Mercredi 15 octobre , l'après-midi, dans un lycée secondaire à Ezzahra, alors qu'un prof donnait tranquillement son cours à ses élèves, un jeune adolescent inconnu fit irruption devant la salle de classe et provoqua le prof en lui cherchant noise. D'après les élèves témoins, le prof le supplia de quitter les lieux, mais l'énergumène, pour des raisons obscures, riposta avec violence en s'armant d'une pierre ramassée dans la cour et aussitôt une bagarre farouche se déclencha entre les deux, provoquant un grand remue-ménage parmi les élèves des autres classes. Il s'est avéré par la suite que ce garçon est étranger au lycée : un ancien élève exclu pour limite d'âge suite à une décision prise auparavant à son égard par le Conseil des classes. Ce jour-là, il est revenu sûrement pour un règlement de compte. Une autre agression non moins violente a eu lieu le jour suivant, jeudi 16 octobre, dans un lycée secondaire à Radès: un prof a été insulté et agressé par son élève pour avoir demandé à ce dernier de se défaire de son baladeur (walkman) qu'il utilisait en cours. Un autre acte de violence a été commis, il y a quelques jours à El Mourouj, par un élève ayant pour cible la directrice d'un établissement scolaire. Trois agressions ont été commises dans la même région, alors que l'année scolaire ne fait que débuter ! Tout en dénonçant ces deux actes de violence contre des enseignants sur le lieu de travail, l'on se demande si dorénavant la sécurité du personnel de nos établissements scolaires, corps enseignant ou autre, est en jeu ! D'ailleurs, ces actes de violence de la part de certains élèves sont devenus fréquents ces dernières années. A chaque fois, l'élève agresseur est renvoyé de l'établissement (pas de tous les établissements !) et les collègues de la victime se réunissent pour condamner l'acte, et dans le pire des cas, la victime poursuit son agresseur en justice. Aura-t-on ainsi résolu le problème ? Apparemment non ! C'est que l'agression de profs ou du personnel administratif est devenue monnaie courante chez nous. Chaque jour nous apporte les mauvaises nouvelles de toutes les régions du pays relatant des faits d'agression perpétrés contre des enseignants. A part les conséquences morales subies par l'enseignant agressé et les retombées dégradantes sur son statut dans la société et sur son image parmi ses collègues, ces actes agressifs s'inscrivent dans la lignée de nombreux actes de violence scolaire qui ne cessent de s'accroître d'une année à l'autre. Apporter le soutien moral à ces profs agressés, condamner l'acte en tant que tel, exprimer sa solidarité, sa révolte ou son indignation contre ce phénomène de la violence scolaire, infliger des sanctions aux agresseurs, tout cela est insuffisant : ce n'est qu'un calmant pour un mal qui empire et se généralise. Allez chercher les mobiles de ces actes violents. On vous dira toujours que c'est à cause de l'adolescence, que ces ados souffrent de certains problèmes psychologiques et qu'ils se sentent mal dans leur peau, ce qui les rend un peu trop agressifs et on vous avancera mille autres arguments qui servent plutôt d'excuses atténuantes pour ces actes violents. Les causes étant établies et reconnues par tous, qu'a-t-on, on La présence en permanence d'un psychologue et d'un assistant social dans nos lycées est devenue aujourd'hui primordiale pour l'encadrement de certains adolescents " anormaux ". Le régime disciplinaire en vigueur, déjà dépassé et inefficace, serait-il à l'origine de la recrudescence de la violence dans nos écoles ? Serait-ce la démission des parents ou le désintérêt des élèves pour l'école et les études ? Les jeux vidéos, les films de violence, l'ouverture sur le monde grâce aux chaînes satellites et à l'Internet serait-elle derrière cette culture de violence chez certains adolescents ? Cette prédilection à la violence pour résoudre leurs problèmes peut même un jour amener ces agresseurs à se poser en justiciers au sein de l'institution scolaire en infligeant à leurs victimes (les profs !) le supplice qu'ils "méritent" ! Cette culture de violence n'a pas sa place dans le système éducatif. Il faut plutôt y instaurer une culture de paix, de tolérance et de non-violence.