Le Temps-Agences - Les pays d'Amérique du Sud ont apporté lundi soir, lors d'une réunion d'urgence de près de six heures à Santiago, la capitale chilienne, leur "soutien unanime" au président Evo Morales tout en l'appelant à dialoguer largement pour touver une "solution durable". La "déclaration de La Moneda", du nom du palais présidentiel chilien, publié après la réunion, rejette par avance toute tentative de "coup civil" et soutient l'unité de la Bolivie et l'ordre constitutionnel. Toutefois les dirigeants sud-américains insistent aussi sur la nécessité d'un dialogue à rechercher ensemble (avec l'opposition) pour trouver "une solution durable". Le dialogue devrait se faire avec l'aide d'une commission ouverte à tous les membres de l'Unasur. Cette commission aidera au travail d'une table ronde présidée par M. Evo Morales. Le ton pragmatique et modéré de la "déclaration de La Moneda" reflète l'influence de la présidente du Chili, Michelle Bachelet et du Brésil Inacio Lula Da Silva qui avaient exigé une réunion concréte pour ce "baptême de feu" de l'Unasur, créée en 2004. Le dirigeant brésilien voulait éviter notamment des déclarations enflammées contre les Etats-Unis de la part des présidents vénézuélien Hugo Chavez et bolivien Evo Morales qui viennent d'expulser les représentants de Washington de leur pays. L'Unasur participera aussi à une commission d'enquête sur les violences qui ont fait au moins 18 morts et une centaine de blessés à Pando, une région du nord de la Bolivie. Sept chefs d'Etat de l'Unasur et le secrétaire général de l'Organisation des Etats américains (OEA) José Miguel Insulza participaient à la réunion à portes fermées, qui avait commencé vers 22H00 HT au palais présidentiel de La Moneda. La mission à La Paz peut se faire conjointement avec l'OEA, "pour discuter avec tous les secteurs" en conflit en Bolivie, a-t-il déclaré. A son arrivée à Santiago, le président vénézuélien Hugo Chavez a réaffirmé que la crise bolivienne était due à "une conspiration internationale dirigée par l'empire américain". En signe d'apaisement, les gouverneurs des provinces rebelles boliviennes ont annoncé la suspension des manifestations et des blocages routiers. Ces gouverneurs s'opposent à M. Morales, dont le mandat a pourtant été largement confirmé en août par un référendum avec près de 68% des suffrages, et rejettent son projet de Constitution qu'ils jugent trop étatiste et centralisé. Les plus proches alliés du gouvernement bolivien de gauche, M. Chavez et l'Equatorien Rafael Correa, ont répondu à l'appel de la réunion, lancé samedi par Mme Bachelet, mais aussi le Brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, le Colombien Alvaro Uribe, l'Argentine Cristina Kirchner, le Paraguayen Fernando Lugo et l'Uruguayen Tabare Vazquez.