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Erreurs médicales et fautes humaines
Tribune
Publié dans Le Temps le 27 - 11 - 2008

C'est un sujet très important mais dont on parle peu. Ce qui me dérange, c'est que je ne sais pas trop comment l'aborder. Il y a tellement à dire à ce propos.
En plus, en abordant cette question, je dois éviter le « raz-de-marée » de critiques, de rage et d'émotion qui accompagne souvent les sujets délicats. Donc, comme disait Dr Gawande « Il faut utiliser un ton de confidence pour faire passer le message sur une dure réalité ». Ce que je voudrais bien éviter c'est l'idée des médecins contre les patients et vice versa, d'ailleurs, cela ne mène nulle part, ça ne règle aucun problème et on n'a pas besoin de conflits supplémentaires.

La faute est humaine
Le système de santé repose sur les épaules des professionnels et nombre d'entre eux sont soumis à de pénibles situations stressantes, à des difficultés, à des pressions des patients, à de manque de reconnaissance et de temps...etc. C'est un système vertigineux, qu'est le leur, qui demande une charge sans cesse élevée, plus d'énergie pour accompagner les changements et faire un saut qualitatif indispensable.
Avec le temps, ils sentent un épuisement personnel par carbonisation professionnelle (LE BURN-OUT), alors se met en place une sorte de léthargie, d'anesthésié qui fait d'eux des robots parfois incapables d'imaginer leur vie. Mais la sagesse populaire et le patient ne veulent pas avoir affaire à des robots, ils veulent des humains, et comme tous les communs des mortels, ces humains commettent des erreurs, l'ERREUR EST HUMAINE mais parfois désastreuse, tragique. Le meilleur remède demeure une bonne communication entre le patient et son médecin.
Par « erreurs », je ne parle pas des problèmes qui peuvent survenir lors d'un déroulement des soins et qui ont diverses causes tels que : les effets secondaires d'un médicament, la complication d'une maladie, la complication d'une chirurgie ou les difficultés diagnostiques.
Il faut bien faire attention quant à l'utilisation du mot (erreurs médicales) qui est souvent utilisé comme un ample (fourre-tout). Employé à tort et à travers le mot « erreur » cache la réalité bien plus qu'il ne la révèle, et ça peut nuire à tout le monde. Chaque fois qu'un patient meurt de manière inattendue, on parle « d'erreur », or tout dénouement inattendu n'est pas forcément une erreur. Cependant, l'erreur la vraie, l'indéniable existe, certes, et les négligences existent et doivent être pourchassées et sanctionnées.
Les médecins négligents pullulent les hôpitaux et les cliniques : un chirurgien qui a oublié un instrument en métal dans l'abdomen du patient. L'autre chirurgien qui a biopsié le mauvais sein d'une patiente. Un autre qui oublie une étape cruciale lors d'un remplacement d'une valve, le médecin qui a négligé en toute connaissance de cause un symptôme cardinal rapporté par un patient et j'en passe...(Personnellement, j'ai failli perdre mon bébé si ce n'est l'intervention pertinente du Dr .H, le pédiatre qui a pu éviter la catastrophe). Pauvres pédiatres ! On leur jette quelque « kilos d'humanité brisée » et c'est à eux de se débrouiller, de subir les négligences de leurs confrères et de faire surtout des miracles. Dans le domaine de la gynécologie, ils se passent des choses tellement graves ce qui pousse à ranger humblement notre optimisme inconscient au vestiaire des inepties.

Justice et indemnisation
Les erreurs médicales constituent, aujourd'hui, une préoccupation pour tous, donc il est opportun d'instaurer un vrai régime d'indemnisation des victimes d'erreurs médicales. Il devrait y avoir un fond d'aide pour l'indemnisation des victimes des erreurs mais aussi des infections médicales et autres problèmes reliés aux hôpitaux et aux différentes structures médicales. (Ceci peut mettre en cause le principe même de la nouvelle réforme, de l'accès aux soins, de la liberté de choix des médecins et la possibilité de se défendre contre les erreurs médicales).
Ne croyez surtout pas que les médecins sont tout puissants et que le corporatisme au sein du monde médical vous empêchera d'établir la faute de celui qui a manqué à ses obligations personnelles. Ne croyez pas non plus que la faute médicale soit autorisée. Bien évidemment, tous ne sont pas négligents et incompétents, mais il est temps de faire le ménage. Le Conseil devrait le faire et assurer cette mission pour le bien de tous. L'Ordre des médecins doit donner « un coup de javel » sur les blouses blanches, il doit défendre les principes de moralité, de probité, de compétence et de dévouement indispensables à l'exercice de la médecine (sans sanctions symboliques ni coup de théâtre), parce que parfois le médecin est relaxé et la victime, elle n'a qu'un seul droit : celui de se taire.
Au fait, il y a lieu de s'interroger, peut-on vraiment parler d'une récurrence des poursuites judiciaires contre des médecins et d'autres agents du domaine, si l'on considère le nombre de dégâts causés heure par heure et jour par jour par ces praticiens ? Et le patient dans tout ça ? C'est une question qui n'est pas inhérente à la Tunisie.

