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Au diable l'autodiscipline !
Citoyenneté - Absence de repères, difficultés d'affirmation de soi, stress de la vie courante
Publié dans Le Temps le 09 - 02 - 2007

Un constat de désordre et de brouillon accompagne la vie publique des Tunisiens. La rue est la poubelle de tous. Le cafouillage est le maître mot pour circuler, stationner, faire ses courses ou prendre place dans un Gala. Les Tunisiens ne sont pas adeptes de l'autodiscipline. Ils cherchent plutôt à esquiver les normes, en faisant semblant de les appliquer.
Cette impression est la même, que les sujets soient enfants, dans les écoles primaires ; jeunes, dans les lycées et les facultés ; ou encore d'un certain âge, dans les administrations, les corporations, la société civile et la vie sociale. D'ailleurs, le phénomène ne cesse pas de s'amplifier.
Scènes courantes
L'hygiène et la propreté : Les bus, les rames du métro et du train, les administrations, etc... sont nettoyés chaque soir, à leur retour du service. Si une vérification est faite, le lendemain, après la première rotation matinale, des mégots de cigarettes, des emballages de croissants, des papiers mouchoirs, etc...vont sûrement être récupérés. De tels déchets vont s'accumuler au fil de la journée et ces moyens de transport ne vont plus être aussi propres. Ces lieux, tout comme la rue ou les jardins publics, n'ont jamais été considérés comme un espace commun qu'ils sont censés en prendre soin comme étant leur propre territoire.
Le stationnement et la circulation : Des temps des sabots, les conducteurs respectaient les aires de stationnement. Ils s'empressaient de « déguerpir » s'ils étaient en infraction, de peur d'être sanctionnés. Il y avait des dépassements évidents lors de l'usage de ces engins « sabotiques ». Mais, la discipline était de mise. Maintenant, les conducteurs ne craignent pas de stationner en deuxième, ou troisième positions. Il n'y a aucune action dissuasive. D'ailleurs, pour bien comprendre l'état mental des Tunisiens, il faut se placer dans une situation où la règle de la priorité n'est pas applicable. Là, c'est l'embouteillage systématique et un agent de circulation est inévitable.
Les files d'attente : Que l'on soit devant les guichets du stade, du train, ou pour attendre un taxi, la règle de priorité n'est jamais respectée. Il n'y a jamais de file bien droite et espacée. Pour les matchs et les galas, ce sont généralement les agents de l'ordre qui organisent le rangement des files. Quant aux taxis, c'est une épreuve physique et plutôt du coude à coude.. Le premier venu n'est pas systématiquement le premier servi. Il ne peut même pas prétendre au service en justifiant du respect de l'ordre. D'ailleurs, et en l'absence d'un service d'ordre vigilant, les resquilleurs ne manquent pas. Ils essaient de se frayer une position qui n'est pas toujours la leur dans les files.
La discipline scolaire et familiale : Les enfants, et notamment les adolescents, deviennent de plus en plus difficiles à gérer. Leurs parents ont laissé tomber les normes autoritaires, selon lesquelles ils ont été, eux-mêmes, éduqués. Ils ont adopté à leur encontre une discipline souple, voire très molle. Du coup, ces jeunes ne distinguent nullement entre leurs vœux et leurs droits. Ils ont certes droit à la liberté d'expression. Or, être libre de s'exprimer ne veut nullement signifier de faire ce que l'on veut. Et, c'est surtout l'absence de tout contrôle sur l'enfant qui se fait le plus remarquer.
Interrogations
L'absence de discipline semble être un élément d'intersection de toutes ces scènes courantes. Et comme tout phénomène a ses propres origines, Le Temps a cherché à retrouver les raisons de ce dérapage disciplinaire et a contacté, à cet effet, le sociologue, le Professeur Naceur Bouhali, chargé d'un centre d'éducation en Allemagne. Interview :

Naceur Bouhali : « C'est le reflet de l'éducation inculquée une vingtaine d'années plus tôt.»

Le Temps : « Comment expliquez-vous la détérioration des normes de la discipline en Tunisie ?
Le Professeur Naceur Bouhali : La question ne se pose pas de cette façon mais plutôt : Pourquoi le Tunisien n'est-il pas adepte de l'autodiscipline ? Ainsi posée, la réponse devient évidente. Il suffit d'analyser l'éducation proposée durant le dernier quart du siècle dernier pour comprendre l'état actuel des choses. Les pères des jeunes et des adolescents d'aujourd'hui sont des natifs des années 1950-1960. Ils ont été éduqués sous le régime de l'autorité absolue du père, de la famille et de la société. Ils ont voulu libérer leurs enfants de ce triple joug. Toutefois, cette libéralisation ne s'est pas accompagnée de la présentation d'un autre modèle de discipline. D'où la diaspora culturelle actuelle.
. Que reprochez-vous à l'éducation des jeunes d'aujourd'hui ?
- Le rejet des anciennes normes ne s'est pas associé à l'instauration de nouvelles dimensions disciplinaires. Les parents ont offert à leurs enfants dont ils étaient privés, eux-mêmes, sans penser aux conséquences. Pourtant, les jeunes ont besoin d'autorité et de repères pour s'orienter dans la vie. Le constat qui prévaut actuellement, c'est qu'il y a une dislocation des anciennes structures sociales et une recherche tâtonnante de nouvelles. Le résultat est bâtard. Les jeunes adhèrent, d'une part, à quelques aspects modernistes et, d'autre part, ils s'attachent à certaines dimensions rétrogrades. Ils sont encore à la recherche de leur identité.
. L'autodiscipline est absente même chez les adultes !
- C'est vrai ! Ceci est d'ailleurs dû à plusieurs facteurs indissociables. D'abord, la sensation d'appartenance à la société et d'être en devoir d'honorer certains engagements civiques ne fait pas encore partie de la culture courante. Le domaine du citoyen se limite à la propriété familiale. La rue appartient à la municipalité et il ne s'y identifie pas encore. Ensuite, et c'est quelque part une conséquence, les devoirs conçus par chaque citoyen dans son fort intérieur n'incluent pas l'Autre. Ceci se voit clairement dans les priorités de la circulation, la propreté de la ville, ou même l'apport de secours à une personne. L'ordre des valeurs est strictement égoïste. Enfin, il ne faut pas non plus nier les effets des difficultés de la vie courante et du stress qui l'accompagne. Ce stress auquel le mental tunisien n'est pas suffisamment préparé. La pression diminue les capacités d'assimilation.
. Comment pourrait-on entrevoir une issue ?
- Il faut travailler principalement avec l'enfance et la jeunesse. La culture du partage et de la responsabilité commune s'inculque dès le jeune âge. Les petits gestes de préservation de l'environnement s'apprennent comme la toilette quotidienne. La famille, le jardin d'enfants et l'école demeurent les supports privilégiés de passage du message culturel. La propreté de sa maison, l'entretien de son jardin et la beauté, aussi simple soit-elle, de son école, développent les sens de préservation de l'environnement chez l'enfant d'aujourd'hui, le citoyen de demain. Le thème des règles de la circulation peut faire partie de l'éducation civile. Les patrouilles scolaires renforcent le sens de responsabilité de l'enfant et éveillent les sens des adultes. Une fois cette éducation assurée aujourd'hui, elle ne peut que garantir des lendemains meilleurs. Le comportement social n'est que le reflet de l'éducation inculquée une vingtaine d'années plus tôt.


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