Le Temps-Agences - Le président libanais Michel Souleïmane a lancé le "dialogue national" en appelant à la réconciliation des factions politiques, profondément divisées sur le rôle que doivent tenir le Hezbollah dans la défense du pays. "Les différentes possibilités (...) suscitent une vive préoccupation et la peur de l'avenir. Nous devons être unis", a déclaré l'ancien chef d'état-major des armées, un chrétien maronite, en accueillant au palais présidentiel les représentants de 14 mouvements, dont Mohammed Raad, l'un des principaux dirigeants du Hezbollah. Les militants du Hezbollah et leurs armes pourraient être au coeur des pourparlers, issus de l'accord trouvé en mai entre les dirigeants du pays sous l'égide du Qatar, afin de mettre un terme à la crise politique. La branche armée du mouvement chiite est devenue un sujet majeur de division après que le Hezbollah eut défait ses opposants et pris, début mai, le contrôle de la partie musulmane de Beyrouth. "Nous croyons fermement pouvoir mettre en place une stratégie qui protège le Liban, qui repose sur nos forces armées et qui bénéficie des moyens de la résistance (ndlr, le Hezbollah)", a dit encore le chef de l'Etat. La "stratégie de défense nationale" est pour l'instant le seul sujet officiel de discussions et certains dirigeants politiques estiment sage de ne pas mettre immédiatement sur la table la question du rôle du Hezbollah et de son arsenal. "Nous ne voulons pas aborder le sujet des armes si cela risque de provoquer de nouveaux affrontements", a ainsi déclaré le dirigeant sunnite Saad Hariri, dont les forces ont subi la loi de celles du Hezbollah en mai dernier. "Mais en même temps nous recherchons un dialogue responsable qui fixe définitivement les limites pour l'utilisation des armes afin qu'elles ne constituent pas, comme aujourd'hui, un moyen de dominer l'Etat et les autres mouvements politiques", a-t-il toutefois ajouté. Fermeté du Hezbolah Le Hezbollah, soutenu par l'Iran, n'est guère disposé à céder un pouce de terrain et devrait repousser d'emblée toute idée de désarmement. "La résistance a offert un modèle de défense qui a prouvé qu'il protégeait le Liban et qui parvient à la victoire. Ou bien nous discutons de cette stratégie en prenant acte des bienfaits de cette défense, ou bien une autre stratégie est proposée et nous serons à l'écoute", a ainsi déclaré samedi Mohammed Raad. L'armée du Hezbollah est composée de plusieurs milliers de combattants fortement armés et équipés, y compris en missiles anti-missiles et en roquettes capables de frapper Israël. Malgré l'interdiction prononcée par l'Onu, le mouvement aurait accru ses capacités militaires après la guerre contre Israël. Le ministre israélien de la Défense, Ehud Barak, a estimé mercredi dernier que le Hezbollah disposait désormais de plus de 40.000 roquettes capables d'atteindre Israël, dont la plupart ont été acquises depuis la fin de la guerre de l'été 2006. L'accord trouvé après les affrontements de mai prévoyait l'élection de Michel Souleïmane à la tête de l'Etat, la formation d'un gouvernement d'union nationale, l'organisation d'élections législatives en 2009 et de débats sur les sujets de division. Les hommes politiques des deux camps doutent que les discussions permettent de parvenir à un accord, mais espèrent qu'elles apaiseront les tensions interconfessionnelles persistantes.