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28: Randall Royer le wahhabite radical de Virginie
Notre feuilleton - Le jihad des convertis
Publié dans Le Temps le 10 - 02 - 2007

Américain converti à l'islam, Randall Royer, alias Ismail, aujourd'hui âgé de 32 ans, a été condamné, en janvier 2004, à 20 ans de prison pour détention d'armes et explosifs et appartenance à un groupe jihadiste opérant en Virginie du Nord, lui-même lié au groupe cachemiri Lashkar-e-Taiba (ou "l'Armée des Justes").
Royer fait partie de ces dizaines de convertis à l'islam ayant succombé aux sirènes du jihad international. Américains, Australiens, Jamaïcains, Français, Allemands, Belges... Nés de parents chrétiens, juifs ou athées... Fraîchement convertis à l'islam le plus rigoriste par des imams extrémistes, ils ont gagné les camps d'entraînement de Bosnie et d'Afghanistan, où ils ont acquis une solide formation militaire, avant de devenir des «petits soldats du jihad» contre l'Occident mécréant. Certains sont morts dans les montagnes de Tora Bora ou en Irak. D'autres ont été arrêtés dans le cadre de la campagne internationale de lutte contre le terrorisme, jugés et écroués. Leurs parcours, qui se ressemblent en plusieurs points, peuvent être résumés en deux formules: quête désespérée de soi et folie destructrice.

Randall Royer s'est converti l'islam, en 1992, à St. Louis, au lendemain des émeutes de Los Angeles provoquées par des tensions raciales. Durant ces émeutes, le jeune rouquin de 19 ans originaire de Manchester était entré par hasard dans une mosquée située dans le campus de l'Université de St. Louis. «Je me suis retrouvé, moi un blanc, avec un autre type, qui était noir. Nous avons été rejoints ensuite par un Arabe et un Pakistanais. Nous avons commencé à discuter», se souvient Royer. «Nous étions presque tous semblables. Il n'y avait aucune barrière entre nous. C'était vraiment étonnant. Comment cela a-t-il pu se produire ? J'ai juste senti quelque chose», ajoute-t-il pour décrire, à défaut de pouvoir l'expliquer, ce déclic que la découverte de l'islam avait alors provoqué en lui.

Au commencement était un oiseau
En réalité, le jeune homme a abandonné sa foi chrétienne assez tôt dans sa vie après une discussion avec des nonnes sur la logique de la Trinité. Dans cette discussion, il avait alors soutenu, sans avoir eu une connaissance préalable du point de vue de l'islam à ce sujet, que le Père, le Fils et le Saint Esprit ne constituent, en réalité, qu'un Être unique qui est Dieu. Quelque temps après, une discussion avec un nouvel ami musulman sur les preuves de l'existence de Dieu a fini par le convaincre de se convertir à l'islam. «J'ai dit: ''Wow, quel bel oiseau !'' Il m'a alors répondu: ''En islam, cet oiseau, comme tout autre être vivant, est considéré comme un musulman, parce qu'il suit les lois de Dieu. Voyez combien il est beau et paisible. En suivant les lois de Dieu, les hommes peuvent accéder eux aussi à cette paix''», a raconté l'Américain dans une interview au ''Post-Dispatch'', citée par Karen Branch-Brioso: "Islam Set Direction in Man's Life", mis en ligne sur le site: "http://colorado.indymedia.org'', le 28 juin 2003. Après cette discussion, le premier geste de Royer a été, selon ses dires, de consulter un annuaire pour avoir l'adresse de la mosquée la plus proche.
Le père de Royer, Ramon, un chrétien baptiste, et sa mère, Nancy, une ancienne nonne catholique, ont d'abord pensé que leur fils traversait une crise mystique passagère, comme il arrive souvent aux adolescents. Mais ce n'était pas le cas. Royer allait devenir bientôt un musulman organique, un fondamentaliste wahhabite voire un jihadiste.
Royer a quitté St. Louis pour aller étudier à l'American University de Washington. Hasard ou signe du destin: son bureau était alors situé à quelques pas du Council on American-Islamic Relations (CAIR, Conseil des relations américano-islamiques), le plus important groupe de défense des droits civils des Musulmans aux Etats-Unis. Il y sera d'ailleurs lui-même employé quelques années plus tard.
En 1994, Royer a trouvé une autre motivation à sa conversion à l'islam. Il a quitté l'université durant tout un semestre pour intégrer les forces bosniaques qui combattaient les Serbes en Bosnie-Herzégovine. «Je lisais à propos des femmes enceintes que l'on violait dans les camps et dont on taillait sauvagement l'utérus pour tuer les bébés qu'elles portaient dans leur ventre. Cela m'avait beaucoup choqué, d'autant que personne ne volait au secours de ces pauvres victimes», a-t-il raconté dans l'entretien cité ci-haut.
Appelé par le devoir au secours de ses frères musulmans, Royer, qui avait pris entre-temps le nom musulman d'Ismaïl, a pris l'avion pour l'Europe. Aussitôt débarqué en Bosnie-Herzégovine, il s'est retrouvé dans une unité constituée de combattants arabes et bosniaques. «C'était les gens les plus beaux que j'ai jamais rencontrés dans ma vie. Je suis resté là-bas près de six mois, jusqu'à la fin de la guerre. Certains des gens rencontrés venaient du Cachemire. C'est ainsi que j'ai appris l'existence des Lashkar-e-Taiba. Et c'est tout naturellement aussi que je suis parti par la suite au Pakistan», a encore expliqué Royer.

