Cette année, la consommation locale pendant le mois de Ramadan est sûrement affectée par la conjoncture économique mondiale, caractérisée par une augmentation vertigineuse des prix de certains produits alimentaires de première nécessité sur le marché international. Pourtant, durant ce mois saint, les consommateurs n'ont pas l'air de s'en soucier et, malgré la hausse de certains prix, aucun changement n'est apparemment perceptible dans leur comportement en matière d'achats : toujours la même affluence, toujours la même avidité ! Parmi ces produits importés et fortement consommés durant le mois saint, il y a l'huile alimentaire (très utilisée en friture), le lait et ses dérivés, les œufs, les viandes, les céréales, le sucre et le riz (il y a déjà une pénurie de riz jaune sur le marché !) La flambée des prix de ces produits à travers le monde a eu certainement des répercussions sur la consommation locale qui connaît un accroissement du simple au double durant le mois de ramadan. Selon des statistiques officielles, la moyenne de la consommation en alimentation est de 38% du salaire hors Ramadan ; cette moyenne dépasse les 50% au mois de Ramadan. Cela dépend du produit consommé. En effet, selon les chiffres fournis récemment par le ministère du Commerce et de l'Artisanat, la consommation augmente pendant ce mois de 30% pour le pain, de 33,1% pour la viande ovine, de 50% pour la viande bovine, de 98% pour les œufs et de 23% pour le lait. Si un approvisionnement normal de ces produits a été plus ou moins assuré durant la première semaine du Ramadan, il n'est pas le cas pour d'autres produits, notamment légumes et poissons, qui affichent encore des prix très élevés. Malgré les mesures prises par les autorités publiques en vue de juguler tous les effets néfastes occasionnés par la flambée des prix de certains produits durant ce mois, que ce soit à cause de la conjoncture économique critique ou suite à des manœuvres spéculatives, le jeu du chat et de la souris continue entre contrôleurs de prix et commerçants. Le renforcement des contrôles économiques et la multiplication des visites inopinées auprès des fournisseurs (grossistes et détaillants) sont effectués quotidiennement durant ce mois saint pour mettre fin à tout genre de spéculation ou fraude sur les prix de ces denrées vitales. Mais, certains commerçants de mauvaise foi, ont toujours leurs propres subterfuges pour échapper à de tels contrôles et ils savent parfois comment détecter l'approche d'une visite éventuelle des agents de contrôle ; ils prennent alors leurs précautions ! Un renfort des brigades existantes est donc nécessaire durant le reste de ce mois et le contrôle doit se faire de jour comme de nuit. L'Organisation Tunisienne de Défense du Consommateur (ODC) doit également agir dans ce sens pour une mobilisation active tant au niveau de la sensibilisation des consommateurs que dans la dénonciation des commerçants en contravention, en restant en permanence à l'écoute des doléances des consommateurs qui, à leur tour, doivent être plus coopératifs. En effet, certains clients, tout en sachant qu'ils sont bernés par tel ou tel commerçant, ne réagissent jamais, soit pour ne pas provoquer de brouille et rester en bons termes avec ce commerçant, soit pour ne pas entrer dans des procédures administratives pour quelques millimes qu'il a payés en sus. C'est le cas de cette vieille dame qui vient de sortir de chez un boucher en rouspétant et qui s'est esquivée dès qu'on leur a demandé de dénoncer son arnaqueur ! Le numéro vert mis à la disposition des citoyens par l'ODC ne semble pas fonctionner d'une manière suffisante. A voir la ventilation des réclamations ou de doléances enregistrées durant le 1er trimestre 2008 auprès de l'ODC, le nombre d'appels reste en deçà de celui des infractions commerciales commises au cours de l'année, encore moins durant le mois de Ramadan. L'ODC est donc appelée à améliorer ses méthodes d'intervention auprès des consommateurs peu ou non conscients et peut-être encore récalcitrants quant à une coopération effective avec cette organisation et avec les agents de contrôle : si les spots de sensibilisation lancés à travers les médias ne suffisent pas, il faut bien passer à la vitesse supérieure en envoyant des SMS ou des e-mails individuels aux citoyens en leur prodiguant les conseils appropriés au moment opportun ; chaque fois qu'il y a une hausse de prix d'un produit sur le marché et pourquoi pas ne pas appeler le citoyen à boycotter tel ou tel produit, peut-être que le prix baissera-t-il tout de go ! Malheureusement, le boycottage d'un produit, jugé trop cher, n'est pas encore dans les habitudes des Tunisiens ! Pourtant, c'est le moyen le plus efficace pour que les prix baissent ! Dans les pays dits développés, les citoyens bien avisés, ont souvent recours à cette méthode ! En l'absence d'une telle mentalité chez nos citoyens, une rationalisation de la consommation est de rigueur durant ce mois ; même si la tentation est souvent plus forte pour ceux qui se laissent intoxiquer par la publicité qui nous matraque tous azimuts en lançant soi-disant ses « nouveaux » produits faits spécialement pour le mois de Ramadan. Les ménages ne doivent pas se laisser prendre par ses slogans publicitaires et sont appelés à mieux gérer leur budget en privilégiant les besoins nécessaires afin d'éviter certaines dépenses superflues investies dans des achats qui ne servent qu'à nourrir nos poubelles, faute d'être consommés ! Le temps est à l'austérité, il faut savoir serrer la ceinture en ces temps durs, surtout que nous sommes au sortir des grandes vacances qui nous ont coûté les yeux de la tête et à quelques jours de la rentrée scolaire qui, elle aussi, nous attend au tournant et exige d'énormes dépenses !