L'Assemblée générale élective du Conseil de l'ordre des pharmaciens s'est tenue le samedi 21 juin 2008. Un conseil de l'ordre a été élu dont le président est le docteur Abdelkrim Hamrouni qui a occupé pendant 15 ans des responsabilités au sein des structures de la profession. M. Hamrouni a obtenu le doctorat en pharmacie de la faculté de pharmacie de Paris. A l'occasion de son élection au poste de président du Conseil de l'ordre nous l'avons invité. Il nous parle ici des problèmes de la profession des relations avec la CNAM et d'autres questions. Interview.
Le Temps : Quelles sont aujourd'hui les préoccupations de la profession ? Dr Abdelkrim Hamrouni : Notre préoccupation majeure est l'emploi des jeunes pharmaciens qui viennent d'obtenir leurs diplômes. Le Conseil de l'ordre mène constamment des actions pour leur trouver du travail. Nous avons ainsi modifié le Numérus clausus qui fixe les conditions et les critères pour l'ouverture d'une nouvelle pharmacie d'officine de catégorie A ou B c'est-à-dire de jour ou de nuit cette modification a permis de créer un certain nombre de nouvelles pharmacies. Il y en a qui ont ouvert et d'autres sont en cours. Il y a aussi la création d'officine dans les "Imada". Bien sûr dans des zones qui garantissent la viabilité de ces nouvelles pharmacies. Ceci en dehors des postes d'emploi qui existent déjà dans d'autres domaines comme l'industrie pharmaceutique, les pharmaciens grossistes, la biologie et le secteur de la santé publique. Mais dans ce dernier secteur l'embauche reste timide par manque de moyens financiers. • C'est-à-dire ? Il y a un problème de budget et là se situe l'une de nos revendications pour embaucher encore plus dans ce secteur car il y a aujourd'hui des dispensaires dépourvues de pharmacies. Il faut donc augmenter le budget pour pouvoir embaucher des pharmaciens dans de bonnes conditions dans les hôpitaux et les dispensaires. • Mais quel est le secteur qui embauche le plus ? C'est celui des officines c'est pourquoi le conseil de l'ordre a pris une mesure avec une loi qui vient d'être votée, d'instituer un poste obligatoire de pharmacien assistant dans chaque pharmacie d'officine dont le chiffre d'affaires dépasse les 450.000 dinars avec un salaire minimum de 700 dinars par mois. Ces critères sont renouvelables tous les ans. • Il y en a combien aujourd'hui de pharmaciens assistants ? Il y a 130 et les demandes continuent à parvenir au Conseil de l'ordre. Nous comptons sur l'embauche d'ici la fin de l'année de 20 à 70 autres. Ces pharmaciens assistants qui sont des nouveaux diplômés restent aussi inscrits sur la liste d'attente pour obtenir l'autorisation d'ouvrir une pharmacie. • Mais la multiplication de nouvelles pharmacies ne risque-t-elle pas de faire baisse énormément le chiffre d'affaires de celle déjà existantes et de léser la rentabilité des nouvelles ? Nous continuons de faire des efforts pour l'emploi des nouveaux diplômés tout en s'efforçant de sauvegarder la rentabilité des officines déjà existantes et une marge bénéficiaire convenable. • Que pensez-vous de la CNAM qui a fait couler beaucoup d'encre et dont vous êtes partie prenante ? Dès le départ, nous étions des partenaires à part entière. Nous avons participé à toutes les réunions. Nous avons déjà applaudi dès l'annonce par le Président de la République en février 1996 de la création de cette caisse. Aujourd'hui que cette réforme est mise en application nous sommes en symbiose avec le ministère des Affaires sociales et les responsables de la CNAM dans un seul but qui est la réussite de cette réforme qui reste un acquis majeur pour tous les Tunisiens. Néanmoins il reste des petits points à régler. Le premier concerne ce qu'on appelle les médicaments ambulatoires c'est-à-dire donnée directement dans les hôpitaux ou les dispensaires aux malades qui ont choisi le premier régime. Ces médicaments, à notre avis, doivent être à la charge des officines. Au moins dans un premier temps pour les médicaments prescrits et qui n'existent pas dans les établissements de santé du service public. Nous demandons que ces médicaments soient pris en charge par la CNAM aux citoyens qui les achètent des officines. Le deuxième concerne le remboursement des médicaments . A notre avis, il doit se faire sur le générique le moins cher. Maintenant que la loi sur la substitution, qui autorise le pharmacien à choisir le médicament identique prescrit par le médecin mais moins cher, est instaurée. Pour réussir cette substitution et dans l'intérêt de la CNAM, des industriels pharmaceutiques fabricants les génériques, et surtout des citoyens nous demandons à encourager le pharmacien à substituer et à compenser le manque à gagner dû à cette opération. Nous demandons une compensation qui soit sous forme d'une ristourne. Qui la donnera ? La CNAM ? L'industriel ? Les deux peut être ? Nous attendons la réponse le plus rapidement possible afin de réussir cette opération de substitution. Le troisième point est lié à la liste des médicaments de confort qui sont non remboursés par la CNAM. Elle doit parvenir dans les plus brefs délais aux pharmaciens afin qu'ils puissent en tenir compte et nous demandons à ce que ces médicaments soient soumis à la concurrence et à la portée du citoyen et nous espérons que ces médicaments entrent dans la catégorie de médicaments conseils (OTC) avec une marge préférentielle pour le pharmacien sans augmentation du prix en faisant jouer la concurrence entre les industriels. Le dernier point concerne le monopole des médicaments. Nous considérons que les pharmacies de sociétés n'ont plus de raison d'être. En plus il n'y a plus de raison alors qu'aujourd'hui la CNAM existe, que les dispensaires continuent directement de donner les médicaments d'autant plus que les pharmacies existent aujourd'hui dans tous les coins de la République. • Votre dernier mot ? Nous travaillons avec toutes les structures professionnelles dans le but de rehausser l'image de marque de la profession. Je tiens à remercier le ministre de la Santé, la secrétaire d'Etat et le directeur des médicaments et de la pharmacie avec lesquels nous travaillons en collaboration très étroite.