La veille de son long voyage au sud du pays pour les besoins du travail. "Ben" prépara soigneusement sa valise et alla se coucher tôt, après avoir légèrement soupé. Il n'avait pas regardé son feuilleton préféré à la télé, comme il avait l'habitude de le faire, étant appelé à se réveiller tôt pour être à la gare, suffisamment à l'heure pour le train de sept heures. C'est en effet, l'heure du départ de l'autorail express du sud. Le lendemain, les choses s'étaient passées comme il l'avait souhaité, puisqu'il a eu largement le temps de monter dans le train avec ses bagages et regagner tranquillement la cabine avec couchette qu'il avait pris le soir de réserver bien à l'avance, étant appelé à se reposer, devant passer une grande partie de la nuit dans ce train qui n'arrivera à destination que le lendemain à l'aube. Après avoir placé ses bagages, il se dirigea vers le compartiment buffet pour prendre un grand crème bien chaud avec un bon croissant. Alors qu'il était en train de lire le quotidien du jour, distribué gracieusement par la compagnie, un autre monsieur est venu s'attabler à côté de lui. Très vite, il reconnut en lui l'ami qu'il n'avait pas vu depuis longtemps. Enfin, depuis exactement cinq ans. En fait c'était un ami avec lequel il s'était associé, pour exercer l'activité de représentation et de vente de matériels agricoles. Malheureusement un litige concernant la gestion de cette société les obligea à se séparer. Cependant, cet ami s'était engagé à lui payer une certaine somme en signant des effets de commerce restés toutefois impayés. " Ben " avait à un moment donné intenté une procédure en justice qui s'avéra infructueuse, cet ami ayant à un moment donné quitté le territoire et les exploits d'huissier ne pouvaient de ce fait lui parvenir en personne. Après une petite hésitation, et cet ami faisant semblant de ne l'avoir pas bien reconnu, il alla le saluer chaleureusement avec des accolades, des embrassades et des salamalecs à n'en plus finir. "Comment vas-tu ? lui dit-il, j'ai appris que tu as retrouvé du travail et que tu as assez bien repris.. c'est ce qu'il faut. Il faut bien te ressaisir" ! -Oui, comme tu dis, tout a une fin. Maintenant je fais le représentant pour le compte d'une société, et ma femme travaille dans l'habillement, le prêt à porter pour dames. Voilà ma carte de visite". -C'est bien, je suis content pour toi. Tu sais, ce qui s'est passé entre nous, ça fait partie du passé. L'essentiel c'est la santé, et je vois que tu te portes bien, Dieu merci. Au fait, si je comprends bien on va vers la même destination". -"En effet. Au fait, dans quelle cabine es-tu" ? -"Cabine 13" -Qu'elle heureuse coïncidence nous sommes dans la même cabine. Moi j'ai la couchette n°1". -"Moi c'est le n°2. C'est la couchette du dessus. Ça alors ! on se serait donné rendez-vous qu'on ne se rencontrerait peut-être pas !". La discussion entre les deux amis fut plutôt chaleureuse. Ils prirent le déjeuner ensemble et jouèrent quelques parties de rami. Le soir il regagnèrent la même cabine. " Ben " qui était frêle et menu a eu des appréhensions, craignant que son ami costaud et bien taillé ne l'écrase en tombant sur lui, si par malheur la couchette du dessus cédait. Il révéla sa pensée à son ami qui éclata de rire. "Que veux-tu ? on fait l'échange ? Bon tu va au-dessus et je prends la couchette du dessous". -"Oui, s'il te plait. Comme ça même si ma couchette cédait et que je tombais sur toi, je ne te ferai pas de mal vu mon gabarit, et puis je serai bien amorti". Après avoir ri jusqu'aux larmes, chacun d'eux regagna sa couchette. Le train continuait à rouler à vive allure. " Ben ", eut du mal à dormir, à cause des ronflements de son ami du dessous, mais finit par se laisser emporter par le sommeil après avoir plusieurs fois compté les moutons. Le lendemain par contre, il fut réveillé par les appels du contrôleur. "Monsieur réveillez-vous s'il vous plait". Il ouvrit difficilement les yeux, mais les referma aussitôt, croyant à un cauchemar lorsqu'il vit plusieurs personnes en uniforme devant sa couchette. Il ouvrit les yeux une deuxième fois et les referma encore. Mais il sursauta à l'appel du contrôleur qui lui intimait presque, l'ordre de se réveiller. Il se mit debout et remarqua que son ami du dessous était plutôt inanimé. "Mais que se passe-t-il ?" Votre billet et vos papiers s'il vous plaît !" lui dit sèchement un agent de police. Le train était arrêté, et " Ben " ne reconnut pas l'endroit où il se trouvait. "Mais où sommes-nous" ? dit-il "Prenez vos bagages et suivez-moi s'il vous plait". " Ben " était atterré. Il suivait tous ces gens en informe sans savoir exactement ce qui se passait. Il entra sur leur ordre, dans le poste de police de la gare. On lui demanda, sa ceinture, ses lacets, sa montre et sa bague de fiançailles, qui ne l'a jamais quitté, et on le plaça dans une pièce qu'on ferma à double tour. Il comprit qu'il était en garde à vue, mais ne savait pas exactement pour quelle raison. Une heure après, un policier en civil, vint l'interroger pour une première déposition, et c'est là qu'il apprit que son ami avait été tué. La valise de celui-ci qui contenait de l'argent et des documents importants, avait disparu. Comme il s'avéra être un ancien ami de la victime et avec laquelle, il avait des litiges il fut accusé de l'avoir tuée. D'autant plus, qu'il était le dernier à l'avoir accompagnée à la cabine où il avait également sa couchette. Des témoins avaient entendu au milieu de la nuit dans la cabine une discussion houleuse. Cependant " Ben " déclara ne s'être pas aperçu de cette discussion et qu'il avait passé la nuit à dormir. Et puis quel intérêt avait-il à tuer la victime ? Etait-ce pour subtiliser les documents que contenait cette valise qui a disparu cependant ? Le mystère était entier. Car l'accusation de " Ben " n'a jamais pu être établie d'une manière tangible. C'était la raison pour laquelle il bénéficia d'un non lieu. Mais qui avait intérêt à assassiner la victime ?