Le tropisme bosniaque
Le jeune musulman américain a ainsi entamé une série d'allers-retours entre la Bosnie et les Etats-Unis. Lorsque la guerre s'est terminée, en 1995, Royer est retourné à Washington où il a trouvé un poste de chercheur à l'AMC (American Muslim Council, Conseil musulman américain), avant de retourner une seconde fois en Bosnie, où il a rencontré et épousé sa femme, Mirsada, avec laquelle il retourna aux Etats-Unis, en 1997, pour rejoindre le CAIR, où il s'est vu attribuer le poste de coordonnateur des droits civils. Il a occupé ce poste jusqu'à son troisième départ pour la Bosnie, peu de temps après les attaques terroristes du 11 septembre 2001, cette fois sur le conseil d'un théologien musulman, Ali Al-Timimi, considéré comme le chef spirituel du groupe de Virginie, qui lui a suggéré, ainsi qu'aux dix autres membres de ce groupe, d'aller faire le jihad dans les pays musulmans, afin d'éviter la répression qui allait s'abattre sur les musulmans aux Etats-Unis.
Royer, qui avait déjà séjourné au Pakistan en mai 2000 et même tiré sur des cibles indiennes aux côtés de ses camarades du Lashkar-e-Taiba, a expliqué lors du procès que son rôle au sein du groupe cachemiri se limitait à une assistance en matière de communication, notamment pour la mise en place d'une liste de courrier électronique destinée à promouvoir la cause du Cachemire à l'échelle mondiale et la rédaction d'articles susceptibles d'améliorer l'image du mouvement à l'étranger. Il a aussi avoué avoir aidé certains de ses co-accusés à établir des liens avec des dirigeants de Lashkar-e-Taiba et facilité ainsi leur départ pour le Pakistan, où ils ont reçu une formation militaire. Cela s'est passé peu de temps avant le 11 Septembre. D'autres éléments les ont rejoints après ces attentats, toujours sur l'insistance d'Al-Timimi.
Pour sa part, Royer a préféré retourner en Bosnie, le pays de son épouse qui se remettait difficilement de ses blessures. «Je suis allé en Bosnie pour m'éloigner d'un pays qui allait entrer en guerre. Je n'ai pas apprécié l'évolution de la situation [aux Etats-Unis après le 11 Septembre], a-t-il expliqué. Avant d'ajouter, à l'appui de ses dires: «Du jour au lendemain, les enfants des voisins ne parlaient plus aux miens. J'étais le gars des droits civils du CAIR, qui répondait aux appels téléphoniques de femmes qui s'épuisaient à lui raconter comment des agents du FBI pénétraient dans leurs maisons et les tiraient de leur douche. Ces agents ciblaient alors les musulmanes noires parce qu'elles portaient souvent des noms arabes».

Un revolver et un Coran
Après les attentats du 11-Septembre, Royer a décidé, par mesure de précaution, de vendre l'arme qui était en sa possession - un AK-47 acheté en 2000 -, mais la police d'Alexandria l'a interpellé, confisqué son arme et procédé à son arrestation pour conduite avec un permis suspendu.
«Quand ils m'ont interpellé, j'avais sur moi un Coran. Ils ont trouvé cela étrange. J'avais aussi mon passeport dans une serviette, car je me préparais à partir pour la Bosnie. J'avais en plus une arme à feu que je voulais vendre», a-t-il raconté. Traduire: je n'avais rien à me reprocher, mais un regrettable concours de circonstances a voulu que je sois suspecté et arrêté. Cette histoire d'arme et de Coran pèsera lourd, par la suite, au cours du procès...
Libéré après une brève interpellation, Royer a pris aussitôt le chemin de la Bosnie, où il est resté quelques mois. A son retour aux Etats-Unis, en avril 2002, il a commencé travailler pour une autre institution islamique, Muslim American Society (MAS, Société musulmane américaine). Sa femme lui a donné un quatrième enfant. Sa vie commençait à se stabiliser. Il s'est inventé une nouvelle occupation: voyager aux quatre coins des Etats-Unis pour donner des conférences sur l'islam et les musulmans.
Malheureusement pour lui, le FBI, le service sécurité intérieure, alerté par ses incessants allers-retours vers les terres du jihad, s'intéressait déjà à lui et le surveillait de près, ainsi que les autres membres du groupe de Virginie, en vue de réunir des preuves démontrant leur appartenance à un réseau jihadiste.
Un jour, alors qu'il s'apprêtait à monter à bord d'un avion à Chicago, où il avait donné une conférence, pour rentrer à Washington, Royer s'est vu refuser l'accès à l'aérodrome. Son nom figurait déjà sur une liste de personnes fichées par la Transportation Security Administration (l'Administration de sécurité de transport). Il prit alors le train pour rentrer chez lui.
Arrêté, en juillet 2003, il a été inculpé et condamné à 20 ans de prison.
Les 10 autres co-accusés, tous membres du groupe de Virginie, seront condamnés eux aussi, dont certains à des peines encore plus lourdes, mais la plupart par contumace, car ils avaient déjà quitté le territoire américain pour le Pakistan, le Yémen, l'Arabie saoudite et d'autres destinations.

Sources :
- Karen Branch-Brioso: "Islam Set Direction in Man's Life", site Internet: "http://colorado.indymedia.org'', 28 juin 2003.
- Stephen Schwartz : Portrait of a Wahhabi", "Free Republic", 30 Juin 2003, reproduit aussi dans "FrontPageMagazine.com".

Demain : 29 et dernier : Yong Ki Kwon


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