Après les 30 glorieuses, l'économie internationale endure aujourd'hui des périodes de crises successives déclenchant le marasme sans précédent du système bancaire et financier international. Un tsunami financier qui remet en cause des années et des années de libéralisation et d'édification d'un marché financier global reposant sur la liberté comme principe et sur l'autorisation comme exception. Certains analystes parlent d'un système financier déficient et d'un séisme bancaire, d'autres parlent de crise « apparente » et il y a même ceux qui ne reconnaissent pas le déclin du système et assurent que le marché financier « baigne dans l'huile ». Les analyses divergent, mais la seule réalité qui saute aux yeux c'est celle d'un cataclysme : la fameuse crise des subprimes, la nationalisation de la banque britannique « Northern Rock » et la récente fallite d'IndyMac (institution californienne de crédit immobilier) ne sont que les premières secousses du système bancaire et financier.
Le paradoxe de l'œuf et de la poule Les géants mondiaux des crédits immobiliers semblent être les premiers à subir de plein fouet la crise des subprimes. Ainsi la nationalisation de la « Northern Rock » survenue au mois de février 2008, s'est répétée vendredi dernier après la décision de mettre la banque de crédit immobilier « IndyMac Bancorp » sous la tutelle de la Federal Deposit Insurance Corp (FDIC) qui n'est autre que l'agence fédérale garantissant les dépôts bancaires aux USA après le vent de panique a soufflé sur Wall Street. Quand laGrande-Bretagne et les Etats-Unis, qui sont les protagonistes de la globalisation financière, de la privatisation, de la libéralisation des taux d'intérêt subissent ce genre de débâcle, il y a de quoi sentir le roussi. Toutefois une question reste toujours posée : à qui la faute ? Est-ce la faute au système, à la mondialisation ?. S'agit-il de défaut de transparence, de moyens de gestion de risques de crédits et de système d'information cohérents ?. Les agences de notation sont-elles responsables de la crise ?. Quels rôles joués par les spéculateurs ?. Et l'on revient ainsi au paradoxe de l'œuf et de la poule : Est-ce le système qui a déclenché la crise ou c'est plutôt la crise qui remet en question le système bancaire et financier mondiaux?
A qui la faute ? Les explications des analystes financiers divergent. Chacun explique la situation à sa manière et agit compte tenu de ses orientations. Les évaluations varient entre confiance pour les uns et défiance pour les autres. De toutes les manières chaque pays s'attèle à éviter cette contagion. Les Américains et les Français n'ont pas nécessairement la même stratégie anti-Krach. Et c'est idem pour les pays du Maghreb. Mais pour trouver des solutions il faut comprendre la situation. Si l'on revient sur les origines de la crise financière, il s'agit pour l'essentiel de la qualité médiocre des crédits immobiliers en circulation. Ce sont des crédits immobiliers à risques élevés octroyés par les institutions bancaires américaines aux ménages américains à revenus moyens et à taux d'intérêts variables. La crise a été déclenchée suite à l'accroissement rapide et vertigineux des taux d'intérêts directeurs et ce parallèlement à la dynamique des crédits immobiliers et à la diversification des produits financiers complexes et opaques mis en place sur le marché. Au bout du compte, le principal plus les intérêts ou encore les annuités de remboursement des emprunts immobiliers ont atteint des niveaux records de manière à dépasser les capacités de remboursement des ménages. De fait, les prix de l'immobilier sont mis à mal annonçant le début d'une crise bancaire et la chute du marché immobilier américain. Ce qui dénote de la fragilité et de la faiblesse des mécanismes de contrôle et remet en cause la politique monétaire mise en place. Pourtant nombreux sont ceux qui affirment que cette crise était attendue. Donc ce n'est pas du tout une surprise pour les économistes. Ne fallait-il pas prévoir des plans de secours ?. Le marché financier passait alors d'une situation de liquidité abondante à une situation de « pénurie apparente ». En effet pour certains analystes, il n'est surtout pas question de liquidités mais plutôt d'incertitudes, de perte de confiance entre banques et épargnants et de mauvais placements de la part des investisseurs. Après 30 années de stabilité relative, les places financières internationales sont au bord de l'abîme, bien que certains analystes américains semblent être confiants. Ils affirment que les USA sont habitués à de telles situations, qu'ils ont les moyens de tempérer la crise et qu'ils sont déjà sur le bon chemin de sortie. Il paraît que les banques américaines ont pu réaliser 34 milliards de dollars de bénéfices même en cette période de crise. Reste qu'après la décision prise vendredi de mettre la Banque IndyMac Bancorp sous la tutelle de l'agence fédérale américaine de garantie des dépôts bancaires et les risques de mettre sous tutelle les deux géants privés de refinancement hypothécaire Freddie Mac et Fannie Mae, l'optimisme se transformera en pessimisme.