Ticket vers l'enfer
Quand on accepte une opération proposée par un spécialiste, on ne se doute point qu'on venait de prendre un billet pour l'enfer. Combien de fois, par des bistouris maladroits, inexpérimentés, par de procédés anachroniques, nombre de patients ont rejoint leur dernière demeure ? Combien sont-ils dans le monde les concitoyens assassinés par la négligence, l'irresponsabilité, et la hâte de terminer un travail mal commencé (pour aller dans d'autres structures de santé) ? Nul ne saurait le dire. Combien sont-ils les parents de patients morts et qui ne se sont jamais résignés, alors que les leurs ont été arrachés par une simple et banale négligence ? Combien de colère contre eux-mêmes, contre ces erreurs qui ont chamboulé leur vie, contre les personnes qui ont contribué à créer les circonstances de leur désastre. Colère contre une partie du corps médical, sa déshumanisation, son manque d'écoute, ses erreurs, ses incompétences, son manque d'accompagnement, son indifférence, la jurisprudence mondiale en desserte longuement. Colère contre la douleur, qui n'est apaisée par moments que par des produits dérivés de la « morphine » ou de « l'opium » avec les effets secondaires qui en découlent.
Les négligences dans l'exercice des fonctions médicales est une palissade de nos jours que seule la justice peut réprimander.

Médecine défensive
Justice d'accord mais voyons un peu le revers de la médaille. Un système de poursuites judiciaires bien défini, qui défend le patient et condamne l'erreur oblige-t-il les professionnels à être ultra- consciencieux ? Peut-être, ils le seront, mais seulement par peur et pour se protéger légalement. L'atmosphère de peur contaminera tout le milieu et la profession, et tout le monde aurait accusé tout le monde. Cette crainte de poursuite pourrait miner le climat de travail et conditionnerait la relation médecin /patient (ce que je voulais éviter dès le début). Les soins ne seront plus axés sur le patient, mais sur comment éviter les poursuites. On prescrit un examen non pas pour le bien du malade, mais pour se protéger au cas ou ......et au cas ou la situation se cochonne, pas de problèmes, tous les examens imaginables et inimaginables sont là. La médecine ne sera plus pratiquée comme un « Art », mais comme un « Acte légal ». Et, le patient dans tout ça ?
Il passe après ? D'ailleurs, dans ce cas, il ne sera plus un « patient » mais un « client » qui va voir son prestataire de service !! Et, Je crois que ce n'est pas la raison pour laquelle la médecine a été inventée !.

Tant qu'il y a la vie
Je remercie tous les médecins compétents (et qui sont majoritaires), et j'affiche ma gratitude et ma reconnaissance envers leur disponibilité et leur humanité qui a permis à beaucoup de prolonger leur vie dans les meilleures conditions possibles. La médecine n'a cessé de progresser, mais ce serait plutôt les techniques mises en œuvre par la recherche, par les laboratoires...plutôt que la médecine proprement dite, le vrai progrès viendra sans doute le jour où ces médecins négligents s'apercevront qu'ils ont affaire à des humains, qui ne doivent pas finir en « légumes » pour que ces derniers puissent les « cultiver ».
Au risque de me répéter, je persiste à penser que chez nous, les médecins consciencieux, compétents, qualifiés, attentifs et respectueux et grande majorité existent et ils seront toujours là pour donner l'exemple car ils sont ceux qui ont gardé une valeur majeure de leur exercice : la disponibilité.
Je dirais aux autres qu'il est temps de revenir à l'ordre des choses, qu'il est temps d'aimer la vie et les hommes comme ils sont, tout en mettant sa pierre à l'amélioration de nos systèmes et de nos conditions de vie afin de laisser un petit « mieux » aux générations suivantes. La vôtre est une noble profession. Merci de vous rattraper car il n'est jamais trop tard.


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