Un peu partout poussent de nouveaux lycées, essentiellement dans les gros villages qui envoyaient leurs enfants dans les établissements secondaires des villes toutes proches. Et cela posait quelques problèmes de transport, la disponibilité et la mobilisation d'un certain nombre de bus à des heures particulières, l'inexistence d'abris suffisants pour les élèves aux heures de pointes, etc. Le choix d'implanter des lycées modernes, équipés, à proximité de chaque village, presque toujours en dehors de l'agglomération d'ailleurs, résout en partie ces difficultés de transport, mais en soulève d'autres : des élèves qui errent devant l'établissement en cas d'absence de professeur ou d'heure creuse, la proximité des routes à grande circulation, marchands ambulants et marchandises à l'hygiène douteuse, etc.
Un lycée dans un dépotoir !! Au point kilométrique GP 1/307, à trois kilomètres au sud de Mahrès, on construit un nouveau lycée, juste au bord de la route. Les piliers porteurs sortent à peine de terre et sont biens secs. On procède, fin Ramadan, à la mise en place des madriers et de la structure métallique qui vont soutenir le béton de la dalle du premier étage. Mais il y a un hic sérieux : ce lycée est construit au milieu d'une énorme décharge, le dépotoir à ciel ouvert de Mahrès, une bonne dizaine d'hectares, qui va de la GP1 à la mer. Des déchets de toutes sortes, une puanteur tenace. On s'étonne du choix de ce site, d'autant plus que les dépôts sauvages continuent encore, de jour comme de nuit. Il suffit de regarder les volumineux tas de boues grisâtres, encore toutes fraîches, alignés, visibles de la route. D'énormes bassins, creusés à coup de bulldozer, entourés de hauts talus, cachent les milliers d'hectolitres de margine noire que les huileries locales, et elles sont nombreuses dans la région, en payant une petite taxe, ont déversé durant toute la campagne oléicole passée. Payer pour polluer. Légalement. Et on sait les ravages que cette margine fait au sol. Les experts du Ministère de la Santé et de l'Environnement ont-ils été consultés ?? Faut-il simplement construire, hors ville, avec tous les problèmes de transport que cela implique, les mouvements des élèves sur une route nationale, pour ne pas tenir compte, à long terme, des risques quotidiens de tous ces déplacements à vélo ou à vélomoteur? On va nous rétorquer que le site est définitivement fermé aujourd'hui, qu'un centre de transfert des déchets ménagers est en activité, et que normalement, sur le papier, la décharge n'existe plus !! Oui, mais il faut dire aussi que ce centre ne fonctionne que depuis quatre ou cinq mois, et qu'en si peu de temps, la toxicité de cette monstrueuse décharge, vieille de dizaines d'années, ne peut pas s'éliminer en si peu de temps. Tous les produits contaminés et dangereux ( métaux, produits chimiques divers, déchets hospitaliers, cadavres d'animaux décomposés, matières corrosives, pneus usagés, rejets d'usines, etc ) ne vont pas disparaître du jour au lendemain. La toxicité qui imprègne la terre depuis des années ne s'évapore pas le seul fait d'un arrêté municipal !! Et ce serait plus qu'une tromperie que de vouloir camoufler le tout avec quelques tonnes de terre remuée. La pollution n'est pas seulement ce qui est visible....On n'élimine pas cette pollution accumulée ainsi, on ne ferait que la soustraire au regard, comme le font toutes ces usines de bord de route, qui construisent un simple muret autour de leurs rejets. Les exemples sont nombreux tout au long de la RN1. On imagine mal les jeunes lycéens étudier dans des conditions aberrantes : non seulement le lycée est sur le site d'un dépotoir, mais de plus, ce fameux centre de transfert des déchets ménagers est à cinquante mètres de l'enceinte du futur établissement. Les élèves vivraient donc, chaque jour, du matin au soir, avec le bruit des ballets des tracteurs et des camions de ramassage venant déverser leurs chargements d'ordures dans des bennes qui vont les transporter à Graïba, pour y être traitées. On entend déjà le boucan incessant de la danse des poids lourds qui vont faire la ronde à longueur de journée. Va-t-on croire un instant que parce qu'on a construit un centre de transfert, qu'on va faire disparaître du même coup les nuées de mouches, tous les insectes, et les inévitables rats ?? Une interdiction de construire sur l'ensemble du site doit être prise d'urgence. Arrêter immédiatement les travaux, et démolir les piliers qui sortent de terre, quelles que soient les sommes engagées et l'avancement des travaux. Il y va de la santé de centaines de jeunes tunisiens.
Et un lycée dans l'oued !!! Le lycée, construit il y a quelques années déjà, se trouve juste à l'entrée de Mareth, à droite, après le panneau signalétique, au point GP 1/438, à 33 kms au sud de Gabès, au fond de la cuvette de l'oued. Comble de dérision, il est entouré de talus de terre pour le protéger !!!. Il est là absolument contre toute logique. Tout autour, toutes les maisons, aussi bien les anciennes que les toutes neuves, occupent les hauteurs, bien loin des abords des rives mêmes !! Là aussi, comme le choix du site à Mahrès, on a l'impression qu'on cherche des terrains qui ne coûtent pas un sou pour ériger des établissements scolaires. Sans voir les conséquences sur les lycéens, les enseignants, les fonctionnaires et les employés. Les gens de la campagne savent bien, que même après des dizaines d'années, en cas de pluies exceptionnelles, un oued dévalera et emportera tout sur son passage, suivant le lit creusé au fil des siècles. Pour avoir une idée sur la puissance de celui où est construit le lycée, il suffit de voir la largeur de cet oued, une bonne centaine de mètres, sinon plus. On ne souhaite pas le pire, jamais, mais le risque zéro n'existe pas. Et en cas d'année pluvieuse, rien ne résistera à l'eau qui déboulera des hauteurs de Toujane et de Matmata. Il faut donc, dès maintenant et très vite, faire ce qu'il faut pour éviter une éventuelle catastrophe.
A Tunis aussi Sous les murs d'une école primaire, à cinquante mètre de la station de métro Bab El Khadhra, un gigantesque tas d'immondices est entreposé sous le mur d'une école primaire. Ce mur est enduit d'une suie tenace sur une bonne dizaine de mètres : en fait, on brûle tous les jours les ordures déposées par les commerçants et les habitants du voisinage. Des volutes de fumées s'élèvent ainsi en permanence. Les tourbillons d'air propulsés par chaque passage de métro, les jours de vent, font voltiger des papiers consumés. L'odeur du plastique brûlé est suffocante. Est-ce une façon de se débarrasser ainsi des déchets ménagers et autres en les brûlant sous les murs d'une école primaire qui devient ainsi, à force, une poubelle permanente, au lieu de tout nettoyer et d'interdire sérieusement le dépôt d'ordures ?? Comment convaincre un élève de la nécessité de ne jamais polluer, de garder un environnement propre, lorsqu'au détour de la première rue, à la sortie de son école, il retrouve quotidiennement ces immondices noirâtres, fumantes ?? N'y a-t-il pas un suivi, un contrôle, des services chargés du nettoyage des rues ?? Comment le directeur de l'établissement en question peut-il tolérer cet état de fait ??