L'ouverture du capital de la Société tunisienne d'assurances et de réassurances (STAR) à un partenaire stratégique marque un tournant dans le secteur des assurances en Tunisie. L'Etat table sur ce « mariage de raison » pour donner du sang neuf à l'activité, jusqu'ici plombée par la sous-capitalisation et la faible taille des compagnies tunisiennes, selon le journal de la finance africaine « les afriques ». L'analyste du journal a expliqué que l'assureur français Groupama a été choisi comme adjudicataire provisoire de l'appel d'offres international relatif à l'ouverture du capital de la STAR à un partenaire stratégique à hauteur de 35%. Ce choix a été confirmé le 5 juillet dernier par la Commission d'assainissement et de restructuration des entreprises publiques ou à participation publique (CAREPP). L'annonce officielle du nom du vainqueur de l'appel d'offres n'aurait toutefois lieu qu'après la finalisation de la transaction, prévue au courant de ce mois d'août, ou au plus tard en début de septembre. Selon les informations qui circulent dans le milieu financier tunisien, l'offre financière de Groupama tournerait autour de 138 millions de dinars (1 dinar = 0,55 euro). La première mutuelle d'assurances en France aurait également présenté la meilleure offre technique parmi les six candidats ayant déposé des offres à la date de clôture de l'appel d'offres fixée au 17 juin 2008, a-t-on ajouté de même source. Groupama l'aurait emporté sur le fil du rasoir devant Gulf Insurance Company, filiale du groupe koweïtien Kipco. Outre ces deux compagnies, la STAR avait également suscité les convoitises des sociétés RMA Watanya, filiale de la BMCE (Maroc), Trust International Group (Chypre), Comar et Carte (Tunisie).
Recapitalisation ciblée L'opération de recapitalisation a glissé sur le calendrier pendant près d'une année. Les délais de la remise des offres financières et techniques ont été en effet reportés à maintes reprises par la direction générale de la privatisation. Motif : l'Etat tunisien misait sur un « mariage d'intérêt » qui doit se matérialiser par l'entrée dans le capital de la société d'un mastodonte étranger capable de contribuer à la restructuration du secteur des assurances. En contrepartie, le partenaire de la STAR deviendra l'actionnaire majoritaire d'une société qui détient 26,13% des parts de marché et dispose du réseau commercial le mieux développé : 138 agences, 11 succursales et 17 courtiers. « Nous avons préféré chercher un partenaire stratégique possédant un savoir-faire incontestable afin de permettre à la compagnie de devenir une véritable locomotive du secteur », explique Abdelkarim Merdassi, PDG de la STAR. Et de renchérir : « Certes, l'offre financière est un élément déterminant dans le choix du partenaire stratégique, mais l'apport technique du candidat a été largement pris en considération ». De son côté, Maxula Bourse a indiqué dans un rapport publié fin juin qu'un partenaire stratégique de renommée internationale devrait permettre à la société d'améliorer sa solvabilité à travers une consolidation de ses fonds propres. « Le savoir-faire qu'apportera ce partenaire devrait révolutionner les pratiques de gestion de la société, et par ricochet donner un nouveau départ au secteur », a également estimé l'intermédiaire en bourse dans ce rapport intitulé « la STAR, cendrillon du marché financier tunisien retrouve son statut de princesse ». « La mariée était très belle » Avec un chiffre d'affaires de 210 millions de dinars en 2007, la STAR occupe la plus haute marche du podium sur le marché local. Son capital est détenu à raison de 59,78% par l'Etat tunisien. Le reste est réparti entre des sociétés privées locales et étrangères ainsi que des petits porteurs. Un plan d'assainissement, lancé en 2004 dans la perspective de l'ouverture du capital de la société à un partenaire stratégique, a permis de « rendre la mariée plus belle ». Il avait notamment permis à la société d'absorber une insuffisance historique de provisions techniques, de renforcer ses fonds propres et d'améliorer ses ratios prudentiels. Résultat : en 2007, la compagnie a réalisé un résultat net de 62,5 millions de dinars, en hausse de 10,39% par rapport à l'exercice 2006. En dépit de cette excellente santé financière de la STAR, les observateurs de la vie économique en Tunisie s'accordent à dire que le secteur des assurances bat encore de l'aile. A preuve : le taux de pénétration de l'assurance dans l'économie nationale (parts des primes d'assurances dans le PIB) demeure faible. En 2006, ce taux s'est établi à 1,95% contre une moyenne mondiale de 8%. De même, les primes d'assurances par habitant sont de l'ordre de 79 dinars en 2006, alors que la moyenne mondiale est presque de dix fois plus.