Enjeu majeur, la création d'entreprise l'est à plus d'un titre. C'est le pivot autour duquel s'ordonne l'essentiel de la croissance, elle-même génératrice d'emplois, vecteur de richesses et d'investissement et gage de cohésion sociale. Ainsi perçue, la croissance requiert des approches novatrices et, surtout, interpelle les décideurs, toutes vocations confondues, tenus alors de mettre en place les mécanismes les plus appropriés pour accompagner l'entreprise à tous les stades de ses processus, qu'il s'agisse de la création, bien sûr, jusqu'à la conquête des marchés en passant par la difficile et décisive trajectoire du financement. Il s'agit d'une architecture où les articulations prennent rang d'élément fondamental et crucial. Il est entendu par articulations celles qui cimentent les interventions de tous les mécanismes mis en place pour donner à l'entreprise les moyens de sa naissance, de sa performance et, par-dessus-tout de son maintien dans le tissu industriel, et pour le dire autrement, sa survie. Le dernier en date de ces mécanismes est le Conseil supérieur de l'entreprise qui vient remplacer trois anciens conseils (le Conseil supérieur de création d'entreprises et des projets innovants, le Conseil supérieur du tourisme, le Conseil supérieur de l'économie numérique). Ce faisant, il constitue un cadre de concertation pour approfondir le débat et la réflexion sur la promotion de l'entreprise et de son environnement et représente, pour toutes les parties prenantes, l'occasion de prendre part aux décisions et à la conception des stratégies nationales. En décidant de fédérer ces rouages, les pouvoirs publics répondent en fait à un impératif d'efficacité dont il est attendu une meilleure visibilité des politiques élaborées au bénéfice de l'entreprise et de l'entrepreneur autant que de nouvelles impulsions, même si, en l'espace de trois ans(2005, 2006 et 2007), pas moins de 45 mille entreprises sont venues enrichir le tissu industriel du pays ,dont 38 mille créations et 7 mille extensions, tandis que l'investissement n'a cessé, au cours de ces mêmes années, de suivre une tendance haussière pour augmenter, en 2008, de 9%.
Créer et innover Il va sans dire que l'essentiel n'est pas uniquement de créer des entreprises. Il s'agit aussi, peut-être prioritairement, d'améliorer leurs performances et de renforcer leur compétitivité afin de mieux répondre aux enjeux et exigences de l'ouverture sur l'environnement international. La mise en place de la Zone de libre-échange tuniso-européenne, à partir de 1er janvier de cette année, donne un relief tout particulier à cette démarche, laquelle avait commencé déjà à se développer à la faveur du lancement du Programme de mise à niveau (PMN) qui a permis de renforcer le pouvoir compétitif des entreprises industrielles. Les résultats du PMN montrent un engagement des entreprises sur la voie de la performance. En effet, sur l'effectif total des entreprises industrielles employant 20 personnes et plus en Tunisie, soit près de 3667 entreprises, le taux d'adhésion au PMN est de 81% (2987 entreprises adhérentes sur 3667), selon les statistiques fournies par le PMN. Ceci signifie que le programme a touché la quasi-totalité des entreprises employant 20 personnes et plus. Ce qui est tout à fait remarquable parmi les programmes de mise à niveau engagés à l'échelle internationale. Par ailleurs, les efforts développés pour consolider l'entreprise à améliorer son environnement, ont permis à l'industrie tunisienne de s'élargir et de se diversifier. En effet, le nombre d'entreprises industrielles (comptant 10 employés et plus) a plus que quadruplé ces 20 dernières années passant de 1233 entreprises en 1987 à plus de 5400 entreprises actuellement.
Le PMI en lice A l'exercice, il s'est avéré que le PMN ne pouvait, à lui seul, préparer l'entreprise tunisienne à l'échéance du 1er janvier 2008, laquelle requiert d'autres mécanismes qui s'accordent adéquatement avec les exigences de l'Union européenne. Cela signifie le développement d'un effort de modernisation afin de permettre aux entreprises tunisiennes d'être à même de tenir leur rang dans ce nouvel espace hautement concurrentiel et dont les conditions d'accès sont si rigoureuses qu'elles s'apparentent à une sorte de « sélection naturelle » fondée exclusivement sur le culte de la performance. C'est pour répondre à cette exigence qu'a été lancé le Programme de Modernisation Industrielle , financé par l'Union européenne, et dont les prestations sont axées sur l'immatériel , avec comme objectif premier « le développement de la compétitivité des entreprises par l'assistance technique (coaching et qualité) et aussi, par des actions visant à développer l'innovation au sens large : produits innovants, nouveaux marchés » Il s'agissait également de densifier le tissu industriel par l'encouragement à la création d'entreprises, en particulier sur des projets innovants ou sur les créneaux porteurs pour la Tunisie et d'améliorer l'environnement des entreprises aux niveaux de la propriété industrielle et de l'établissement à terme d'Accords de Reconnaissance Mutuelle avec les pays européens dans les domaines de la qualité, de la normalisation et de la métrologie. Enfin, dernier objectif : faciliter l'accès des PME au financement par le biais, notamment du coaching financier. Les résultats obtenus ont été à la hauteur des attentes. Depuis le démarrage du PMI en juillet 2004, et jusqu'au mois d'avril dernier2008, 500 actions ont été lancées et près de 1000 entreprises industrielles ont bénéficié d'une assistance technique financée par le PMI, soit pour un coaching technique ou financier, soit pour la mise en place d'une démarche qualité, outre l'accompagnement de quelque 80 porteurs de projets à travers les structures d'appui appropriées. A la mi-avril 2008, le budget engagé par le PMI était de l'ordre de 24 Millions d'euros, et le taux de réalisation des actions par des experts tunisiens et internationaux a dépassé les 70 %.