En réaction à l'article intitulé « Islamophobie »paru en «Une», dans notre « langage du Temps », la semaine dernière et signé: Raouf Khalsi, un aimable lecteur, M. Radhouane, nous a fait parvenir la réaction suivante : Bonjour ! Je me permets de vous écrire à propos de l'article « Islamophobie » de M. Raouf Khalsi paru, ce jour, dans votre journal. Je pense qu'il faut comprendre les gens et essayer de se mettre à leur place. Essayer, par exemple, de lire des passages du Coran notamment quelques versets des sourates «Attaouba» "Alanfal" ou «Muhammad » et ça serait mieux de les lire traduits en français ou en anglais. On peut y lire que le Bon Dieu demande à ses croyants de tuer les infidèles, là où on les retrouve, dès que les mois sacrés sont finis. Dans les livres du Hadith et les sourates de notre Prophète, il y a des centaines de passages, qui choquent les non-musulmans et même certains musulmans comme moi. Les Occidentaux lisent beaucoup et s'intéressent à notre religion depuis 2001. Je pense qu'il faut le dire franchement : le problème est dans nos textes et non pas ailleurs. En Tunisie, on nous a toujours enseigné un Islam tolérant et ouvert. Mais il y a un autre Islam enseigné dans les écoles coraniques étrangères du Pakistan, de l'Arabie Saoudite et ailleurs, qui se base, lui, sur une autre partie des textes sacrés. De ces écoles sortent les futurs terroristes. Il est temps pour nous, les Musulmans, de regarder-la réalité en face et $'opérer*'uni mise à niveau1 de notre religion pour pouvoir vivre en paix avec nous mêmes et avec les autres dans ce petit village planétaire. Je pense, ici, à M. Mahmoud Mohamed Taha, intellectuel musulman soudanais, exécuté par le régime de Noumaïri le 18/01/1985, pour ses idées progressistes. Il dit, en gros, qu'il y a deux types de Coran : un Coran Mecquois destiné à tout le monde et un Coran Médinois qui contient la majeure partie de la chariâ et les appels au jihad et qui est destiné à la seule population de Médine du 7ème siècle.
NDLR: L'Islamophobie est autant développée en Occident (et nous savons comment, pourquoi et par qui) et elle est, quelque pan, récurrente dans le monde arabo-musulman. Que font les prédicateurs, sur des chaînes satellitaires un peu trop spécialisées dans le commerce de la foi, si ce n 'est rejeter en bloc et, même, stigmatiser le côté tolérant de l'Islam, et pas uniquement de l'Islam mais de toutes les autres religions révélées. Notre collègue Raouf Khalsi ne s'interroge pas sur le dogme ; il n 'écrit pas en « bon musulman » parce que ses convictions religieuses ne regardent que lui. Mais il rappelle l'instrumentalisationfaite par l'Occident des enjeux autour de l'Islam et n 'invente rien en rappelant que l'Occident a, quand même fait le lit de l'intégrisme... C'est, désormais, un truisme. Remonter jusqu'aux textes, l'essence des textes est chose ardue. Si des égarés, « recrutés » dans le tumulte des crises identitaires arabes et endoctrinés par une lecture exégétique de la Chariâ, dans certaines écoles coraniques, bien sûr, eh bien il faut bien que V Occident fasse un petit effort pour comprendre que ce n'est pas cela l'Islam. Par ailleurs, notre «correspondant » soulève une question importante : faut-il lire le Coran autrement qu 'en arabe ? Nous savons tous que la langue arabe est longtemps restée figée parce qu'onn 'osait pas la développer de peur de toucher à la sacralité du Coran, dont elle fut le véhicule. Il suffit de remonter jus-qu 'au dépit d'llya Abou Madhi et des analyses pointues de Hichem Jâ'iet (La grande discorde)... N'y a-t-il, donc, pas eu une interprétation « sanguinaire » du mot « Djihad » ? Et, d'ailleurs, tout le problème est là. Il ne s'agit pas, à proprement parler de distorsion, comme le fait noter notre aimable « correspondant », entre le « Coran Mecquois » et le Coran Médinois »... Mais d'une sournoise lutte de classe : les « Salafistes des temps modernes » veulent exhumer ces conflits tribaux du 7ème siècle, auxquels le Prophète opposait un modèle de citoyenneté à Médine. Et c'est pour cela que le Salafiste avait été repris, dans un élan de réformisme par Jamaleddine Al Afghani, puis par tous les réformateurs que les dictateurs de tous bords auront vite fait d'anéantir. Nous comprenons justement les autres. Mais nous autres journalistes, sommes tenus de comprendre, d'analyser et d'expliquer... L'article de notre collègue s'inscrit dans cette démarche. Les dérives extrémistes visent autant l'Occident que ce monde qu 'ellesprétendent revaloriser et purifier. Et l'ennui c 'est que les Occidentaux utilisent de plus en plus le mot « Djihad » et de moins en moins le mot « terrorisme ». A la fin de ce mois, une criminelle allemande d'extrême gauche quittera hi prison après vingt-sept ans de détention. Elle faisait partie de cette faction d'extrême gauche ayant semé la terreur en Allemagne, alors que les « Brigades Rouges » en faisaient autant en Italie avec l'assassinat d'Aldo Moro. Laissons de côté l'idéologie et les soubassements religieux: quelle différence entre Brigadistes Rouges, les Baader Meinhof et les sieurs d'Aï Qaïda ?