Une vaste opération de contrôle économique a été menée, dans la nuit de jeudi 18 septembre, par la direction du contrôle économique du ministère du commerce et de l'artisanat, dans les cafés, salons de thé et établissements de loisirs similaires du Grand Tunis, avec la participation de 33 brigades économiques accompagnées de plusieurs journalistes de la presse nationale. Plus de 100 agents et d'importants moyens logistiques ont été mobilisés afin d'assurer le succès à l'intervention, la troisième du genre en moins d'une semaine, organisée à l'occasion de la mi-Ramadan, mais, à une échelle plus grande, tant le secteur avait besoin d'un véritable coup de semonce pour être assaini et épuré de ses mauvaises habitudes d'abuser, sans limites, des clients constitués en majorité de familles.
Des fraudes systématiques Les cafés et espaces de loisirs ciblés sont ces établissements d'un certain standing, au niveau de l'infrastructure et des prestations, qui bénéficient de dérogations spéciales en matière de liberté de prix, de nature à compenser les importants investissements qu'ils ont nécessités. Ces établissements sont devenus un créneau très lucratif et se multiplient un peu partout, à Tunis et dans les autres grandes villes du pays, après avoir été confiné dans les grands centres commerciaux et les cités résidentielles ''huppées'' de la Capitale comme les Berges du Lac, El Menzah, les cités El Manar et Ennasr, outre la ville de Tunis, proprement dite. Présentant les objectifs de l'opération aux agents du contrôle économique et aux journalistes, MM. Khalifa Tounekti, directeur général des recherches économiques et Ali Gharbi, directeur du contrôle économique, se sont faits les interprètes de la déception générale des citoyens face aux pratiques frauduleuses de ces cafés et salons de thé censés réserver à leurs sérieux clients un traitement à la mesure du standing dont ils prétendent se réclamer. Notant, avec satisfaction, que le mois de Ramadan de cette année a enregistré une baisse dans l'indice des prix, pour la première fois en Tunisie, Mr Tounekti a qualifié d'inacceptable que des cafés et salons de thé fréquentés par des familles tunisiennes à revenus moyens se permettent de servir la tasse de café à 4 dinars et cherchent à exploiter le consommateur, en le piégeant, frauduleusement, par tous les moyens. Outre l'augmentation excessive des prix, les établissements signalés s'abstiennent, délibérément, d'informer les clients, à l'avance, des prix appliqués, comme l'exige le règlement. Nous avons pu le constater, à la suite du contrôle effectué par la brigade économique que nous avons eu à accompagner, dans le premier café visité, sis à l'avenue de la liberté, à Tunis et qui bénéficie d'une dérogation spéciale l'autorisant à appliquer des prix plus élevés que les prix homologués appliqués dans les cafés ordinaires. Trois infractions majeures ont été enregistrées. Les prix n'étaient pas affichés dans la terrasse, comme l'exigent le règlement. Le Café ne dispose pas de thé prêt à être servi aux clients sous prétexte que ''le préparateur y a mis du sel au lieu du sucre'' et enfin, lors du paiement de la consommation, le serveur n'a pas manqué de majorer, frauduleusement, les prix des boissons. '' Vous avez là un échantillon éloquent des pratiques frauduleuses systématiques auxquelles recourent ces établissements, nous a déclaré l'agent du contrôle économique, après avoir, dûment, dressé le procès verbal. Les amendes peuvent atteindre trois mille dinars, mais l'étonnant est que le gérant du café signalé est un récidiviste. Apparemment, ces établissements ne font pas grand cas des sanctions financières qui leur sont infligées parce qu'ils savent les amortir facilement au moyen des fraudes.
Un esprit maladivement fertile Dans la logique de ces cafés et salons de thé, en effet, tous les artifices sont bons pour abuser les clients et leur extorquer illégalement de l'argent. Les artifices les plus connus du public sont le refus de vente et la vente conditionnée. Ces cafés et salons de thé refusent, ainsi, de vendre du café noir et du thé dont les prix ne peuvent pas être excessivement majorés, afin d'obliger le client à demander des articles qu'ils peuvent vendre à des prix excessifs, le plus souvent, sous d'autres appellations tape à l'œil, comme les glaces et les cocktails de jus. Certains proposent un soi- disant ''spécial ramadan'' composé d'un semblant de jus et d'un morceau de gâteau des plus ordinaires, à des prix élevés, alors que le règlement exige la vente des boissons et des articles séparément. D'autres établissements abusent leurs clients en montant des spectacles bidon dont ils se servent comme prétexte pour augmenter les prix et réclamer, illégalement, un droit d'entrée. L'organisation de vrais spectacles autorise l'établissement à réclamer des suppléments en majorant les prix, mais à condition d'informer, à l'avance, les clients. Enfin, ces cafés et salons de thé usent de publicité mensongère sur les services qu'ils fournissent, sous diverses formes, en vue d'induire les clients en erreur. Aussi, au cours des opérations de contrôle menées le 11 et le 17 septembre, à une échelle moins vaste, dans des cafés et salons de thé situés, notamment, dans les grands centres et cités résidentielles du Lac, El Menzah, El Manar et Ennasr, les brigades économiques ont pu relever 84 infractions sur 164 visites effectuées, couvrant toutes les formes d'infractions signalées, avec en tête l'augmentation excessive des prix et le non affichage des prix.