en charge du patient.
Le Temps : Que faut -il faire avant d'entamer un sevrage tabagique ?
M.S.Trimèche : La première consultation consiste à recueillir l'histoire du tabagisme. Le fumeur doit raconter son histoire. Le médecin doit utiliser un questionnaire comme fil conducteur c'est-à-dire avoir une idée sur la quantité de tabac fumé, la durée du tabagisme, l'âge de début du tabagisme, les tentatives de sevrage, l'entourage du fumeur et ses activités quotidiennes. La deuxième consultation consiste à évaluer la motivation, la dépendance pharmacologique à la nicotine, l'anxiété -dépression et la situation nutritionnelle (poids, grignotage, café, nombre de repas). Le médecin demande ensuite au fumeur quand il envisage d'arrêter, lui prescrit une substitution nicotinique si nécessaire, lui donne des conseils en vue de faciliter le sevrage et lui rappelle la nécessité d'un arrêt total.
Le syndrome de sevrage est le résultat de l'arrêt brutal ou de la diminution importante des apports de nicotine chez un fumeur en état de dépendance physique. Mais des troubles peuvent être ressentis ?
Effectivement, ce sevrage peut causer des troubles pouvant être ressentis comme : l'humeur triste, insomnie, l'irritabilité, la frustration, la colère, l'anxiété, l'agitation, les difficultés de concentration intellectuelle, la pensée obsédante de la cigarette et l'augmentation de l'appétit... Ces symptômes peuvent déteindre sur le comportement du fumeur en manque ainsi que sur sa vie professionnelle et familiale. Ils peuvent être très intenses et constituent une source de conflits dans la vie quotidienne, familiale ou professionnelle. Leur présence est une cause fréquente de reprise du tabac dans les jours ou semaines suivant l'arrêt. Les perturbations du sommeil sont très variables d'un individu à l'autre, souvent associées à l'anxiété ou à la déprime ; elles se manifestent, soit par des difficultés d'endormissement, soit plus rarement par des réveils nocturnes. Ces troubles sont les principales causes d'échec à court terme ; ils sont liés essentiellement au manque de nicotine et peuvent être améliorés par les traitements du sevrage tabagique. Toutefois, il faut rechercher les symptômes de surdosage (nausée, vomissement, diarrhée, céphalée, vertige), vérifier la bonne utilisation des substituts et rechercher les symptômes de dépression. Il faudrait ensuite s'assurer que les substituts sont bien arrêtés, rechercher l'explication, ne pas culpabiliser le sujet, réévaluer la motivation et la renforcer et décider d'une nouvelle date d'arrêt et de consultation. La diminution pourra se faire sans arrêt et là il faudrait renforcer la motivation, évaluer la place du tabagisme dans les rythmes quotidiens, décider d'une nouvelle date d'arrêt et lui donner un rendez-vous dans une semaine.
Comment se fera la prise en charge de la dépendance comportementale ?
Le changement du comportement est simple. Il faudrait agir sur le stimulus déclencheur, installer des comportements antagonistes, gérer le stress et les émotions négatives et développer des attitudes mentales positives. Des exemples : Retarder une cigarette, fumer de la main opposée, changer un habitude et de décor... Des tests pourront contribuer à évaluer cette dépendance comme le test de Fagerstrom.
Quelles sont les diverses méthodes de sevrage tabagique proposées selon les motivations ? Les thérapies cognitives et comportementales, les traitements substitutifs nicotiniques et le Bupropion LP sont aujourd'hui trois thérapies utilisées pour arrêter de fumer et éviter de rechuter, leur choix sera en fonction du degré de dépendance au tabac. Parmi les substituts nicotiniques utilisés sont la gomme à mâcher, les pastilles nicotiniques à sucer, le patch et l'inhaler oral Kamel Bouaouina
*** Test de Fagerstrom : évaluation de la dépendance à la nicotine
1. Le matin, combien de temps après vous être réveillé fumez-vous votre première cigarette ? Dans les 5 minutes 3 6-30 minutes 2 31-60 minutes 1 Plus de 60 minutes 0 2. Trouvez-vous qu'il est difficile de vous abstenir de fumer dans les endroits où c'est interdit? (p.ex. cinémas, bibliothèques) Oui 1 Non 0 3. A quelle cigarette renonceriez-vous le plus difficilement ? A la première de la journée 1 A une autre 0 4. Combien de cigarettes fumez-vous par jour, en moyenne ? 10 ou moins 0 11-20 1 21-30 2 31 ou plus 3 5. Fumez-vous à intervalles plus rapprochés durant les premières heures de la matinée que durant le reste de la journée? Oui 1 Non 0 6. Fumez-vous lorsque vous êtes malade au point de devoir rester au lit presque toute la journée ? Oui 1 Non 0